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Publié par blog813

Libération à l'heure de 813

Libé Polar, lettre indispensable pour les amateurs de noir ! Dans cette édition, du 14 septembre, le livre STOP et les Trophées 813 ainsi que le nouveau numéro de la revue.
Merci Alexandra Schwartzbrod

Feu d'artifice Une nouvelle année littéraire commence et on a bien l'intention d'en faire un feu d'artifice. Nous adorons ce moment où les livres affluent et nous font de l'œil du haut de leur pile. Pourquoi en choisissons-nous un plutôt qu'un autre? C'est le grand, merveilleux mystère. Les premières lignes sont souvent décisives, un moment d'émotion intense, allons-nous être embarquée par l'histoire ou au contraire refermer l'ouvrage en nous disant «plus tard…», et alors le risque est grand que ce livre ne soit jamais rouvert.
Cette année nous serons plus nombreux et nombreuses à ouvrir des romans noirs avec ce délicieux pincement au ventre car nous accueillons parmi nous Christine Ferniot, une des meilleures spécialistes en France du polar, qu'elle chroniquait depuis de nombreuses années dans Télérama. Un renfort de choc qui va nous permettre de vous retrouver tous les quinze jours avec des tas de conseils, interviews et portraits d'auteurs et d'autrices.
Cela bouge sacrément, d'ailleurs, dans le milieu et plutôt pour le meilleur. La Série noire va ainsi republier à partir de début novembre des classiques du genre en format semi-poche avec une référence visuelle aux volumes d'origine, vous savez, ces volumes noirs et jaunes tout cornés que l'on adore resortir de temps à autre de notre bibliothèque. Vous pourez ainsi (re)découvrir la Dame dans le lac et le Grand Sommeil, de Raymond Chandler grâce à de nouvelles traductions de Nicolas Richard et Benoît Tadié et le Salon du prêt-à-saigner de Joseph Bialot avec une préface de Tonino Benacquista.
Par ailleurs, le premier roman noir de Laurent Petitmangin, Ce qu'il faut de nuit (Manufacture de livres), que l'on avait adoré en 2020, va être adapté au cinéma. Le tournage est en cours avec notamment Vincent Lindon. 
Le noir illumine décidément cette rentrée avec six romans post-apocalyptiques que vous découvrirez dans cette édition et deux romans qui figurent sur la liste de grands prix littéraires et dont nous vous parlerons dans quinze jours: Feux dans la plaine (Rouergue), d'Olivier Ciechelski, et Celles qu'on tue (Buchet-Chastel) de Patricia Melo. 
Régalez-vous, ce n'est qu'un début...

Alexandra Schwartzbrod
Directrice adjointe de la rédaction 

 

 
 

STOP, un livre pour dénoncer les ravages du capitalisme

L'écrivain Olivier Bordaçarre, dont on avait beaucoup apprécié le livre Appartement 816 (l'Atalante, 2021) est à l'origine de STOP, un recueil de 68 textes d'écrivains et artistes à paraître le 5 octobre. Tous réagissent, à leur manière, à la destruction en cours de l’humain et de la nature. 
Comment est venue l'idée de STOP
Un jour d'abattement, en 2022, j'ai listé les dégâts humains, sociaux, environnementaux du capitalisme. Je ne savais pas quoi faire de ça. On s'est dit avec des amis qu'on allait solliciter des écrivains et on a fini à 68. Les auteurs de polar sont ceux qui ont répondu avec le plus d'enthousiasme.
Comment peut-on résumer STOP?
C'est un livre qui s'inscrit dans un mouvement subversif face à la propension du système à vouloir homogénéiser les populations, les mettre dans des cases: les chomeurs, les migrants, les pauvres, les riches. L'homogénéité est un des fers de lance du combat capitaliste. Ce livre affirme que le contraire est toujours possible, qu'on a une petite chance de retourner ça si on est groupés.
Vous avez trouvé un éditeur facilement?
Oui, Pierre Fourniaud, le patron de la Manufacture de livres a dit oui tout de suite. Il s'occupera de reverser les recettes à des associations. Et une trentaine de libraires ainsi que de nombreux festivals sont prêts à nous aider. Notre but, c'est de construire du concret tous ensemble.
Recueilli par Alexandra Schwartzbrod

 

