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Publié par blog813

Chroniques polar de Bernard Daguerre
Si nous mettons ChroniqueS au pluriel c'est que Bernard nous en livre trois ce mois-ci : une sur Soneri le Commissaire de Valerio Varesi, deux autres sur Roxane Bouchard.

Laissons-lui la parole

Bonjour,

 Voici mes chroniques de septembre: 

- Dans Aqui, la dernière enquête du valeureux commissaire Soneri ( ce n’est qu’un début commissaire Soneri, chez Agullo) :
 

 

 - dans Noir Kaolin du mois de septembre : 

les deux romans de Roxane Bouchard parus aux éditions de l'Aube

amitiés

Bernard

- Et on peut  toujours s'abonner à la revue Noir kaolin pour 10 euros;

Ce numéro de septembre comporte entre autres une interview d’Hannelore Cayre, une étude sur l’étatisation de la police au temps du régime de Vichy (dans la toujours passionnante rubrique crime et scine ces soiciales, sans oublier la rubrique sans fin des cameraclosistes,  (de Roland Lacourbe à Edward D. Hoch)

 

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Les deux romans de Roxane Bouchard

Roxanne Bouchard : Nous étions le sel de la mer-  Éditions de l’Aube- Août 2022-213 pages-19,9€-

 

Ça aurait pu être un délicieux roman d’énigme à la manière anglo-saxonne, muni de ses composants sans surprise :  un corps trouvé en pleine mer enroulé dans un filet de pêche, celui d’une certaine Marie Grant, navigatrice avertie ; un enquêteur obstiné, Joaquim Morales, fraichement débarqué dans la police locale, qui peine à croire à un accident.  Une communauté de marins- pêcheurs aussi soudée que taiseuse, située au Québec, plus précisément en Gaspésie, du côté de la côte escarpée de la Baie -des- Chaleurs.

Mais la belle ordonnance du récit de détective est rapidement troublée : d’abord par la quête franche et naïve de la jeune et jolie Catherine Day, venue percer le mystère de ses origines, et dont la narration à la première personne perturbe vite le champ policé des investigations policières. Certes Joaquim est un enquêteur de talent. Mais ayant enfin obtenu   sa mutation après 20 ans de loyaux services dans la police de Montréal pour aménager dans ce bel et paisible endroit côtier, il pensait mettre en sourdine son métier. Patatras, il lui faut boucler au plus vite cette affaire   alors qu’il est doublement perturbé : par les hésitations de sa femme qui tarde à le rejoindre, et par le charme de Catherine à qui il fait une cour maladroite et hésitante.

Surtout il se heurte au corps communal local compact comme dans une enquête de Simenon, où un Maigret local peinerait à fendre l’opacité unanime du récit des habitants du village.  Car Marie Garant était de son vivant une femme adulée autant que haïe, et de l’écheveau de sa vie on pourrait tirer un nombre impressionnant de fils amoureux.

Les interlocuteurs locaux de nos deux protagonistes principaux ont aussi en commun un maniement affuté de leur langue. Le lecteur français devrait tomber sous  le charme de ce parler si différent du nôtre, dans son incessante inventivité, et pourtant si proche. Comme s’il s’agissait à la fois de séduire et désarmer ces étrangers au pays. Ainsi pour qualifier leur terre : « La Gaspésie, c’est une terre de pauvres, qui a juste la mer pour richesse pis la mer se meurt. C’est un agrégat de souvenirs, un pays qui ferme sa gueule pis qui n’écœure personne, une contrée de misère que la beauté du large console. Pis on s’accroche comme des hommes de rien. Comme des pêcheurs qui ont besoin d’être consolés ». Et encore pour désigner cette mer si proche et si cruelle : « la noyade c’est fréquent. Un pêcheur, un enfant insouciant… À chaque fois il faut ouvrir une enquête… qu’est-ce qu’on trouve ? Un accident, une maladresse, une malchance. C’est ça, la vie sur le bord de l’eau. Pourtant, on n’arrive pas se passer de la mer. Voyez, moi, je suis né avec la mer dans ma cour ; j’ai joué dedans toute ma jeunesse…. Va falloir comprendre que la mer c’est tout ça : la vague qui t’amène au large et te ramène. Un roulé d’indécisions, mais tu restes là, hypnotisé et captif. Jusqu’au jour où elle te choisit ». 

Ce roman a obtenu le prix des lecteurs Quai du Polar 2023.

 

Bernard Daguerre

Roxanne Bouchard : La mariée de corail (première parution au Québec : 2020) - Éditions de l’aube- Août 2023 -449 pages- 22 €- 

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