[le billet] Cadeau empoisonné
Mon père a été PDG de la Mondiale, la bien nommée. Quand on transporte de tout vers l’orient on finit par ramener des produits typiques. Les chauffeurs sont des habitués. Ils n’y a pas longtemps, ils avaient pris un abonnement avec l’administration pénitentiaire.
Moi, sa fille, je roule sur l’or, mais pas si longtemps, mon mari a la tête qui tombe dans son assiette !
Je ne serais jamais plus la collectionneuse de feux d’artifice. J’ai 53 ans, j’ai deux filles et je suis traductrice dans les tribunaux. Pour moi, c’est l’arabe, et le fond de la gamelle fait partie du quotidien.
Il y a aussi maman qui vit dans un mouroir bien propre. C’est moi qui paie et ça coûte beaucoup. Les millions d’avant se sont envolés.
Enfin le hasard fait bien les choses et la fortune est planquée le long d’une autoroute.
Parler l’arabe est bien utile. Beaucoup sont intéressés par la marchandise et la première victime est retrouvée dans l’entrée de son HLM. Le deuxième, en prison, égorgé.
Il manque pour les vendeurs une tonne deux cents de cannabis. Le business est florissant et les vacances en Suisse accompagnées de bijoux et de marques de luxe me vont à ravir.
La dope que je planque dans la cave finit par être encombrante. Quoi faire avec les 463 kilos restants ?
Comment passer de fonctionnaire zélée à trafiquante ? Pourquoi être fatiguée par sa mère en fin de vie ? ... Et être débordée par une soudaine richesse empoisonnée, entre le laisser-faire de certains policiers, les maisons de retraites se remplissant les poches et le trafic participant à l’économie.
La Daronne ; Hannelore Cayre ; Ed. Métailié, mars 2017.Prix Le Point Européen du polar 2017.