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Publié par blog813

​Notre amie Jeanne Desaubry que vous connaissez par son panier (qu'elle partage maintenant avec Pierre Faverolle) mérite bien un petit coup de pouce.


 

 
Jeanne Desaubry a quelque chose d’un chat dont on dit qu’il disposerait de plusieurs existences successives. Aussi entame-t-elle aujourd’hui une troisième vie. Ou une quatrième, on se sait plus. Elle a d’abord promené son regard à la fois aigu, indulgent et sans illusion sur le milieu hospitalier, avant d’en faire de même sur celui de l’éducation nationale. Polars, romans noirs, romans jeunesse, ateliers d’écriture, critiques, causeries… constituent désormais tout son univers.
Aujourd’hui, elle se consacre exclusivement à ses passions de toujours : lire, écrire et éditer.
Elle a animé la petite fabrique de livres Krakoen du temps de la coopérative d’édition. Elle est directrice littéraire des éditions du Horsain et de Ska numérique qu’elle a créé avec Max Obione.
 



 
Au ball-trap on s’entraîneà trucider les pigeons d’argile... et les salauds



 
Quand la santé des écoliers est en balance avec les magouilles des élus, le cocktail est explosif.



 
La mort subite des vieux peut s’accélérer si on y met les moyens ! Le bouillon de onze heures est excellent...



 
Jeanne Desaubry, romancière, s’adonne aussi aux petites formes littéraires comme la nouvelle noire avec une réussite éclatante et sombre en même temps.. Voici quelques nouvelles compilées illustrant son talent...

« Ils sont venus me cueillir aussi, plus tard. Ils ont emmené Léna en foyer. Je me suis sentie soulagée. C’est vrai que ces endroits-là, c’est pas ce qui se fait de mieux, mais ma gamine, au moins, elle était enfin en sécurité. Loin de Richard. J’ai avoué tout ce qu’ils voulaient. Ils n’en revenaient pas. J’ai vu les gendarmes, le juge, l’assistante sociale, un avocat commis d’office. Je leur ai tout raconté. Sans rien cacher. Comment il nous battait. »

Artiste du genre recherchée pour animer des ateliers d’écriture, son style est tranchant, sec, limpide... du noir à l’éclat de diamant...



 
Un père abuseur connaitra le châtiment en dépit des tendres sentiments de ses filles... Attention noirceur absolue !

« Papa, je voulais te dire...
— Quoi ? Vas-y, allez ! T’as pas peur de ton Papa quand même !
— C’est les autres à l’école. Elles aiment pas leur papa comme moi.
— Et tu l’aimes grand comment ton Papa, hein, ma puce ? — Je l’aime fort ! fort !
La petite Léna se love contre son père. Il la serre tendrement, pose un baiser dans ses cheveux. Malgré la journée d’école, il y reste des traces d’odeur du shampooing bébé à la fraise qu’elle affectionne toujours. »


Cette fiction est inspirée de deux fait divers ayant défrayé la chronique judiciaire : mêlant incestes, abus et meurtre. Le style acéré, elliptique de l’auteure donne des effets de réel parfois insoutenables. Un diamant noir par une orfèvre en la matière.



 
A paraitre en août.

Le sale temps de l’hiver a redonné aux immenses plages du Nord leur aspect de désert marin, glacial et mouillé. Le vent souffle, le sable cingle. Les villas sont closes. Toutes sauf une, cachée au milieu des dunes, occupée par un couple insolite. Victor Markievicz, la soixantaine passée, et Martha, trop jeune, trop fragile. Lune de miel atypique ou cavale ? Leur présence intrigue et excite le voyeurisme d’un personnage énigmatique. Après la découverte d’un cadavre rejeté sur le rivage, les relations perverses entretenues par le trio iront crescendo vers un dénouement aussi inattendu que dramatique.
Jeanne Desaubry installe un climat angoissant nourri de petits riens, disséquant les amours pathologiques d'un couple en crise. Étonnant récit à contre-pied où la comédie des sentiments est résolument pessimiste. Une écriture épurée, maîtrisée, un thriller sentimental très noir.



