[le billet] Pardonner peut être oublier jamais.
Anna garde son tablier toute la journée. Samuel aime sa mère. Quoi faire d’autre depuis que Léon s’est enfermé dans son bureau ? Cinq ans, sans un mot.
Puis il traverse la cuisine et se sert un café. On est en 2010.
Avril 1944. “Police allemande vous êtes en état d’arrestation.” Quarante cinq enfants juifs sont emmenés dans des camions bâchés. Un seul manque à l’appel, Léon Adler.
Il a dormi dans une grange et quand il revient au matin, la colonie est vide.
Il ne reste de sa sœur Sarah que son ours et son manteau bleu pâle.
Soixante dix ans plus tard, Léon a décidé de se taire, plus un mot, plus rien.
Dans La République de ce matin, la guerre vient frapper dans les colonnes du journal. Le délateur de 1944 est nommé.
C’est lui, Ferrer qui a donné les enfants juifs aux allemands.
Vient l’heure des souvenirs, du malheur, de la défaite.
Samuel et Marie, fils de l’un et fille de l’autre se rencontrent. Ferrer est –il coupable ?
Marie semble plus pressée de connaitre la vérité. Les recherches se font dans la douleur.
Ils visitent les Camborde, les Lacoste. Les photos d’époque sont étalées, mais qui est donc le photographe ?
Marie, Samuel, quoi se dire ? Qu’ont à leur dire les coupables, les victimes ?
Il en reste deux, un Adler, un Camborde, ça fait 70 ans. Tous deux de garder le silence.
A quoi bon ? Le silence évite les emmerdements. Plutôt s’effacer.
Chercher dans les photos... Celui qui met la main sur l’épaule des enfants, c’est lui sûrement...
Jusqu’à la fin des temps le massacre des juifs fera date. C’est le fait historique du 20 e siècle. Et deux témoins, deux acteurs suffisent à nous sonner les cloches. Ceux qui n’ont pas été présent à cette époque, essaient de comprendre le pourquoi, le comment, les réponses se font toujours attendre.
Dans la douleur du siècle ; Gilles Vincent ; Ed. In 8 ; janvier 2018.