[le billet] Comme au cinéma

Il y a le Hollywood du haut de l’affiche et l’affiche du Powerty Row (allée de la pauvreté).

C’est pour eux que je travaille. J’arpente les états du sud pour vendre du cinéma de troisième catégorie. J’arrive chez les péquenots de l’Arkansas.

La première barrière, c’est le révérend Henshaw, un croyant pur et dur.

Sa femme, Amberly, me plait. Elle m’invite le lendemain. Et voilà qu’une deuxième femme s’approche, celle-là c’est Lucy, l’adjointe du shérif.

Les premiers ébats avec Amberly se font à l’ombre de l’église.

Le pasteur est absent et aveugle. La guerre l’a blessé.

De retour à L.A. j’apprends que le monde du cinéma est accusé de communisme.

Je sais que je retournerai en Arkansas, Amberly me manque.

— Tu as sali ma femme, m’assène le pasteur. Tu dois la tuer devant l’autel.

Quelques jours plus tard, le temps est épouvantable et le pasteur va quand même à la pêche. C’est là que le drame se produit. Tout le monde croit à un accident.

Je joue leur jeu et la prière me sauve.

Me voilà entre deux femmes, chacune a un intérêt à me garder.

Alors, direction Hollywood, la ville de tous les péchés. Amberly m’accompagne avec son rêve de cinéma.

Il est facile de se perdre dans le désert du Texas. Je rentre à L.A. mon appartement n’est pas vide. Retour dans l’Arkansas.

Deux hommes annoncent au shérif, “On a retrouvé Amberly.”

En prison, on me rase le crâne.

Je vous l’ai pas dit, mon nom c’est Billie Dixon. Mon père voulait pour sa fille un prénom de garçon.

Pas de raisons pour ces deux meurtres. Billie fait l’actrice. Le film est bon. La fin est dramatique. Les pros auraient fait mieux. La série B lui tombe sur la tête.

On est en 1947, l’Amérique est-elle prête à accepter l’homosexualité féminine ? Sans doute pas. 70 ans après, la question est toujours présente.

En tout cas, excellent scénario de Jake Hinkson.

A-t-on jamais vu un roman avec une histoire pareille ?

Sans lendemain ; Jake Hinkson ; Ed . Gallmeister, février 2018.

#Le billet de Patrice Lebrun