Road movie ou armes d'hier et guerres d'aujourd'hui
L'hiver est chiant à Bilbao, les vagues ne sont pas à la hauteur, pour Sergio et Eder : le Maroc leur tend les bras. Il manque le déclic pour le départ alors on surfe à Hossegor, on fume de l'herbe et la jolie pâtissière tombe dans notre lit. Pour l'un sa mère s'en va, pour l'autre il faut chercher des bonnes adresses et des vagues dignes de ce nom.
Du passé, faisons table rase, oublions Janice et la falaise, Bustinxu et le train, concentrons nous sur Nicolas et les planches à voile. Le Maroc défile sous les roues de la camionnette qui cache des trésors et les deux compères de faire marcher le commerce local, des rencontres se font et les emmerdements au grand galop bousculent tout le monde. La fumée et l'alcool vont y laisser des traces. Sergio va apprendre la vie, les saloperies des autres et ses propres faiblesses, des portes s'ouvrent, d'autres se ferment, le retour sur terre est brutal.
Eder est riche, c'est ce qui fait de lui le meneur du duo". L'argent des riches parle de lui- même, mais celui des pauvres exige toujours une explication". Apprentissage pour Sergio, passage du rêve à la réalité, et les illusions qui s'envolent. Entre la trahison et les coups bas, quel rôle tenir ??
La vie décide et les "je croyais que.." restent lettre morte, illusion, vanité, la course est lancée, un seul gagnant à chaque fois.
Road movie, avec les mêmes ingrédients que Kérouac, la dope, l'alcool, l'illusion, le résultat est éphémère, dès le debut c'est cuit.
Nous avons aimé ; Willy Uribe ; Rivages noir, octobre 2013.
Dans le commissariat du XII ème, le capitaine Mehrlicht joue au sudoku, toujours à balancer des vannes aux équipiers et personne ne répond, "quand on joue au sudoku, il faut avoir la tête au nord".
Pour la lieutenant Latour, surveillance "flash mob" à Beaubourg. Dos Santos, le monsieur muscle du groupe, lui court après, mais elle court vite la mâtine. Dos Santos confond la loi et la justice, récite par cœur le code pénal, ce qui étonne le stagiaire Ménard. Le patron Matiblout a les mains sales et le Sarkomètre en surchauffe.
Et voilà qu'on retrouve une cloche poignardée à la gare de Lyon, et puis un incendie suspect dans un appartement et l'enquête prend un autre chemin. Celui qui a été tué est connu, trop connu peut-être, douze bonnes raisons pour sa disparition, des inimitiés. Le bois de Vincennes montre le bout de son squat et la maison poulaga va aux renseignements, des clans, un shaman, un gouverneur. Un fusil dans un bac à fleurs et nous voila revenus chez Napoléon III et Hausmann, 2000 kms d'égout et toujours le 11/9 qui veille.
Puis vient la révélation "Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche." Dans les Écritures, il est écrit que le feu descendra du ciel, cette fois- ci il y a contradiction.
Comme dans chaque roman il faut bien donner un caractère à chacun, Mehrlicht, l'homme grenouille fume comme un pompier, ne parle que l'argot, les autres font presque de la peine pourtant ils y mettent du leur, chacun à ses petits secrets. Nicolas Lebel réussit bien son coup en mélangeant les armes d'hier et les guerres d'aujourd'hui, de la cour des Miracles de Victor Hugo au symbole du quartier des affaires, l'arche de le Défense devenu symbole moderne de la république des affaires.
L'heure des fous ; Nicolas Lebel ; éd. Marabooks, décembre 2013.