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Publié par blog813

Naissance d'un festival

Du 4 au 7 février dernier naissait un nouveau festival à Fleury-sur-Orne commune proche de Caen, dans le Calvados.

Cela faisait déjà plus d'un mois que le blog et la liste 813 recevaient des informations précises et nombreuses sur la manifestation.

Elles ont donné l'envie d'en savoir plus. Comment naît un festival comme celui-ci, face à des grandes villes organisatrices (Lyon, Toulouse, Paris...) ?

Qu'est-ce qui fait que ça "marche" ?

Nous avons interrogé Perrine Savary, coordonnatrice et grande communicante du projet.

Bonjour Perrine, pouvez-vous rapidement vous présenter :

Je suis responsable de la bibliothèque de Fleury-sur-Orne depuis 6 ans, coordinatrice du festival et dévoreuse de polar (pas assez à mon goût mais je n’arrive pas à trouver le temps !)

Vous êtes bibliothécaire, est-ce la forte proportion de lecteurs de polars qui vous a donné l'idée de vous lancer dans l'expérience d'un festival consacré au genre ? Est-ce plutôt par goût personnel ? En fait comment a germé cette idée ?

En fait l’idée d’organiser une manifestation littéraire ne vient pas de moi, c’est le maire Marc Lecerf qui a souhaité que la commune se lance. Il m’en a confié la coordination. En premier lieu nous avons dressé le bilan de ce qui existait en matière de salons dans la région et nous avons constaté que la Basse Normandie était très prolifique ! C’est donc apparu comme une évidence qu’il nous fallait organiser quelque chose qui n’existait pas forcément.

L’idée du polar est venue du constat que peu de salons s’y consacraient totalement dans la région, et que c’était un genre populaire. Nous ne voulions surtout pas organiser un évènement élitiste et nous avons donc décidé d’axer notre programme autour des échanges avec les auteurs. Or les auteurs du noir sont très abordables, sympathiques et détendus (à quelques exceptions près comme toujours !)

Enfin le polar se prête bien au mélange des genres et est tellement riche qu’il peut plaire à de nombreux publics différents. De quoi nous inspirer !

 

Pourquoi Fleury-sur-Orne ? C'est une banlieue de Caen, pourquoi pas directement à Caen-même ? Question de municipalité ?


Bloody Fleury est un évènement municipal porté par Fleury-sur-Orne, impliquant des acteurs du territoire bien sûr, mais avec pour ambition malgré sa petite taille (4800 habitants) de rayonner au niveau de la région et pourquoi pas devenir un jour une des références en matière de salon consacré au polar !

Nous souhaitions démontrer que la taille de la ville n’influe pas forcément sur la qualité de la manifestation. De plus je suis personnellement convaincue qu’un petit festival favorise plus les rencontres avec les auteurs que les grands salons comme celui de Paris ou de Caen.

Bloody Fleury est une première édition, depuis combien de temps travaillez-vous dessus ?

Cela fait maintenant quatre ans que le maire a émis le souhait d’un évènement littéraire, et un an et demi que nous sommes sur l’organisation de cette édition.

Comment s’est constituée l'équipe ?

Dans l’équipe souche il y avait l’équipe de la bibliothèque et des élus. Nous avons rapidement sollicité l’ensemble des structures fleurysiennes avec qui nous avons l’habitude de travailler (centre d’animation, centre socioculturel, écoles …) et nous avons fait appel à des bénévoles. Et puis il y a eu une rencontre magique, celle de Sophie Peugnez de Zonelivre qui a tout de suite cru au projet et s’y est investie à 200%. Enfin nous avons rencontré Caroline De Benedetti de Fondu au Noir en cherchant des animations pour le festival, elle nous a beaucoup aidés à choisir et contacter les auteurs.

    

Est-il possible de monter une telle opération sans aide financière ou administrative ? De quelles aides avez-vous bénéficié ?

 
Sincèrement sans aide non. Nous avons bénéficié du soutien d’institutions comme la DRAC, le département du Calvados ou le Centre Régional des Lettres. Soutien non seulement financier mais aussi en terme de conseils et de ressources professionnelles. Pour nous c’était capital de pouvoir s’appuyer sur des techniciens qui pouvaient nous guider, même si nous sommes déjà du milieu du livre grâce à la bibliothèque.

Ensuite nous avons fait appel à du mécénat, ce qui était une démarche toute nouvelle pour notre commune. Sans eux nous n’aurions absolument pas pu réussir à proposer autant d’auteurs (que nous avons tous rémunérés) et autant d’animations. J’ai été très surprise de leur enthousiasme ! Je pensais que ce serait beaucoup plus difficile et que le milieu culturel était moins attractif que le milieu sportif.

Enfin en tant qu’évènement municipal nous avons pu compter sur les différents services de la mairie et leurs savoirs faire (technique, communication, comptabilité ...) Le fait de pouvoir travailler avec Yoann Châtelain le graphiste de la ville par exemple a été déterminant dans nos possibilités de communication !

