[le billet] Tragédie grecque
Son frère est mort et elle est obligée de le laisser sombrer dans la mer. Son père est anéanti et veut tuer sa fille. Elle entend bien ne pas devenir esclave. Elle sera sans doute la plus haïe et la plus authentique.
Son mari est là et la prend dans ses bras. Il est temps de commander aux hommes. Même les Dieux ne s’y risquent pas. Elle est prudente et commence par ce qui l’entoure.
Il faut traverser la mer. La nature et les hommes ne sont pas aimables. De l’autre côté, un drame. Des “gens” d’importance sont morts ; lui, la poitrine transpercée par une lance et elle, par dépit, s'est pendue.
Elle regarde les hommes dans leurs défauts et leurs facéties. Le chemin va être long. Son mari lui dit : “ les femmes ne décident pas de ce que l’on fait” .
Il ne fait pas le poids. Elle se rapproche, elle voit enfin ce qu’elle espère. Plus fort qu’eux, il y en a encore. C’est une corde qui les rapproche.
D’autres femmes veulent aussi lui prendre ce qu’elle a de plus cher.
Bien plus tard, elle va montrer à deux autres jeunes femmes ce qu’est le sacrifice. Elle tient toujours à être en haut. Qu’importe le prix. Vient le temps de défendre ses enfants, la nature et les Dieux ne suffisent pas. Là où elle va, elle n’est pas la bienvenue. C’est son mari qui fait l’unanimité. Son mari l’a trahie. Le jour de la vengeance arrive. Dans les larmes et les cris.
Ce roman trace la vie d’une femme dans les temps anciens, entre le pouvoir qu’elle veut conquérir et les hommes qui se mettent en travers, dans tous les cas. Le chemin est plus que difficile. La famille va s’agrandir et multiplie les défaites.
Un tour de force de David Vann par l’écriture et par la traduction de Laura Derajinski. A part d’être un grand roman, c’est un "beau roman”.
C’est par souci de cachoterie que je ne cite aucun personnage. Ce serait trop facile.
L’obscure clarté de l’air ; David Vann ; Ed. Gallmeister, aout 2017.