Place aux couleurs d’ici ... et au Québec ?
«Rivière tremblante», d’Andrée A. Michaud, traite de la disparition d’enfants dans des circonstances troubles.
Place aux couleurs d’ici
Il y a bien sûr ceux qu’on attend impatiemment chaque année : les incontournables, les grandes pointures, ceux et celles qui participent à l’élargissement de la définition même du genre. Donna Leon (Les disparus de la lagune, chez Calmann-Lévy en septembre). Arnaldur Indridason (Les fils de la poussière, chez Métailié quelque part à l’automne). James Lee Burke aussi (La maison du Soleil levant, en octobre chez Rivages) et autres Ian Manook (Heimaey, chez Albin-Michel en octobre) de tout poil. Mais cette année, c’est différent. Tout simplement parce que les livres les plus attendus portent cet automne la signature d’auteurs d’ici.
Reprise et retours
Il y a d’abord Andrée A. Michaud, l’auteure de l’admirable Bondrée (Québec Amérique et Rivage), qui publie son nouveau thriller, Rivière tremblante, chez Rivages. Le livre, paru ici l’an dernier, sortira en septembre en France ; il traite de la disparition d’enfants dans des circonstances troubles. Ces drames sont séparés par trente années… mais réunis par l’horreur qui les caractérise.
Deuxième moment important de cette rentrée : le retour, mi-octobre, de Jean-Jacques Pelletier chez Alire avec Radio-Vérité. En revenant à ses personnages des Gestionnaires de l’Apocalypse, Pelletier met en scène un amateur de radio-poubelle enlevé par des ravisseurs exigeant rien de moins que la fermeture de la station ; c’est l’occasion de se pencher sur les dérives et les manipulations engendrées par l’information-spectacle. Chez le même éditeur, toujours en octobre, le collègue François Lévesque revient lui aussi, dans Neiges rouges, à ses inspecteurs Dominic Chartier et Vincent Parent, l’improbable duo de sa précédente histoire. Cette fois, il aborde le thème des difficiles relations entre les femmes autochtones et le pouvoir blanc.
Il y aura également un retour chez Expression noire en septembre, puisque Hervé Gagnon revient avec Adolphus à son journaliste préféré : Joseph Laflamme. La sixième enquête (déjà !) de Laflamme fait référence à un meurtre à la hache commis à Montréal par un certain Adolphus Dewey en 1833. L’histoire se déroule au parc Sohmer et met en scène l’univers des forains. Chez le même éditeur, un peu plus tard, Johanne Seymour nous propose La beauté intérieure, la deuxième enquête de son duo Rinzen Gyatso et Luc Paradis. Ils enquêtent ici sur la mort d’une Mexicaine dont le torse a été brûlé à la cigarette pour y inscrire un message.
Autre objet étrange de cette rentrée qui ne sent pas du tout l’automne : La danse de l’ours, de Patrice Lessard, chez Héliotrope, en septembre, raconte ce que l’on ne peut qu’appeler un coup foireux. Après le bizarre Excellence poulet, ce nouveau récit explore tout autant les berges marécageuses du lac Saint-Pierre que la paranoïa, s’il faut en croire la quatrième de couverture.
Bien sûr, il aurait aussi fallu signaler plus longuement une nouvelle enquête de l’antiquaire Alexandre Jobin (Ces femmes aux yeux cernés, d’André Jacques, en octobre), un nouvel opus de Florence Meney (Sur ta tombe, en septembre), dont l’écriture admirable est trop peu connue, de même qu’une nouvelle aventure collective pilotée par Richard Mignault (Mystères à l’école, en septembre), le tout chez le petit éditeur Druide, mais attendons plutôt le deuxième tome de la nouvelle série de Benoît Bouthillette — qui devrait venir de l’autre côté de la neige — pour reparler plus longuement du travail des petites maisons.
1 septembre 2018
Le polar québécois fait une entrée remarquée cet automne.
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