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Publié par blog813

Nous avons reçu ce petit mot de Claude Mesplède avec en pièces jointes une série d'articles parus dans la  revue Options :

Chers amis de 813,

J’ai le plaisir de vous adresser quelques-unes de mes récentes chroniques mensuelles. La plus récente est en word car elle n’a pas encore été publiée. Bonne lecture. Si vous le souhaitez, je peux continuer à vous envoyer mon article chaque mois et si vous voulez relayer mes articles, pas de probleme

Amicalement

Claude

Miles Hyman et Shirley Jackson

Eric Yung ; Pierre Dac & Francis Blanche

Sherlock Holmes et ses clones

OPTIONS n° 626 AVRIL 2017

DEUX FOIS PRIMÉES

 

LES FEMMES, AVENIR DU POLAR

Le festival polar de Lyon, Quais du polar, se déroule le dernier week-end de mars. Il fêtait cette année son treizième anniversaire et malgré un temps maussade samedi et dimanche, s’est achevé par un constat de réussite avec 80.000 festivaliers sur trois jours dont 15.000 ont pris part à la grande enquête dans la ville, basée sur des énigmes. Il était amusant de croiser des petits groupes dans les rues en train de se gratter la tête pour trouver des solutions. Manifestation éminemment populaire avec accès gratuit pour toutes les animations ainsi que pour la grande librairie, Quais du polar confirme que, malgré internet et les jeux électroniques qu’il draine, malgré la télévision, les films DVD et tout l’arsenal numérique et contrairement à une idée reçue, la lecture loin de régresser, est un loisir en progression continue, le polar constituant le genre le plus prisé. Et cette constatation vaut pour tous les âges le public jeune étant très présent. Il se manifeste souvent sous la forme de groupes de quelques unités en balades collectives assis sur les marches pour déguster un sandwich et acheter un livre ou deux. Ils échangent leurs points de vue, leurs expériences de lecteur et jusque-là tenue comme une activité solitaire, la lecture devient partagée, un phénomène nouveau depuis quelques années et qui peut expliquer le succès par le bouche à oreille de certains romans ignorés des médias.

Un autre aspect de ce festival tient au choix des auteurs invités : de grandes stars du genre bien sûr, mais aussi des auteurs moins connus que le festival va contribuer à populariser. J’ai croisé ainsi Indrek Hargla, un Estonien natif de Tallin, créateur d’une série de polars historiques consacrée à Melchior l’Apothicaire. Dans chacun des quatre volumes parus chez Gaia (repris en poche chez Babel noir), il se trouve confronté à un meurtre qu’il doit élucider. J’ai longtemps tenu compagnie à Boris Quercia, scénariste et réalisateur chilien, auteur de deux polars que j’adore et dont j’ai vanté les mérites l’an passé (Options n° 617). Son personnage de prédilection est un policier du nom de Santiago Quiñones qui connait pas mal de déboires, notamment dans le second volume, Tant de chiens qui a reçu le Grand prix de littérature policière et le grand prix du roman noir du festival international du film policier de Beaune. J’ai pu bavarder avec le romancier islandais Arnaldur Indridason, chef de file d’une douzaine d’auteurs de polars pour un pays qui compte seulement 330.000 habitants. Le paradoxe tient au fait que la criminalité est quasi nulle en Islande ce qui n’empêche pas Indridason, traduit dans une cinquantaine de pays, d’avoir vendu dans le monde 12 millions de livres qui racontent des crimes.

Pour moi, l’événement majeur de cette treizième édition concerne l’attribution des deux prix importants décernés chaque année. Jusqu’à ce jour aucune femme n’avait accédé à cette récompense.

Cette fois, elles sont deux à ramasser la mise. Le prix du polar européen 2017 attribué par un jury réuni par l’hebdomadaire Le Point a couronné La daronne écrit par l’avocate pénaliste Hannelore Cayre. Révélée en 2004 avec son roman Commis d’office qui mettait en scène un avocat obligé de servir un confrère plus filou que lui, voici la romancière de retour après plusieurs années de silence. Cette fois, une femme, Patience Portefeux, est le personnage central. Traductrice-interprète judiciaire d’écoutes en langue arabe notamment des dealers lui donne l’occasion de récupérer des centaines de kilo de shit. Comment va-t-elle les diffuser pour payer la facture de la maison de retraite qui héberge sa mère ? C’est justement l’objet de ce récit où comme dans ses ouvrages précédents l’humour fait merveille.

Le prix des lecteurs et de 20 minutes a récompensé Bondrée, un roman de la Québécoise Andrée A. Michaud. Bondrée est le nom donné à un lac par un trappeur mort depuis belle lurette. Ce lac, entouré d’épaisses forêts, est, durant cet été 1967 le lieu rêvé pour passer de bonnes vacances. Mais l’ambiance va se dégrader lorsqu’une jeune fille qui avait disparu, est retrouvée morte, une jambe déchirée dans un piège rouillé. Lorsqu’une autre adolescente subit le même sort, les familles comprennent qu’il ne s’agit pas d’un accident, mais l’œuvre d’un tueur, ce qui rafraichit l’ambiance. Très beau roman, Bondrée possède une écriture, un style, une atmosphère presque palpable, des personnages incarnés. Conjuguant les ressorts du thriller avec ceux d’un roman psychologique plongeant au cœur des personnages, Andrée Michaud nous offre un huis clos au sein d’une communauté avec profondeur de champ comme pour une photo en extérieur : des portraits sur le devant de la scène tandis qu’en arrière-plan le décor dispense la lumière et donne de l’épaisseur aux personnages. Cet excellent ouvrage avait déjà reçu trois prix importants au Canada.

Bibliographie

Hannelore Cayre, La Daronne, Éditions Métailié, 172 pages, 17 euros Andrée A. Michaud, Bondrée, Éditions Rivages, 363 pages, 18,50 euros

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