Le billet de Patrice Lebrun
Trois bières tombées du ciel, il faut vite les boire ! Pendant ce temps-là, les autres continuent sur la route à trimbaler tout ce qu'ils possèdent.
À l’heure du repas, le père mange la part du fils "n'avait qu'à être là".
Il est cinq heures du matin. Après le café, Joe attaque le bourbon avant d'aller ramasser les saisonniers sur le bord de la route.
Gary suit son père, fait les poubelles pour quelques canettes, pour la revente.
Dans ce pays perdu, le sport national c'est la bière et les chèques de la sécurité sociale.
Sur un chantier de coupage de bois, Gary Jones va rencontrer Joe Ranson. C'est lui le patron. Gary est coincé par son père, un beau salopard ! Il lui faut quelques dollars pour l'achat d'un vieux tacot. Joe tient à ce garçon, un bon travailleur.
Ils commencent à partager des bières, chacun a besoin de l'autre, deux solitudes qui cherchent une amitié.
Tous des déclassés, le fond de la bouteille se rapproche. Tout est à vendre, l'humain ne vaut pas grand-chose. Le père Wade décroche la médaille d'or des turpitudes.
Échappe-t-on jamais de là d'où l'on vient ? Pour Joe, il est assis au fond de la bouteille, pour Gary, il est dans cette même bouteille, debout.
La chute est prévisible pour chacun. L'un ne donnera pas la rédemption à l'autre.
Joe; Larry Brown; Ed. Gallmeister, Mars 2014.