  

Les auteurs ? Vous avez écrit qu'une autre ville qui avait son festival polar le même jour vous en avait pris pas mal... Existe-t-il une compétition entre les différents salons ?

J’ai plaisanté sur le sujet car nous avions décidé de positionner l’évènement en février pour ne pas être en concurrence avec d’autres salons. Malheureusement j’avais raté Niort ! Je ne dis pas qu’ils m’ont « pris » mes auteurs mais j’ai eu quelques couacs d’agendas avec deux auteurs que nous avions invités et qui ont dû annuler leurs venues. Et plusieurs autres que nous aurions aimé inviter étaient eux aussi déjà prévus là-bas. Mais cela ne nous a pas empêché de recevoir une vingtaine d’auteurs et plusieurs de ceux qui n’ont pas pu être là cette année ont bien l’intention de venir, ce n’est que partie remise ! D’ailleurs j’aimerai beaucoup échanger avec les organisateurs de Regards Noirs afin de nous synchroniser et pourquoi pas mutualiser certaines choses ! 

Vos moments forts du festival

Il y en a eu tellement …

J’ai été très émue par les rencontres scolaires et la remise du prix des jeunes lecteurs. Les enfants ont vécu à 200% l’évènement et étaient tellement heureux ! Nous avons vu des familles que nous ne rencontrons pas à la bibliothèque venir au festival, et j’étais vraiment fière d’avoir pu leur donner envie de lire !

La lecture musicale avec la Fabrique à Brac et l’École des Parents et des Éducateurs a été elle aussi très riche en émotion. Avec le centre socioculturel, ils ont collecté les histoires étranges de la commune et les ont mises en musique. Le résultat a beaucoup plu aux habitants !

 

C’était aussi la première séance de dédicace de Benoît Minville avec Rural Noir (que nous avions en avant-première !) Il a tout vendu en vingt minutes !

         

Caroline de Benedetti (Fondu au noir) et Benoit Minville

 

 

Enfin les séances photos avec Les Pictos avaient pour moi une saveur toute particulière ! J’aime beaucoup leur travail et les avoir sur place et pouvoir être immortalisée à mon tour c’était magique ! Ils ont aussi pu photographier plusieurs auteurs pour la première fois et j’en suis très fière !

 

 

Les festivals sont le plus souvent le lieu où l'on découvre des personnes derrière les auteurs, où les échanges se font plus facilement, autour d'un verre ou d'un repas. Quelles rencontres vous ont marquée ?

Je suis surtout très frustrée en fait, j’ai tellement couru dans tous les sens que j’ai l’impression d’avoir tout raté et de ne pas avoir assez profité des auteurs présents. C’était cependant génial de revoir Aurélien Masson, Ingrid Desjours et Séverine Vidal que j’avais déjà eu la chance de rencontrer. J’ai adoré l’équipe de dingues composées des Pictos, des docteurs polar et de Dominique Forma, et j’ai beaucoup aimé débattre sur le dernier Star Wars avec Samuel Delage, Guillaume Lebeau et Niko Tackian ! J’ai trouvé tous les auteurs adorables, on avait vraiment l’impression qu’ils étaient heureux d’être là et si je pouvais je les réinviterais tous l’année prochaine ! (mais on va tâcher de se renouveler quand même !)

       

Dominique Forma

 

Y a-t-il certaines choses qui n'ont pas fonctionné comme vous l'auriez souhaité ?

Logistiquement l’espace était finalement trop petit. Il y a eu une tempête, le vent nous a obligés à démonter les chapiteaux prévus initialement pour l’exposition du coup on était un peu à l’étroit, et je ne pensais pas avoir autant de monde !

Sinon, quelques retards mais rien de dramatique (même Michel Montheillet qui a généralement la guigne était à l’heure !). Tout s’est très bien passé !

Prête à recommencer l'an prochain ?

À l’origine nous étions partis pour une biennale, mais je crois qu’on est obligé de remettre ça plus vite que prévu oui ! Nous avons déjà beaucoup d’idées de thématiques, il ne reste plus qu’à réfléchir à la logistique et repartir de plus belle !

 

Merci Perrine Savary et longue vie à Bloody Fleury

 

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J
Bravo pour cette belle énergie !
Répondre
B
J'avais oublié : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.1539374196356038.1073741833.1465247750435350&type=3
B
Merci madame Jeanne, finalement les gros festivals communiquent beaucoup et déclenchent de véritables machines de communication, toute l'année.<br /> Ce qui nous a intéressé pour ce 1er salon était de voir du côté des petits, de ceux qui, passionnés par le genre, vont tout mettre en œuvre pour faire aboutir leur projet. Ici, un travail de mécénat d'économie participative. Et ça marche, dans un (trop) petit lieu, une modeste commune, la foule était au rendez-vous. Il suffit, pour s'en convaincre, de jeter un œil sur l'album photo de la manifestation. Vivent les Petits qui n'ont Pas Peur des Gros (les PPPG) et longue vie à tous les festivals ! Le Facteur