Le coup de ♥ de René B.
Karine Giebel - Et chaque fois mourir un peu - Récamier Noir
4° de couverture :
Monter au front sans arme ni gilet pare-balles. Soigner les autres au péril de sa vie. Se sentir utile en ce monde.
De Sarajevo à Gaza, en passant par Grozny, la Colombie ou l'Afghanistan, Grégory se rend au chevet des sacrifiés sous l'égide de la Croix-Rouge internationale. Chaque victime sauvée est une victoire sur la folie des hommes. Chaque vie épargnée donne un sens à la sienne. Peu importe les cicatrices et les plaies invisibles que lui laisse chaque conflit.
Poussé par l'adrénaline, par un courage hors du commun et par l'envie de sauver ceux que le monde oublie, Grégory prend de plus en plus de risques.
Jusqu'au risque de trop. Jusqu'au drame...
Ne pas flancher, ne pas s'effondrer. Ne pas perdre la raison.
Choisir.
Sauver cette jeune fille, condamner cet adolescent. Soigner ce quadragénaire, laisser mourir cet enfant.
Choisir.
Endurer les suppliques d'une mère, d'un père.
Certains tombent à genoux devant lui, comme s'il était Dieu.
Choisir.
Tenter de sauver cette femme. Sacrifier sa petite fille qui n'a que peu de chances de survivre à ses blessures.
Choisir.
Et chaque fois, mourir un peu.
Karine Giebel, indétrônable créatrice d'émotions fortes et authentiques, donne vie dans ce treizième roman à Grégory, héros des temps modernes. Tous deux nous forcent à garder les yeux grands ouverts sur ce que l'homme est capable de faire subir à ses semblables et interrogent l'humain qui est en nous, dans ce texte magistral qui embrasse la violence du monde.
* * *
Reine du noir et du page turner cet opus ne déroge pas à la règle.
Ce roman suit la vie de Grégory, agent de la Croix Rouge Internationale, qui risque sa vie pour sauver celle des autres, comme l’actualité l’a encore montré récemment.
Nous le suivons à partir de 1992 au Kenya, puis au Rwanda, en Bosnie… Il nous amène sur tous les lieux où la guerre fait des morts par dizaines, par centaine, par milliers… En parallèle, on suit le parcours de sa vie familiale avec les conséquences qu’entraine son métier.
Karine Giebel a le sens des formules chocs, des phrases coups de poing : « Il a la sensation qu’un volcan est entré en éruption dans ses tripes, qu’il va vomir de la lave ».
On est au cœur des combats, au cœur de l’action.
Ce n’est pas un polar, mais un roman sur cette actualité brûlante dont on voit des images qui passent en boucle sur les chaînes d’infos. Extraits :
La guerre est une maladie dont certaines contrées ne parviennent jamais à guérir. Sans doute parce que ceux qui prétendent les soigner leur administrent du poison à haute dose.
…
Il a surtout compris que les richesses que recèle la RDC sont au cœur de cette guerre : le monde entier convoite les diamants, l’or, le cuivre, l’uranium, le cobalt, le lithium, et aussi le coltan. Le monde entier veut mettre la main sur ce butin, mais personne ne se soucie des enfants obligés de descendre dans les mines, de porter un fusil d’assaut ou de servir d’esclave sexuel […] Le monde entier ferme les yeux sur les massacres, les viols, les tortures.
…
Du coup, ils ne cultivent plus leurs lopins de terre et meurent de faim… Sauf s’ils acceptent d’extraire des diamants, de l’or ou du coltan.
- C’est terrifiant… Et c’est fait en toute impunité, visiblement.
- En effet, confirme Mukwege. On connaît les coupables mais ils sont toujours en liberté, toujours en train de commettre des crimes contre l’humanité pour le compte de grandes multinationales basées en Europe, en Israël, aux États-Unis, en Afrique du Sud…
Un roman à la fois dur, d’une violence inouïe, mais aussi poignant, émouvant.
Un roman passionnant de bout en bout.
On attend le tome 2 avec impatience.
René