[le billet] sacoche de malheur
Dès l’ âge de quatre ans, mes deux frères, des jumeaux, me prennent pour une balle de polo et je finis dans un buisson d’épineux.
Maman s’en fout et c’est moi qu’on engueule. Nous grandissons et maman nous déteste tous les trois. Mon père est parti depuis longtemps, les vaches et les moutons ne rapportent pas beaucoup.
Maman ne se plaint jamais, elle ne connait que cette vie. Le travail et encore le travail et nous, ses quatre fils. Pour mes sept ans, maman me donne un cheval. Mes frères sont en rogne.
Stéban, c’est l’ainé. Nous, c’est Mauro, Joachim et moi le petit Rafael. Stéban a toujours la bouche ouverte et voit tout, il a fait vœu de silence.
Tous de vivre dans un monde sauvage et animal et tous de le devenir.
La ville n’est pas si loin et pourtant, là, nous avons un siècle de retard. Maman, en profite, la banque, la bière, le poker. Puis elle commet la pire trahison.
Un matin maman me secoue, elle hurle : Jericho et Nordeste les chevaux ont disparus.
Je monte Halley et vais tout droit dans l’inconnu. Ici la nature tue son homme, même s’il a des secrets. En chemin, je découvre “abuelo”, les jours passent. A la maison on s’inquiète, presque.
Je rentre à la maison saoulé de nature immense avec les chevaux patients et intrépides et je rapporte la sacoche “d’ abuelo” et la guerre va faire rage entre nous.
Cette sacoche apporte le malheur.
Un grand roman où la nature fait des dégâts et les hommes grands et jeunes sont à la merci d’une mère tyrannique qui, dans le hasard, découvre ce qu’il ne faut pas .
Il reste la poussière ; Sandrine Collette; Denoël , novembre 2015.