Aller retour en enfer.
Des soldats américains, dans leurs GMC, roulent sur des tas de vêtements. Ils s’arrêtent. A l’intérieur, des corps habillés en “pyjama”, ils sortent de Dachau, un est vivant, ils l’appellent Alex.
Il ne se souvient de rien , on le soigne. C’est Agnès l’infirmière, il remonte la pente. Sur son avant bras gauche, un tatouage.
Dans la vie qui revient, Agnès et Clotilde elle aussi, victime des camps.
Le médecin le pique et il croit qu’il est un “zonard”.
Il passe par Gurs et les wagons marqués “hommes 40 chevaux 8 “.
Les camps, les juifs, les traîtres, les fusillés reprennent leurs places.
Chacun pour soi, Dieu pour personne ! De Gurs à Maidanek.
Alex revoie Clotilde, les souvenirs lui font mal.
Les crématoires européens appliquent la politique nazie. Ce qui nous entoure, c’est la fin du monde.
Janvier 45 : on “rentre” sur la route, des coups de fusil, les “libérés” sont de moins en moins nombreux.
On prend le train. Dans mon esprit, une immense pièce de théâtre. Cette fois personne ne se relèvera.
Et pour la dernière fois, Metz-Paris. Sur les quais de la gare de l’Est, d’autres ; est-ce que Lulu va revenir des camps, et Suzette, Catherine, Lucien, Sarah la petite juive?
Les commerces sont vides et les trottoirs sont fréquentés par les Gi’s et des filles au regard professionnel. On paie avec des tickets et on écoute Duke Ellington. Je reconnais un carrefour, serais-je revenu chez moi ?
Paris, la capitale du monde. Agnès et sa vie me sauve. Une petite fille qui joue avec son chien me regarde du deuxième étage.
Agnès, pour son travail, doit s’éloigner. Elle lui écrit souvent.
Alex et l’enfer se connaissent, il s’en sort, Agnès la femme de sa vie. Il a perdu la mémoire dans les camps. Il ne sait plus rien de lui. Un nouvel enfer s’accroche à lui, et la vie lui revient. Est-ce assez longtemps ?
La Station Saint Martin est fermée au public, Joseph Bialot, Point Seuil, Avril 2006.