Trophées 2018 - 2- Le trophée de la BD
Trophée 813 de la Bande Dessinée 2018: L’Été en pente douce , Jean Christophe Chauzy, Pierre Pelot, Fluide glacial 2017
Dans l’arrière pays provençal, l’été pourrait n’être que chaud, très chaud. Mais quand Fane, idées courtes et banane agressive sur le crane, et son frère Mo, idées encore plus courtes, réinvestissent la maison familiale, la pente peut être fatale pour les habitants du village. Surtout que les mensurations peu dissimulées de Lilas, copine récente de Fane, troquée contre un lapin et de la menue monnaie, ne sont pas prêtes à refroidir l’atmosphère…Les conventions sociales se lézardent peu à peu, suffisamment pour que le village s’embrase, attisé par la malveillance et la cupidité des voisins de Fane, Momo et Lilas. Les méchants ne sont pas toujours ceux que l’on croit !
L’été en pente douce c’est d’abord un roman très noir comme sait si bien les tricoter Pierre Pelot paru en 1981 au Fleuve Noir. C’est ensuite un film de Gérard Krawczyk en 1986 avec trois comédiens qui incarnent parfaitement les personnages principaux, Jean-Pierre Bacri, Pauline Lafont et Jacques Villeret dans le rôle du benêt.
Pari difficile donc, trente ans plus tard que de tenter l’adaptation en bande dessinée. Mais pari parfaitement réussi par le lauréat du trophée BD 813, Jean Christophe Chauzy. À noter que c'est Pierre Pelot lui-même qui a repris le scénario, 17 ans après... Une histoire connue mais totalement renouvelée.
Découpage subtil, scénario intelligent et surtout, surtout une mise en couleurs somptueuse. La lumière crue de l’été, la petite robe rouge de Lilas -à classer parmi les robes les plus sexy avec celle de Mireille Darc dans « <le grand blond… »- les planches tour à tour qui rougeoient ou jaunissent tirant sur la couleur de la chair, le bleu du ciel s’assombrissant en des couleurs plus froides lorsque la noirceur des âmes et la haine pointent à l’horizon. Le noir est une couleur !
Les mots de Jean Christophe Chauzy :
« Ado, pour moi, alors désireux sans y croire de raconter des histoires en dessinant, le prix 813, au delà de l'Olympe des écrivains français et anglo saxons, c’était Tardi, et les dessins qu’il avait fait pour 813 ou que 813 utilisait, ronds, noirs et savoureux.
Autant vous dire que je n’en mène pas large, maintenant que me voilà lauréat en tant que dessinateur de L’Été en pente douce. Je mesure le chemin parcouru. J’ai accédé à une partie de l’Olympe en lisant les livres écrits par ses divinités françaises et étrangères, j’ai osé parler à Tardi, et j’ai dessiné pas mal de bouquins en noir et en couleurs, dont un bon nombre en rapport avec l’univers du polar. J’ai eu la chance et l’honneur infinis de travailler avec des astres comme Thierry Jonquet, Marc Villard et maintenant Pierre Pelot, autant d’auteurs que j’avais lus avant de travailler à l’adaptation de leurs textes.
Je suis sincèrement très honoré par le privilège qui m’est accordé. J’aurais payé pour faire des livres, et voilà que ce prix m’est décerné.
Mais je n’oublie pas qu’il doit tout à Pierre Pelot, qui pour cet ouvrage en bandes dessinées a retrouvé la voix de ses personnages de l’été en pente douce et m’a permis de les animer par le dessin. Qu’il soit ici remercié, ainsi que Yan Lindingre, rédac chef de Fluide Glacial, qui a mis ce projet sur les bons rails, et enfin les lecteurs de 813 qui ont apprécié notre travail.
On ne sait jamais trop comment son travail est reçu, le prix 813 m’en donne aujourd’hui une indication.
Sur ces bons mots, dans la grande tradition des éponges à whisky du roman noir et parce que lors des salons, rien n’est pire que les discours interminables du délégué à la culture de la mairie ou ceux des auteurs lauréats de leur poids en chocolat, je propose une tournée générale! »