Le Panier de Jeanne et Pierre
Ziennes et Ziens, salut à vous,
Voici revenu le joli temps du printemps et des Trophées. Vous avez procédé à votre sélection pour le trophée 813 du meilleur roman francophone 2022. Ce n'est pas rien, dites... meilleur de l'année... Mais on ne peut pas tout lire, et certains d'entre vous ne savent rien des emballements des autres. Aussi, pour vous aider à découvrir ce qui vous aurait échappé, Pierre Faverolle est allé à la pêche aux avis, et Jeanne Desaubry vous met ça en lumière.
Comme dirait Pierre, l'important c'est de lire, mais Jeanne ajoute... et de choisir. N'oubliez pas : vous n'êtes pas obligé de voter dans toutes les catégories : mais celle-ci est reine, et serait-on Zien sans avoir un avis sur cette question épineuse. : Le Meilleur de l'année écoulée ?
N.B. la couverture du roman de Valentine Imhof placée en "tête de gondole" n'a rien à voir avec un appel à vote : c'est tout simplement la première par ordre alphabétique des sélectionnés.
Le Blues des Phalènes
Valentine Imhof
Rouergue Noir 2022
La vie de chroniqueur n'est faite que de frustrations et de rendez-vous manqués avec des ouvrages qui défraient la chronique et que l'on n'a pourtant pas eu le temps de lire comme ce fut le cas avec Par Les Rafales (Rouergue/Noir 2018) de Valentine Imhof, un premier roman policier dont une partie de l'intrigue se situait à Nancy et qui avait bouleversé bon nombre de critiques. Second roman policier, Zippo (Rouergue/Noir 2019) prenait pour cadre Milwaukee aux Etats-Unis avec une parution beaucoup plus confidentielle mais qui suscitait le même enthousiasme auprès des amateurs. Entre Lorraine, terre d'origine de la romancière, et Etats-Unis où elle a séjourné à plusieurs reprises, Valentine Imhof enseigne désormais le français au lycée de l'île de Saint-Pierre, comme partagée entre deux territoires de prédilection qui s'inscrivent dans ses deux premiers romans.[…]
La suite de la chronique et les autres, à lire sur le blog : mon roman ? noir et bien serré !
Les Derniers Jours des Fauves
Jérôme Leroy
La Manufacture des Livres 2022
Nathalie Séchard, pendant féminin de notre président, préfère l’amour au pouvoir depuis qu’elle a épousé un homme beaucoup plus jeune… En raison de cette différence d’âge, elle a été affublée du surnom de « cougar blonde »… Quelle élégance !
Parce que sa vie personnelle l’emporte sur tout le reste, elle a décidé, onze mois avant l’élection, de ne pas rempiler. Dans les coulisses, les couteaux s’aiguisent pour remporter la magistrature suprême. Et tous les moyens sont bons, la palme des méthodes expresses revenant à un certain Patrick Bauséant, transfuge d’extrême-droite rallié par opportunisme à la présidente mais qui n’a pas abandonné la radicalité de sa jeunesse hantée par les fantômes de l’OAS. Les révélations sur les manipulations pratiquées par les extrémistes donneraient presque raison aux complotistes !
Avec son côté «Houellebecq de gauche », Jérôme Leroy a signé un magistral roman noir qui colle à l’actualité politique et sociale la plus récente avec ses gilets jaunes désespérés, son climat détraqué qui favorise les thèses collapsologiques prédisant la fin du monde et favorisant la propagation de mouvements survivalistes, un certain Covid 19 contre lequel la vaccination est devenue obligatoire ce qui bien évidemment déclenche des cris d’orfraie des opposants au nom de l’atteinte aux libertés.[…]
La suite de la chronique et les autres, à lire sur le blog : Papivore
Dans les brumes de Capelans
Olivier Norek
Editions Michel Lafon 2022
Ah, revoilà enfin Victor Coste, l’enquêteur favori des lecteurs de la trilogie 93… sauf qu’il n’est plus capitaine de police au groupe crime de la SDPJ du 9-3, mais exilé à Saint-Pierre, une petite île française perdue au sud de Terre-Neuve. Ayant voulu mettre fin à sa carrière, totalement brisé, l’homme s’est vu proposé un emploi pépère sous secret défense et vit dorénavant totalement isolé en résidence surveillée dans cet endroit qui a la particularité d’être, chaque année, entièrement englouti par des brumes tellement épaisses que, durant plusieurs jours, l’on ne voit même plus sa propre main lorsque l’on tend le bras.