 
Fourrures, diamants, meurtre et faux-semblants sous les arcades du Palais-Royal...
PARMI LES JOYAUX, elle avait isolé les trois diamants jaunes, taillés en poire, parfaitement identiques, formant un ensemble parfait. — Les Trois Frères. Absolument merveilleux ! Ils valent vraiment six millions de dollars ? — Ma chérie, six millions, ce n'est que l'estimation de l'assurance. Ces diamants n'ont pas de prix. Il y a très longtemps qu'ils ne se sont pas trouvés sur le marché. Tu vois, ils sont presque parfaits. L'un des trois a juste une petite paille, discernable seulement par un spécialiste. Il ajusta sa loupe d'orfèvre...
Jeanne Desaubry a l’art de trousser une intrigue et de dresser le portrait de personnages issus des milieux les plus divers. Elle se départit ici de la noirceur apparente de ses précédentes nouvelles (ou roman) afin d’user d’un pinceau simenonien qui rend parfaitement l’obscure épaisseur des secrets intimes.



 
Un vigile sadique, des jeunes désœuvrés, une fauche qui se finit mal…

Léa se retient. Le mioche hurle dans sa poussette ; si tout le monde ne regardait pas déjà de leur côté, elle lui balancerait un bon coup de pied.
Elle a une bouteille de vodka et une bouteille de whisky dans son blouson, et sous les fesses du mioche, il y a deux dvd. Dans le panier du dessous, elle a collé quelques provisions : une bouteille de coca, des biscuits, deux barres de céréales, des trucs à poser sur le tapis roulant pour endormir la caissière.
C’est son tour de « faire les courses ». Avant-hier, Sand a dit qu’elle n’irait plus. Elle avait réussi encore à passer, mais c’était parce que le nouveau vigile était occupé. Il avait plaqué un jeune black contre le pilier de l’entrée en lui plaçant une clef au bras, et il prenait un plaisir pervers à appuyer.


La plume de Jeanne Desaubry va directement là où ça fait mal. Sans concession, une peinture d’une totale noirceur de la société de consommation et de ses dérives.



 
Pas facile d’éteindre le feu lorsqu’on est soi-même de braises.

GENOVA VUIBERT, LIEUTENANTE DE LA CRIM’, VIENT TEMOIGNER dans un procès d’assises à Draguignan. En attendant, elle réside au Mas des oliviers, une auberge de charme dans l’arrière-pays de Bandol, appartenant à de vieux amis. Enfin le farniente bien mérité. Hélas ! Dans ce paradis terrestre, le serpent ne tardera pas à siffler la descente aux enfers. Gen n'avait prévu, ni de se laisser séduire par une strip-teaseuse, ni de risquer sa vie dans l’espoir de sauver celle de sa fille, encore moins d’affronter la mafia, arme à la main, ni enfin d’endurer la trahison d’une amitié. Dans une Provence en proie aux incendies, elle est devenue la cible des parrains du crime. Marc Perrin, son collègue dépêché spécialement de Paris, tentera d'éteindre les flammèches que sème l’impétueuse Gen Vuibert.

Dans cette enquête sous tension, Jeanne Desaubry dresse le portrait d’une héroïne dont la pugnacité est un pied de nez à tous les résignés du destin.



 
Des instantanés de vies féminines exposés avec le brio d’une artiste du court-lettrage...

« Les yeux fermés, elle l’approche de sa bouche, pose ce petit morceau de fraise, à peine, sur ses lèvres. Le pose seulement. Elle lèche doucement la chair grenue de la fraise, les doigts frais qui la tiennent. Doucement. Tout doucement... la fraise... les doigts...Un vœu. Un vœu à garder secret pour conserver une chance qu’il se réalise. Sa langue caresse encore tendrement la chair tranchée à vif par la lame posée devant elle. »

Ces micro nouvelles flashent des instantanés de vies féminines, exclusivement. Des femmes : jeunes ou vieilles, malades, aigries ou optimistes, alcooliques ou artistes, pleines d'illusions ou de chagrins, mère attendrie, amoureuse comblée, surprises dans un moment d'abandon ou de crainte. Ce « pointillisme littéraire » obéit à des règles strictes : chaque texte compte environ mille caractères, ne comporte ni nom, ni dialogue. Une narration clinique, attachée aux détails, ceux qui comptent.



