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Publié par blog813

Le coup de ♥ du facteur- un magnifique portrait de femme

Il est des romans qui laissent des traces. Je veux dire des romans que même vingt ans après on est capable de citer, voire de résumer. Les Infâmes de Jax Miller (éd. Ombres noires) est de ceux-là.

Sorti en France  le 2 septembre, il a déjà raflé une distinction (prix du magazine Transfuge). Étonnant pour un premier roman publié en 2015 par Harper Collins et déjà traduit, nous dit l’éditeur, en plus de 10 langues. Il doit y avoir quelque chose et, effectivement, il y a quelque chose.

D’abord un personnage de femme, narratrice : « Je m’appelle Freedom Oliver et c’est une soirée comme les autres au bar... ». En fait le récit alterne une majorité de chapitres pris en charge par Freedom et quelques chapitres à la 3e personne.

Freedom, donc, est alcoolique, serveuse dans un bar à Painter, trou du cul de l’Oregon. Son quotidien : des bikers, des crétins et –dès le 2e chapitre- les pauvres types. Entendons par là deux marshals de Portland, chargés du programme de Protection des Témoins Exceptionnels. Car Freedom se cache et Matthew vient d’être relâché après 18 ans de prison. Matthew Delaney, c’est le clan Delaney, une mère immonde et cinq garçons du même acabit. Pas tout à fait, Mark a été assassiné (après avoir été accusée, sa femme, Nessa, a été libérée et Matthew emprisonné) Il y a aussi, Peter, le sensible, le souffre-douleur en fauteuil roulant, traité comme un débile par la fratrie et la mère.

Freedom, c’est Nessa Delaney, épouse du défunt Mark et mère de deux enfants, Ethan et Layla. Ils ont été confiés pendant son incarcération à Virgil  et Carol, un couple de paisibles fermiers du Kentucky qui les ont rebaptisés Rebekah et Paul, très religieux. La machine s’enraye le jour où Rebekah / Layla s’enfuit de chez  ses parents adoptifs et disparait, enlevée...

Voilà, le cadre est tracé. Arriéré. La campagne profonde américaine, celle des armes à feu, de la violence, des sectes, de la méth et de l’alcool, des motards, des skinheads...De beaux portraits de débiles et de salauds, mais pas qu’eux... Et Freedom – Nessa porte en elle toute la violence que ses rêves brisés ont créée au plus profond d’elle. Elle sait se défendre, sauter par-dessus le comptoir pour attaquer un gros crétin de biker libidineux avec du tabasco dans la main. Elle parle crûment, de tout, sans détour. Se livre sans effet. Elle va se lancer à la recherche de Rebekah avec toute l’énergie et la culpabilité d’une mère qui n’a vu sa fille que quelques minutes à sa naissance. « Je m'appelle Freedom, et je me tire de Painter. Mon service est terminé. Faisons comme si de rien n'était. Je passerai un appel bidon au commissariat parce que je sais que Mattley travaille ce soir. Je lui demanderai d'aller chercher les lettres chez moi et de les poster, au cas où il m'arriverait quelque chose avant que j'atteigne le Kentucky. L'heure est venue de partir. Il faut que j'aille retrouver la fille que je n'ai jamais connue. »

Les Infâmes  est le portrait d’une femme forte dans ses faiblesses, d’une mère à la voix étonnamment juste. Un très beau livre, bien traduit et bien sûr au rythme haletant dont les scènes de violence passent inaperçues tant elles sont justifiées. Peut-être quelques-uns n’apprécieront pas le style mais on ne peut plaire à tout le monde... s’pas ?

 

Le facteur

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