Les multiples visages de Victor del Arbol

Victor del Arbol a toujours été ambitieux. De son premier livre, la Tristesse du samouraï, paru il y a plus de dix ans, à son nouveau roman, le Fils du père (Actes Sud). Historien de formation, le romancier espagnol veut embrasser le siècle en privilégiant la fiction noire, filant de la guerre d’Espagne à la Sibérie, des combattants du front russe à ceux de la division Azul. Ex-séminariste, il a des idées sur le crime originel. Ancien policier à la brigade des mineurs, il connaît les mécanismes de la violence, en particulier sur les femmes et les enfants. Les vengeances qui traversent les générations, l’impunité des bourreaux, l’enfermement dans les crimes du passé. Christine Ferniot

Joel Saget/AFP

 

 

Drame de Montreux: les vertiges de l’enquête

Une tragédie peut en cacher une autre. Le 24 mars 2022, cinq Français d’une même famille sautent à tour de rôle du septième étage de leur immeuble de Montreux, en Suisse. Une femme de 41 ans, puis sa jumelle, la fille de 8 ans de cette dernière, son fils de 15 ans, et son mari, le père des deux enfants. Seul l’adolescent a survécu. Ce sidérant fait divers sert de point de départ à un livre passionnant, Ne réveille pas les enfants (éditions du Sous-sol) de la journaliste du Monde Ariane Chemin, qui tente d’en percer les ressorts. Avec un angle singulier: les jumelles suicidées sont les petites-filles de l’écrivain Mouloud Feraoun, assassiné en 1962 par l’OAS, avant la signature des accords d’Evian qui mirent fin à la guerre d’Algérie. Emmanuel Fansten

Fabrice Coffrini/AFP

 

En cette rentrée littéraire, Celeste Ng (Sonatine), Emily St. John Mandel (Rivages), Lilia Hassaine (Gallimard), Laura El Makki (les Escales), Karim Miské (les Avrils) et Laurent Petitmangin (la Manufacture de livres) illustrent les déchirements du monde avec des fictions dystopiques et post-apocalyptiques. Une façon de conjurer le sort, de se rassurer en couchant sur le papier des angoisses larvées, peut-être aussi une façon de témoigner de l’état du monde et de ses dérives. La pandémie est passée par là, réveillant des terreurs que l’on croyait oubliées et montrant que l’inimaginable reste possible. Sans compter ces peurs qui nous hantent, la montée de l’extrême droite ou du populisme aux Etats-Unis et en Europe, sur fond de dérèglement climatique et d’interrogations sur la viabilité de la planète. A.S.

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Photo : Peter Marlow.Magnum Photos

 

«L'aéroport de Longyearbyen, la dernière ville avant le pôle Nord.
«Lottie Sandvik se gara sur le parking, entre deux voitures aux pare-brise aveuglés par la neige. Il faisait moins quinze degrés et elle retarda encore un instant le contact avec l'air glacé en s'allumant une dernière cigarette. Sur le siège passager, son téléphone mitraillait des notifications. Des amis, des collègues en congé, le journal local. Tout le monde savait déjà. Parmi les messages, un de Jorn Rost, son supérieur, s'affichait encore sur l'écran. "Le corps est dans un sale état. Prépare-toi."»

Personne ne meurt à Longyearbyen, Morgan Audic, Albin Michel, 377 pp, 21,90 €, à paraître le 21 septembre

 

 

 

«La mariée de corail», homardier et femme en mer

La mer est omniprésente dans ce polar, et aussi les maquereaux, les homards. Et les hommes. Les rivalités entre pêcheurs dans cette lointaine région de Gaspésie – une péninsule située dans l'est du Québec –, sont le cœur de l’intrigue troussée par la Québécoise Roxanne Bouchard dans la Mariée de corail (éditions de l’Aube noire). Et ces hommes se battent tous autour d’une femme, la véritable héroïne de ce roman noir, Angel Roberts, qui, chaque année depuis dix ans célèbre le jour de son union avec Clément Cyr, dans la robe de mariage qu’elle portait ce jour-là. C’est elle la fameuse mariée de corail et vous allez très vite comprendre pourquoi... A.S.

Plainpicture

 

«Post frontière», les vertiges de la guerre

Un vrai roman noir. Noir comme les croix gammées qui, en cette année 1944, vacillent dans toute l’Europe, laissant derrière elles des champs de ruines et de morts. Le prologue de Post Frontière, de Maxime Gillio (Talents éditions) débute à cette époque, dans un petit village de Bohême, rattaché au Reich depuis 1938. Le vent de l’histoire est en train de tourner, l’heure de la vengeance a sonné pour les populations tchécoslovaques qui se sont fait spolier et humilier par la minorité germanophone. Et même si Anna, simple paysanne dont la famille vit ici depuis des générations, n’a jamais fait de politique, c’est une Allemande, une «Sudète», et elle va devoir quitter sous les crachats sa terre, avec ses deux enfants en bas âge, pour un exil de sang et de larmes à travers les camps russes puis Berlin dévasté. Fabrice Drouzy

