En très large différé de Langon
Nisbet à Langon, Gironde, un compte-rendu de la séance tenue à l’Entre-deux Noirs, le 2 décembre 2008
Fameuse soirée à la librairie l'Entre -deux- Noirs de l'ami Christophe Dupuis à Langon, ce mardi soir. On y rencontrait Jim Nisbet venu présenter son dernier opus Comment j'ai trouvé un boulot. Décontracté et plein d'humour, à mille lieux de la causticité et la cruauté bien noire de ses romans, Jim nous a parlé de son parcours d'écrivain, édité d'abord en français chez Rivages avant de l'être dans son pays au bout de quelques années et quelques romans plus tard.
Grand amoureux de la littérature, il nous a raconté son enfance à dévorer les grands noms de la littérature mondiale, avec un attachement certain pour les Russes : Tolstoï, Tourgueniev, Pasternak et ce qui n'étonnera pas ceux qui connaissent ses bouquins, Fédor Dostoïevski. Peu d'intérêt pour ses pairs, à part Robin Cook, avec lequel il passa une soirée inoubliable et semble-t-il pas mal alcoolisée (là encore pas de quoi être étonné). Notre homme vit à San Francisco et nous a parlé de la modification de physionomie de sa ville, devenue trop clean, où "les prolos, pompiers et policiers" n'ont plus les moyens d'habiter dans le centre de la cité.
Que dire encore ? Qu'il a aimé et aime encore la période du mouvement punk,qu'il ne veut pas parler dans ses romans de la culture américaine traditionnelle, qu'il n'y trouve pas son compte et au passage se gausse un peu de l'intérêt de la France pour cette culture-là de son pays. Il nous a raconté comment il a manqué de partir pour le Vietnam en 1969, il avait alors 22 ans. Enfin, évoquant de nombreuses périodes de ses jeunes années passées en Caroline du Nord, il nous a parlé du racisme quotidien contre les Noirs, le climat (le mot est faible certes) particulier qui baignait l'Etat (son grand-père revenant chez lui à cheval dans les années trente, je crois, et traversant de nuit la ville mal éclairée, avait soudain perdu son chapeau, heurté par un objet non identifié : il s'agissait du corps d'un Noir qui se balançait au bout d'une corde) ; il a alors évoqué Faulkner avec pas mal de bonheur. Sur l'accélération de l'histoire de son pays :il a mis en parallèle sa grand-mère née en 1899 et voyant avec ahurissement avec lui, à la télé, 70 ans plus tard les premiers pas sur la lune, et puis 40 ans après, l'élection à la présidence d'un Noir, là aussi formidable bond en avant....
Bon, je pense avoir dit pas mal de cette rencontre réussie, on le voit bien avec un public d'une vingtaine de personnes. Pour plus de précisions sur l'oeuvre de cet écrivain de polars vraiment exceptionnels et particuliers, bien vouloir se référer à la présentation du Dilipo que signèrent, ensemble, Fred Michalski, son traducteur, et Claude Mesplède, ciselé, profond et précis article.
Bernard Daguerre