Mauvais genre, vous connaissiez ?
Il a envoyé, via l'onglet 'contact' du blog, le message suivant :
Le message a été transmis à notre rédactrice en chef qui ne pouvait lui consacrer de l'espace dans la revue et lui a conseillé de publier sur le blog de l'association. Voici son article et la présentation de son travail.
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Bernard Strainchamps, image Anne Pambrun, pour Libération, 27/06/2024
Il y a quelques années, dans un restaurant, Jean-Bernard Pouy me lance : « J’ai bien connu ton père quand il animait le site Mauvais genres. C’était un très bon site dédié au polar. » Sourire amusé : c’était moi.
J’ai alors forgé une image d’animateur vétéran, capable d’encadrer les débats et les échanges. Une sorte de “sage” du genre, avant même la fermeture du site en 2005.
Aujourd’hui, j’approche effectivement de la soixantaine.
Le web d’hier et d’aujourd’hui
À l’époque, le fanzinat explorait Internet comme un territoire libre, où la confiance régnait. Le web 2.0, l’émergence des plateformes, puis la toute-puissance de Google et des réseaux sociaux ont changé la donne. Aujourd’hui, l’IA s’ajoute à l’équation et bouleverse nos manières de partager.
Bibliosurf, dix ans de veille
Depuis dix ans, j’anime Bibliosurf, un site qui recense et relie ce qu’on dit des romans sur le web : critiques de presse, chroniques de blogs, podcasts, vidéos… Près de 90 000 articles ont été associés à des notices de livres. Ce catalogue n’est pas une encyclopédie : il se concentre sur la réception contemporaine, comme pour l’auteur Marc Villard, suivi depuis 2015.
Je reste obsédé à documenter la réception contemporaine des romans. Je n’appuie plus sur une liste de discussion active pour construire un site ; inspiré par les technologies du web sémantique, je suis branché sur le web littéraire, les services web des grandes bibliothèques du monde entier et, bien sûr, Wikipédia.
Une question de visibilité
Malgré 1 500 visiteurs au quotidien, je suis toujours fâché avec Google. J’ai essayé d’apprendre les codes du référencement, en vain pour le résultat. Du coup, comme disent les jeunes, quand vous saisissez les mots roman policier sur Google, Bibliosurf n’apparaît pas sur la première page de résultats. Et je trouve cela triste, car je pense que la page dédiée au roman policier — https://www.bibliosurf.com/+-roman-policier-+.html — est aujourd’hui plus riche que la page de Mauvais genres il y a vingt ans. Il n’y a pas d’interviews, pas de rencontres qui durent une semaine avec un auteur, mais il y a toute la richesse du polar sur le web.
Kesako la rubrique roman policier de Bibliosurf
La page s’organise autour d’une foire aux questions, d’un carrousel qui met en avant les romans du moment, et d’un encadré rassemblant les principales rubriques : coups de cœur, prix littéraires, avis, podcasts, vidéos. Un graphique dynamique indique en temps réel les thèmes qui dominent le polar, tandis qu’un tableau présente les romans policiers qui rencontrent le plus de succès sur le web, ainsi que les nouveautés que chacun peut trier selon ses envies.
Prenez le temps de déplier les menus, de cliquer sur les liens, et vous accéderez à une carte qui géolocalise les intrigues, aux prix littéraires, aux derniers podcasts disponibles en streaming. Vous y découvrirez ou redécouvrirez des voix actuelles du polar féminin, sans passer par le sempiternel discours sur les “reines du crime”. Vous pourrez lire les derniers avis sur les romans noirs ou d’espionnage, entre autres sous-genres.
Chaque notice d’auteur ouvre la porte à tous les avis publiés en ligne, tout en commençant par une présentation du style de l’auteur. Quant à une notice de roman, si le livre a été chroniqué au moins cinq fois sur le web, elle s’ouvre par une réponse claire : que raconte ce roman, et comment a-t-il été accueilli par les lecteurs et critiques ?
Même curiosité, nouvelle époque
Au fond, entre Mauvais genres et Bibliosurf, rien n’a changé : il s’agit encore de cartographier les passions, les textes et les voix du polar d’aujourd’hui. Peut-être moins de débats, plus d’algorithmes — mais toujours la même curiosité obstinée.
Merci Bernard
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