 

«le Chant des innocents», l’exemple du mal

On adore Vito Strega, le héros du Chant des innocents (Gallmeister) de Piergiorgio Pulixi. Un homme imposant aux mains «noueuses et puissantes». Il est beau et mal dans sa peau, sanguin et irascible: normal, il est sur la touche pour avoir tué un de ses collègues. Accidentellement? Le lecteur le saura à la fin. Tout comme la psy qui ne parvient pas à déterminer s’il est apte à réintégrer son service. La première scène de crime est glaçante. Une gamine de 13 ans couverte de sang, poignard à la main, s’acharnant sur un homme qu’elle vient de larder de 85 coups de couteau. Le pire, c’est son sourire, diabolique. Quand d’autres crimes horribles sont commis par d’autres adolescents, l’inspectrice chargée de l’enquête qui, comme nous, a un faible pour Vito Strega, fait appel au commissaire de façon officieuse... A.S.

 

Etranglée par les dettes, la Tache noire appelle au secours

Tous les auteurs et autrices du genre la connaissent, certain·e·s ont même émergé grâce à elle. La Tache noire, cette librairie-café spécialisée dans le polar, fondée le 1er septembre 2018 à Strasbourg par Eric Schultz, a lancé samedi 9 septembre sur Instagram un appel au secours et aux dons via une opération de crowdfunding. Etranglée par les traites et les retards de loyer, elle ne parvient plus à s’en sortir alors que son activité progresse. A.S.

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Les Prix 813 ont été décernés le 9 septembre à la Bilipo (Bibliothèque des littératures policières), à Paris.

- L'italien Piergiorgio Pulixi a reçu le trophée Michèle Witta du meilleur roman étranger pour l'Illusion du mal (Gallmeister), qui vient de sortir en poche dans la collection Totem.
- Le trophée du roman francophone est attribuée à Valentine Imhof pour le Blues des phalènes (Rouergue noir).
- Roger Martin a reçu le trophée Maurice Renault pour Ed Lacy: un inconnu nommé Len Zinberg (éditions A plus d'un titre).
- Le trophée de la nouvelle a été décerné à Jérémy Bouquin pour Baraques à frites (éditions In8 - collection Polaroid).

- Le trophée de la BD pour  Nettoyage à sec de Joris Mertens (Rue de Sèvres)

 

«Le Gang des Bois du Temple», laissés-pour-compte et légendes

Inspiré d’un fait divers, le nouveau film de Rabah ­Ameur-Zaïmeche suit une bande de braqueurs sublimes, évoluant dans une géographie flottante. Le Gang des Bois du Temple, nommé d’après une vraie cité de Clichy-sous-Bois où son récit se déroule et où ses bandits de fiction ont leurs quartiers, a été tourné à Bordeaux et Marseille. Et le film ne s'en cache pas. Luc Chessel

 

C'est une spécificité française, les festivals polar pullulent.
Notre sélection mensuelle.

Un aller et retour dans le noir, à Pau (Pyrénées-Atlantique)
du 30 septembre au 1er octobre
avec Andrée Michaud, Hélène Couturier, Marin Ledun, Alice Géraud, DOA, Caryl Férey...

Lire en poche, à Gradignan (Gironde)
du 6 au 8 octobre

Toulouse Polars du Sud, à Toulouse (Haute-Garonne)
du 7 au 8 octobre, parrainé par Giancarlo de Cataldo

 

 

Alibi

Un numéro spécial avec un gros dossier sur les erreurs judiciaires dont douze seulement ont été reconnues depuis... 1945!
Et puis une nouvelle inédite de Jacky Schwartzmann, «l'écrivain de polar le plus drôle de sa génération», dixit Alibi et on est bien d'accord. 
Ne ratez surtout pas ce numéro!

813

Un dossier sur Stephen King, le «maître du noir», sur lequel ont écrit des auteurs du genre comme Jérémy Fel, Gwenaël Bulteau et Jérôme Leroy.
Et puis une enquête sur les amis de Georges (Simenon) par Christiane Trigory. 
Enfin le portrait, par Jeanne Guyon, d'Avraham Avraham, le «héros très discret» du l'auteur israélien Dror Mishani.

Une newsletter mensuelle réalisée par Alexandra Schwartzbrod

Avec Luc Chessel, Fabrice Drouzy, Emmanuel Fansten et Christine Ferniot

Documentation: Bénédicte Dumont et Claudine Mamy

Conception graphique: Christelle Causse et Jean-Charles Thébaud

Editing photo: Laure Troussière

 
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