 
Un contremaitre aux mains baladeuses, une grève dure, un concert sur fond de palettes qui brulent et des CRS qui donnent l’assaut. Ambiance très noire garantie....

Martine est debout devant son vestiaire. Le claquement de la porte métallique résonne dans le local quasiment vide. Celles qui viennent encore travailler se parlent à voix basse. Malgré cela les chuchotements font écho.
Martine passe ses mains sur ses hanches. La blouse commence à tirer. Ça plisse autour des boutons. Bientôt ça se verra. Quand elle a dépassé le piquet de grève, les filles l’ont interpellée comme tous les matins. Elles ont crié. Mais Suzanne, la plus âgée de toutes, celle qui a été licenciée en premier, n’a rien dit. Elle l’a juste examinée, s’attardant à la taille, puis a serré les lèvres en hochant légèrement la tête. A l’heure qu’il est, tout le monde doit savoir.
Il y a une grande AG cette après-midi. Les filles l’ont tannée pour qu’elle y aille. La réunion se fera sous le hall de déchargement. Plus de camion depuis le début de la semaine. Les gars les arrêtent au carrefour, à l’entrée de la zone industrielle. Mais il parait que les flics en ont arrêté plusieurs hier.


Harcèlement sexuel, révolte ouvrière, une peinture sans concession d’une grande grève de 1983 soutenue par les Bérurier Noir, une nouvelle soutenue par l’écriture sèche et précise de Jeanne Desaubry.



 
Au cours de ses voyages, Claudine Aubrun croque les passagers, Jeanne Desaubry révèle leurs réflexions intérieures fantasmées : un amalgame pertinent qui fait voyager aussi le lecteur… (avant-propos Dominique Sylvain)

Fantasmes – Je n’ai pas ma chance. Cent ans de trop. Sa bouche. Est-ce qu’il sait l’effet que ça me fait ? Non, et il s’en moque probablement. Sur le quai, il y aura une gamine de vingt ans qui l’attendra, les nichons stratosphériques et un ventre plat comme une piste de bowling. Et des fossettes au creux des reins. Bon sang ! il faut que j’arrête de penser à ce qu’ils feront en rentrant dans leur chambrette ou je vais lui mettre la main. Enfin, on peut toujours regarder son voisin en douce, les yeux mi-clos, et rêver, non ?

Claudine Aubrun a publié des dizaines de livres, essentiellement pour la jeunesse. Au gré de ses nombreux déplacements en métro, en train, en avion, elle croque les voyageurs. Les croquis publiés dans ce recueil datent, pour certains, de plus de dix ans. Moments fugaces, inconnus croisés, observés, le regard de Claudine Aubrun est parfois amusé, sensible, toujours bienveillant. Aujourd’hui, elle écrit et illustre ses textes.

Elle a hésité à publier cet album, né de son amitié avec Jeanne Desaubry, éditrice mais aussi elle-même auteure de romans policiers pour jeunes et pour adultes. Depuis longtemps Jeanne Desaubry s’amusait du regard curieux de Claudine Aubrun, et de son intérêt pour autrui. Comme elle, comme vous sans doute, elle s’interroge sur ses contemporains, notamment quand le moment suspendu du voyage lui en laisse l’occasion.
Elles ont voulu partager ces moments éphémères avec vous, quand le coup de crayon irrigue les mots rapides et que se croisent l’imagination de l’une et l’observation de l’autre.


Voyageurs, Claudine Aubrun illustrations, Jeanne Desaubry textes, préface Dominique Sylvain
 
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