En scéne, deux auteurs en musique
« L’horizon qui nous manque »
Un plateau de théâtre nu, des espaces qui seront délimités avec du ruban adhésif, devant nous, par les comédiens, quelques accessoires, une mise en scène minimaliste pour laisser la place à l’essentiel de l’univers de Pascal Dessaint : l’humain, les corps et le verbe.
Trois textes et trois saynètes, donc pour nous parler de notre solitude définitive, de la mort qui rôde, de la tendresse malgré tout, et du rire qui soulage.
Le jeu des comédiens est sobre. Le rythme syncopé de leurs gestes, tour à tour, emportés, empruntés, maladroits, violents ou caressants, répond à la fluidité du texte lu au micro ou livré en voix off et lui donne chair.
Les deux personnages d’Un chemin s’arrêtera là échoués devant leur caravane, font exploser devant nous la banale cruauté du quotidien. Ceux de L’Horizon qui nous manque, ayant à faire face à l’explosion du pacemaker de « Mémé crevette » dans le four du crématorium, dans une sorte de film muet assumant ses outrances jusqu’à la poésie, nous livrent une pantomime à l’humour corrosif. Le bouleversant premier texte est un corps à corps avec le deuil, un constat d’une terrible lucidité sur notre fragilité et, élégant paradoxe de l’auteur, sur l’impuissance des mots.
Le vidéaste qui intervient avec ingéniosité pour décaler ou superposer les gestes du comédien, et le musicien qui tisse des ambiances sonores tendues et électriques complètent avec bonheur le paysage imaginaire mis en place par les comédiens et la narration.
Tous ceux qui connaissent et aiment les livres de Pascal Dessaint, feront un voyage familier qui ne laisse jamais indemne, au pays des laissés pour compte, des écorchés de la vie. Il y a fort à parier que les autres auront envie de les découvrir.
Dominique Delahaye
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