Pendant ce temps, sur le continent, des jeunes filles sont victimes d’un tueur en série insaisissable, jusqu’au jour où l’une d’entre elles est retrouvée vivante dans le sous-sol d’une maison inhabitée. Etant la seule à pouvoir identifier ce « monstre » qui court toujours, elle intègre le programme de protection des témoins et se retrouve en compagnie du Capitaine Coste dans la « safe house » de Saint-Pierre-et-Miquelon au large du Canada. Ce dernier aura pour mission d’apprivoiser cette jeune femme traumatisée et incapable de parler…
La suite de la chronique et les autres, à lire sur le blog : Sin City
Le Carré des Indigents
Hugues Pagan
Rivages Noirs 2022
Hugues Pagan était encore flic lui-même lorsqu’il créa Schneider, son personnage récurrent présentant suffisamment de points communs avec lui pour que certains y voient, au moins en partie, une sorte de lointain alter ego. Ce nouvel opus nous ramène en 1973, quand, « après un passage par l’armée et la guerre d’Algérie dont il ne s’est pas remis », l’inspecteur principal Schneider choisit de revenir s’enterrer dans sa petite ville de province, plutôt que de faire carrière à Paris. Là, entre certains policiers aux pratiques plus que borderline héritées de leur expérience sous l’Occupation ou pendant la guerre d’Algérie, et une population modestement industrieuse qui subit en silence les crimes dont les autorités se soucient davantage pour des raisons politiques et carriéristes que par réel souci de justice, il tente d’accomplir imperturbablement ses missions.
Elles ne sont à vrai dire en rien spectaculaires et s’enchaînent tristement, au rythme des faits divers marquant le morne quotidien de cette France invisible qui joint laborieusement les deux bouts. Ainsi, Betty, une adolescente de quinze ans dont le projet de devenir institutrice faisait toute la fierté d’un père usé par une vie de labeur ouvrier comme tant de générations avant lui, a disparu entre son domicile et la bibliothèque dont elle revenait en solex. […]
La suite de la chronique et les autres, à lire sur le blog : Les lectures de Canetille
Patrick Pécherot
Pour tout bagage
Gallimard 2022
Ils étaient complices. Il y avait Antoine, Arthur, Paul, Yvon et une fille Sylvie et Chloé sa petite sœur. Arthur se souvient, il raconte. Ce sont des photos qui ravivent les souvenirs d’Arthur et il nous emmène dans les années 1970. Quand on est jeune adulte, c’est le cœur qui parle. Les rêves deviennent facilement espoir et très vite la certitude de pouvoir tout réaliser s’installe. C’est ce qui anime Arthur et ses copains : le fascisme ne passera pas !
Patrick Pécherot installe une fiction habitée par des gens ordinaires comme il sait si bien le faire. J’ai été aussitôt conquis par les portraits profondément humains de ces mousquetaires comme dit Arthur. Il y a eu un drame et on a envie d’en savoir plus. Pauvre Edmond. Et puis il y a ce long récit sur l’enlèvement bien réel à Paris du banquier espagnol Angel Balthazar Suarez en mai 1974. Le GARI est entré en lutte ouverte contre le vieux dictateur Franco. C’est du sérieux, les commissaires Ottavioli du quai des Orfèvres et Broussard entrent en scène. Le lecteur est transporté dans un polar et dans l’Histoire.
La suite de la chronique et les autres, à lire sur le blog : Mille et une feuilles