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Publié par blog813

Ce jeudi 19 mars, la lettre de Libé polar a annoncé le résultat nos trophées 2024 avec en sus un lien vers une note critique du roman de Marin Ledun datant du 20 mars 2023.
Merci  Alexandra Schwartzbrod

 

Vous êtes chanceux

Difficile désormais de lire des romans d'espionnage, il suffit de consulter un site d'information ou d'ouvrir le journal (Libération surtout, hein?) et de lire les derniers rebondissements de la tragédie du Proche-Orient. L'opération montée – de toute évidence par Israël – pour faire exploser simultanément des bipeurs et des talkies-walkies fournis au Hezbollah est inédite, hors norme. Un romancier n'aurait sans doute pas considéré ce scénario comme suffisamment crédible et aurait lâché l'idée avant même de la coucher sur le papier. Elle donne une idée de la folie qui règne dans cette région, et que l'on retrouve d'ailleurs dans le remarquable livre de Frédéric Paulin dont nous vous avons déjà parlé, Nul ennemi comme un frère (Agullo), qui raconte justement la naissance du Hezbollah (littérallement le «parti de Dieu», en arabe) et l'utilisation du Liban comme terrain de jeu (de vilains) par toutes les puissances et les confessions locales, régionales et mondiales. Et si vous voulez comprendre comment Israël infiltre des groupes ennemis, palestiniens ou libanais, il faut voir ou revoir la série israélienne Fauda qui montre bien, là aussi, la spirale meurtrière qui va crescendo dans cette région.  
N'espérez pas vous détendre et vous changer les idées avec le dernier James Ellroy, dont vous trouverez la critique ci-dessous. C'est trash, tendu et sans respiration possible, et surtout ça démonte le mythe Marilyn Monroe: si vous êtes un fan de l'actrice, cela risque de vous ficher un coup. L'auteur américain sera l'invité vedette du festival «Un aller et retour dans le noir», à Pau, les 5 et 6 octobre, nous aurons l'immense chance de le rencontrer, vous serez bien sûr les premiers informés de toutes les vacheries qu'il lâchera à cette occasion. 
Si tout cela vous donne envie de bon vieux classiques, vous êtes chanceux, deux éditeurs (re)publient des supers auteurs. A l'occasion du centenaire de la naissance de Truman Capote, Payot/Rivages offre simultanément le Fantôme de Truman Capote, de Leila Guerriero – qui s'est plongée dans la génèse de De sang-froid, le livre qui a marqué une époque et un genre – et Quatre meurtres et un bal en noir et blanc, la correspondance de Truman Capote. La Série noire, de son côté, va republier en novembre trois formidables écrivains: Horace McCoy avec Un linceul n'a pas de poches, David Goodis avec Tirez sur le pianiste! et Jean Amila avec Y'a pas de Bon Dieu! Ah ça, on n'aurait pas dit mieux!

 

Alexandra Schwartzbrod
Directrice adjointe de la rédaction 

 

Une suite de chapitres bien trash. Une plongée dans un monde de pourris. Une mitraille sans merci. Dans son dix-septième roman, le «Dog» excavateur de l’Amérique des années 50 et 60 s’attaque (entre autres) au mythe Monroe en la mettant aux prises du manipulateur véreux Freddy Otash qu'Ellroy décrit ainsi: «Rançonneur à son compte, fouille-merde pour torchons à scandale, tueur sans scrupule, maître chanteur d’époux adultères, drogueur de chevaux de course, indic du chef William H. Parker, fournisseur de femmes et de came pour le président John F. Kennedy et agent provocateur pour le procureur général Robert F. Kennedy, au moment de l’opération combinée LAPD/Département de la Justice de l’été 1962». Sabrina Champenois

Photo  Warner Bros/Richard Avedon.Bridgeman Images

 

Thomas Bronnec complète son œuvre de polars politiques avec une dystopie où s’entremêlent quatre politiciens prêts à tout pour réussir, des féministes radicales et une société du spectacle sans foi ni loi. A.S.

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Photo Denis Allard/Libération

 

 

Iain Levison rit jaune d’une société sans morale

Avec les Stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques, l’auteur américain poursuit la veine du roman noir caustique pour décrire une Amérique qui néglige tous ses rêves. Christine Ferniot 

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«Beyrouth, 13 avril 1975», à bord du bus par lequel la guerre civile est arrivée

Le journaliste Marwan Chahine mêle, dans un récit-enquête publié par Belfond, son histoire personnelle à celle d'un attentat contre un bus transportant des Palestiniens dans les environs de Beyrouth le 13 avril 1975. Une attaque qui marquera le début d'une guerre civile qui ensanglantera le Liban durant quinze ans. A.S.

Photo AFP

 

Marie Vingtras, quatre saisons et un enterrement

Avec les Ames féroces (l'Olivier), l’autrice française nous embarque dans une petite bourgade américaine effrayante de banalité où elle joue en jubilant avec les codes du feuilleton et du cinéma noir. Ch.F.

