Le Billet de Patrice : Donnybrook
Papa j'ai faim ! alors Marine va braquer l'armurerie de Dote, mille dollars pas un de plus, le reste dormira dans le fond de la caisse.
Planche et Cafard font dans le trafic de méthédrine, mais c'est Angus qui reste le patron. Sa sœur Liz a des atouts, surtout sous son tee-shirt, il faut bien trouver des clients.
Pour Marine, il lui faut encore plus de dollars, se remplir les poches, des combats clandestins de boxe feront l'affaire — en anglais " Donnybrook ". Tous les coups sont permis, il est même déconseillé de se relever.
Le gang des barbares va faire la loi, ils sont fauchés, sans travail. Une seule solution, la méchanceté, la férocité et c'est le moins qu'on puisse dire.
Le rassemblement de Donnybrook se fait, les arènes romaines viennent de s'ouvrir.
«Les pancratiastes écrasèrent leurs jointures et leurs articulations sur les os de leurs prochains, échangèrent des goulées d'air contre des coups de poings et de tibia. Les crânes se fendirent, les côtes se brisèrent, les peaux s'ouvrirent. Les hommes saignèrent. »
Dans ce coin perdu de l'Indiana, tous sont armés jusqu'aux dents. Les restes du Vietnam, de l'Irak ont laissé des traces. Une bande de cinglés accro à la bière, la clope, et la dope fabriquée sur place, sont inscrits pour le pandémonium, mille dollars chacun ; un seul élu, qu'on se le dise.
Roman et exercice de style, 230 pages de baston, personne ne doit se relever, c'est à ce prix. Un seul pourra se remplir les poches, la famille est au bout de la route. C'est aussi la défaite d'une partie de la société américaine, pas de rédemption, le désastre pour tous et Dieu pour personne.
Donnybrook; Frank Bill; Gallimard Série noire, janvier 2014.