37 salauds
Des cris déchirants dans la nuit. Une femme est assassinée dans une rue du Havre, à 3 heures du matin. Des témoins ? Rien vu, rien entendu, 38 faux témoins la conscience en
berne, " Non monsieur le procureur, je dormais" « Et vous ? » " A 3h du matin vous pensez bien,
je dormais aussi." Un seul témoin est torturé. Faut-il parler, soulager sa conscience, faut-il faire son "travail "de citoyen ? Pour 37 d'entre eux, pas de questions, pas de
réponses, pas vu, pas pris. La police, la justice pose des questions, j'y suis pour rien, moi ! Et si, justement, vous y êtes, devant ce qui doit être la justice, pour avoir la
conscience en paix.
Une journaliste bien informée sort malgré tout son papier, " Oui, il y a eu un témoin", et les 37 autres de sortir de leur silence
coupable. Tous sans doute de dire " Mais que fait la justice devant ce meurtre." L'enquête n'avance pas. La parole est-elle coupable ou
salutaire, le silence n'est qu'un petit arrangement avec soi-même, fermer les yeux, se boucher les oreilles, le temps fera le reste. Les journaux l'écrivent encore : " Silence on tue." Lucas Belvaux met la doigt où ça fait mal "On ne savait pas", mensonge qui a beaucoup servi.
On ne sait rien, ni vu, ni entendu, mensonge banal qui, multiplié par 37, devient assourdissant.
Yvan Attal, le témoin torture, fermé, la parole rare, en proie au doute, à l'indicible, comment partager ses peurs, ses émotions, devant un
trottoir encore taché de sang. Et pour le redire, la conscience, vaste sujet, ne fait pas forcément bon ménage avec l'âme. En votre « âme "et" conscience »,
jurer de dire toute la vérité rien que la vérité, selon la formule consacrée, certains s'en accommodent, d'autres pas, le jugement sur soi-même est sans doute le plus accablant
ou le plus bénéfique. Un miroir nous est tendu en permanence et nous questionne : ai-je fait mon devoir d’humain ou suis-je un lâche ? Verdict implacable ! Une écriture
filmique remarquable et la ville du Havre filmée en beauté.
« 38 Témoins » film de Lucas Belvaux