Le Panier de Jeanne
Marché du 4 mai 2015
Goodbye Mrs Rendell
Il en va du polar comme de la boisson. Il en faut pour tous les goûts. Ruth Rendell titrait plutôt du côté « thé un peu fort » que du côté whisky. Pour ce dernier, voir plutôt « Perfidia » , la dernière parution de James Ellroy. En commun : la couleur. C’est un début, non ?
En hommage à l’écrivaine morte le 2 mai 2015, et qui laisse derrière elle une œuvre conséquente, un petit coup de rétro s’imposait.
On trouvera sur le site « Bouquinet » : une liste quasi complète des romans de la grande dame anglaise et quelques critiques.
Autopsie d'un bouquiniste
François Darnaudet
Éd.Wartsberg 2015
Par Claude le Nocher
[…]À l'évidence, le décor du Bassin d'Arcachon a ici une certaine importance. Néanmoins, il serait erroné de penser qu'il s'agit d'un roman à caractère régional. En réalité, outre son intrigue criminelle bien présente, c'est d'ethnologie du noir polar dont il est question. Car le véritable héros est l'immense Chester Himes. C'est lui que nous suivons avec plaisir en ce printemps 1953, et quelques temps plus tard, avec sa compagne. Ses premiers livres ont connu un petit succès d'estime, mais il n'a pas encore rencontré le patron de la Série Noire, Marcel Duhamel. Ce n'est que plus tard qu'il va créer Ed Johnson, dit Cercueil, et Jones, dit Fossoyeur, inspecteurs noirs de Harlem qui connaîtront des aventures débridées. Himes est alors proche de la dèche, concluant avec peine son roman en cours, tandis que son amante Willa essaie d'écrire une histoire inspirée de sa vie à elle.
Voici ce qu'en dit Jean-Bernard Pouy dans la préface : “Je ne suis pas chercheur, mais j'ai la conviction que tous les éléments biographiques et historiographiques concernant l'écrivain américain sont exacts, habilement mélangés à ceux de la fiction imaginée par Darnaudet. Et même s'ils étaient de pure invention, qu'importe, puisqu'ils semblent vrais.” En effet, grâce à la construction du scénario, l'enquête de Francis, le retour sur la nuit de la mort du bouquiniste, et la reconstitution des scènes avec Chester Himes, se côtoient en harmonie. Les amateurs de polars, de SF et de BD, noteront quelques titres de référence chers à l'auteur. C'est un authentique suspense que nous propose François Darnaudet, autour de cette figure essentielle de la littérature noire que fut Chester Himes. Un écrivain dont il faut relire les cinq premiers titres, romans sociopolitiques, cités dans ce livre.
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Maman a tort
Michel Bussi
Presses de la Cité 2015
par Lucie Merval
Scène d’ouverture du nouveau roman de Michel Bussi : l’aéroport du Havre où une femme et son enfant s’apprêtent à prendre l’avion. Sensation de malaise comme pour l’hôtesse de l’air… Il y a quelque chose d’étrange dans ce duo… Peu de temps après, nous suivons la commandante de police Marianne Augresse, qui est à la poursuite d’un certain Alexis Zerda. Qui est-il ? Quel rapport avec cette histoire d’enfant ? Un doudou est le seul témoin de cette histoire de fou qui se déroule sur cinq jours…
Remontons le fil du temps. Toute l’équipe havraise de la Commandante Augresse est mobilisée pour mettre la main sur Timo Soler, un fugitif blessé et recherché depuis des mois après un braquage à Deauville qui a mal tourné. Des planques sont organisées, des pistes exploitées… Un des policiers surnommé Papy décide même d’aller enquêter de nouveau à Potigny, dans le Calvados, découvrir de nouveaux éléments sur le passé de ces jeunes impliqués dans le braquage. Il suit son intuition, il sent qu’une des clés de cette affaire se trouve là-bas…
Marianne est une femme qui tient tête à ses lieutenants mais elle est une reste une femme avec sa fragilité, son côté fleur bleue… On en découvre plus sur elle quand elle sort avec son amie Angie : sa solitude, son désir d’enfant… Alors quand un charmant psychologue scolaire, Vasile vient la voir pour une étrange demande, elle ne reste pas de marbre devant ses beaux yeux. Il lui annonce que l’un des enfants dont il s’occupe, Malone, affirme que sa maman n’est pas sa maman et qu’il le croit ! […]
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Exécutions à Victory
S. Craig Zahler traduit par Sophie Aslanides
Gallmeister 2015
par Jeanne Desaubry
Ne cherchez pas « Victory – Missouri » sur une carte des États-unis. Vous ne trouverez pas. L’affaire que nous conte Zahler pourrait tout aussi bien se dérouler à Sarajevo ou Zagreb, après la guerre. Juste après. Quand des ombres habitent des ruines et quand la police n’a pas vraiment d’existence pour toute une partie de la population. La périphérie y est absolument glauque, le centre ville à peine moins.
Notre héros est noir : si noir « qu’il en paraît violet ». Obligé de quitter l’Arizona après une gaffe presque drôle (presque, car la victime en est morte) Jules Bettinger se coltine le froid terrible du Missouri.
Sa mutation sanction va à jamais transformer sa vie. Ce roman est bien sûr un roman de suspens, un thriller avec une enquête bien menée, des moments intenses, des portraits de personnages haut en couleur. Mais, c’est surtout le roman d’une transformation. Bettinger ne repartira pas de Victory comme il y est arrivé. Ses convictions, ses partis pris, ses comportements auront définitivement subi de profondes mutations. Sa façon de voir le monde aussi. […]
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