[le billet] Pagan, le retour

Un coup de foudre, des coups de feu.

Meunier, dit “ducon”, se contente de sa machine à écrire, les électriques c’est pour ceux d’en haut. On est le 31/12/79.

Pour “l’usine”, c’est Schneider qui commande avec Catala dit “Charlie”, dans l'ombre. Pour l’instant, ils sont dans le trafic de voitures volées. C’est vrai qu’elles sont confortables, ces américaines !

Stern, le big chef, abuse de la bouteille et insulte son équipe. Le 31 décembre prend fin et chacun va vivre sa fin du monde. Meunier prend six balles. Sa femme est juge. On s’agite. Tom a le bras long et Cheroquee, l’infirmière, fait double emploi, Francky est sur la sellette.

Tous de se croiser, de se marcher dessus. En 79/80, on fume encore dans les bureaux, pas d’ordi, de portable, les conversations sont souvent courtes, “Y’a machin qui a appelé”...

Ceux qui sont en bleu marine, on les surnomme les “gardiens de lapins”.

Une bavure remet tout le monde en place. Schneider l’ouvre un peu trop et la hiérarchie le lui fait savoir. ”En tant qu’OPJ, vous êtes n’importe qui, en tant homme vous n’êtes personne”. Il s’en fout, même que ça le renforce dans ses certitudes.

Son équipe fait le poids, il y a de la solidarité.

Schneider et Cheroquee vivent une histoire d’amour difficile. Pour Meunier, on connait le coupable. Une moto et des bottines jaunes, un passé trouble et violent. Tous de tirer sur la corde, tout dépend du poids que l’on fait, juge d’instruction ou avocat, flic de base ou manouche, patron d’une casse auto...

Schneider, lui se souvient de la guerre d’ Algérie, la mort à chaque pas et ça recommence, chacun redevient un soldat.

Pour une fois qu’une histoire d’amour ne se termine pas mal, on ne va pas se priver d’en savoir plus. Pagan est à son aise et l’on sait pourquoi : le “petit” monde de la “maison”. Le flic de tous les jours. Un coup de foudre, des coups de feu. On comprend aussi qu’il a plu aux faiseurs de feuilletons télévisés.

Pagan va en prendre pour 20 ans. Le retour c’est du haut de gamme. Merci à lui.

Profil perdu ; Hugues Pagan ; Ed. Rivages, mars 2017.

#Le billet de Patrice Lebrun