Photo Christophe Lehenaff/Getty Images

 

«Le diable danse encore», sur l’île du bout du monde

Dans son nouveau thriller, publié par Robert Laffont, la Suédoise Maria Grund nous immerge en pleine mer Baltique aux côtés de deux enquêtrices traquant le meurtrier d’un homme sans histoire retrouvé nu et mutilé. Fabrice Drouzy

Photo Malin Englund/iStockphoto. Getty Images

 

William Boyle, comme un sentiment d'absence

Bobby et son pote Zeke voulaient juste blaguer quand ils ont lancé leurs cailloux sur le pont de l’autoroute. Mais ils ont visé juste et touché la conductrice de la petite Toyota rouge. Amandia est tuée sur le coup. Cette gamine de dix-huit ans, fille de Jack, le redresseur de torts du quartier, rêvait de devenir écrivaine. Jack ne se remet pas, traîne sa douleur, jusqu’au jour où il croise Lilly, animatrice d’un atelier d’écriture, et décide de s’y inscrire en souvenir d’Amandia. William Boyle est un enfant de Gravesend, à Brooklyn. Il sait raconter les rues tant de fois arpentées, les immeubles en décrépitude et les habitants modestes de ce coin un peu paumé mais débordant d’humanité. Dans ce roman bouleversant qui sort ces jours-ci en poche, il décrit les relations familiales, le sentiment d’absence, de culpabilité, et compose avec Jack, père déchiré, un personnage éperdu de solitude. Mais il n’oublie pas les personnages féminins, telle Lilly, la romancière en herbe. Elle est une bouffée d’espoir et de lumière dans ce polar très noir et remarquablement écrit. Ch.F.

Eteindre la lune, William Boyle (traduit par Simon Baril), Totem, 11,50€

«“Il n'y a pas d'autre moyen?” demande Niema Mandripilias d'un air horrifié, à voix haute, bien que la pièce soit vide. Elle a la peau mate et une tache d'encre sur son petit nez. Ses cheveux gris descendent jusqu'à ses épaules, et ses yeux d'un bleu saisissant sont pailletés de vert. Elle semble avoir une cinquantaine d'années, et ce depuis quarante ans. Courbée sur son bureau, un stylo dans sa main tremblante, elle contemple la confession qu'elle essaie de terminer depuis une heure à la lumière d'une bougie solitaire.
«“Pas que je sache, lui dis-je, dans ses pensées. Quelqu'un doit mourir pour que ce plan fonctionne.”»

Stuart Turton, Dernier meurtre au bout du monde, traduit par Cindy Colin-Kapen, Sonatine, 448pp., 24€.
A paraître le 17 octobre

 

Marin Ledun remporte le Trophée 813 pour «Free Queens»


L'association 813 des amateurs de littérature policière vient de décerner ses cinq trophées de l'année et il n'y a que du bon.
– Marin Ledun remporte celui du meilleur roman francophone avec Free Queens (Série noire/Gallimard), un livre qui nous fait découvrir les pratiques de certaines multinationales se livrant, de Kaduna à Lagos, à une véritable privatisation du corps des femmes.
– Dennis Lehane récolte le trophée du meilleur roman étranger avec le Silence(Gallmeister), un chef-d'œuvre dont nous vous avons longuement parlé.
– Le collectif Stop (la Manufacture de livres) gagne, lui, le trophée du meilleur recueil de nouvelles.
– Nicolas Le Flahec emporte le prix Maurice-Renault pour Jean-Patrick Manchette, derrière les lignes ennemies (la Table ronde).
– Enfin Christophe Dabitch (scénario) et Piero Macola (dessin) sont récompensés par le trophée de la meilleure bande dessinée pour le Passeur de lagunes (Futuropolis).

Lire notre critique de Free Queens du 30 mars 2023

 

Dans les films noirs, l’homme est un chelou pour l’homme

Quatre films noirs américains ressortent en salles en version restaurée dont le très beau l’Evadée d’Arthur Ripley. Des œuvres dont les héros aux destins maudits reflètent la violence des années 40. Camille Nevers

 

 

C'est une spécificité française, les festivals polar pullulent.
Notre sélection mensuelle.

Lisle Noir, à Lisle-sur-Tarn (Tarn)
du 20 au 22 septembre, avec un accent sur les faits divers, l'Espagne et la jeunesse.

Festival Thrillers, à Gujan-Mestras (Gironde)
du 28 au 29 septembre,
Un salon parrainé cette année par Sonja Delzongle et Franck Thilliez.

Un aller et retour dans le noir, à Pau (Pyrénées-Atlantiques)
du 4 au 6 octobre
Avec, en vedette américaine, James Ellroy!

 

Le tour du monde en 80 polars

Pour ceux qui se désoleraient d'avoir raté ce hors-série Polar de 100 pages que nous vous avons mitonné avec passion et que l'on ne trouve plus en kiosque, sachez que vous pouvez encore vous le procurer, pour 9,90€, sur la boutique de Libération

 

Une newsletter bimensuelle réalisée par Alexandra Schwartzbrod

Avec Fabrice Drouzy, Christine Ferniot et Camille Nevers

Documentation: Bénédicte Dumont et Claudine Mamy

Conception graphique: Christelle Causse et Jean-Charles Thébaud

Editing photo: Laure Troussière

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