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Publié par blog813

Chapeau l'artiste
Un serial killer assassine des artistes de toutes sortes et de tous genres. Pour chacun d’eux il organise une scénographie proche de l’œuvre artistique de la victime. C’est l’inspecteur[1] Heckmann qui est chargé de l’affaire. Voilà les grandes lignes du nouveau roman d’Antonin Varenne.

Un serial killer… un thriller de plus me direz-vous ? Hé bien ça n’est pas si simple. D’abord parce qu’Antonin Varenne est aux commandes.

On sait l’attachement qu’il porte à ses personnages. Ici trois figures principales :

Le flic appelé à une grande carrière, Virgile Heckmann : issu d’une grande famille,  « un homme blond, costume clair et haute taille », solitaire, un peu rigide et sans humour, très intelligent. Dans la scène inaugurale, spectacle qui le hantera, il arrive sur les lieux d’un suicide où une jeune mère s’est défenestrée en compagnie de ses deux enfants. Le roman le verra se détendre un peu, s’humaniser au contact des autres personnages. 

Maximilien Marty, dit Max, un laveur de carreaux, entendons par là un alpiniste d’immeubles[2], nettoyer des carreaux à la Défense ne lui fait pas peur. Il appréhende sa future paternité ; sa femme Hélène, enceinte de 7 mois, attend beaucoup de cette naissance et lui est un peu déboussolé. Le motard anar, homme libre appréhende la peine de vingt ans qui l’attend. Il sera témoin de l’un des meurtres artistiques et aidera Virgile dans son enquête. Mais bien plus, il aidera le policier à se détendre (en équilibre sur des poutres de la Tour Eiffel)

Le troisième larron, Roland Parques, est un vieux bonhomme solitaire résistant à la modernité dans son pavillon encombré coincé entre les immeubles flambant neufs, radié de l’ordre des médecins pour avoir procédé avant la loi Weill, à pas mal d’avortements. Bougon, râleur, pratiquant le whisky solitaire, il est un homme sage, plein d’empathie.

Le cadre est brossé et le récit est mené tambour battant, à la poursuite de l’artiste sanguinaire  aux « visions » de plus en plus glauques. On ne lâche pas le roman. Antonin Varenne est aussi un maître du thriller.

Ses romans ne sont pas que divertissants, on y voit une jeune femme se jeter dans le vide avec ses enfants dont l’un ne survivra pas, les personnages ne sont pas des caricatures. L’auteur nous amène à réfléchir sur notre société. Le tout avec du suspense et une pointe d’humour.

On savait qu’Antonin Varenne, après s’être fait un nom mérité dans le polar, s’était tourné vers le roman d’aventure avec une trilogie remarquable (Trois mille chevaux vapeur, Équateur, La Toile du monde). On se dit : « Tiens il revient au thriller et au polar…». Hé bien pas exactement. Ce roman est paru en 2006 sous le titre Le Fruit de vos entrailles, aux Éditions Toute Latitude. Il a été entièrement retravaillé par son auteur, sous la houlette de La Manufacture des livres (qui avait déjà publié Battues  et Cat 215).

Pourquoi reprendre un premier livre ? On imagine que l’auteur tenait à cette première histoire et qu’il paraissait important de la présenter sous un meilleur jour encore.

Pari réussi.

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Un petit mot, pour terminer, sur les éditions la Manufacture des livres. À la fin de l’ouvrage, j’ai découvert ceci ►

Un roman ça n’est pas seulement un auteur, un éditeur et au bout un livre. C’est toute une chaîne d’individus.

 Bravo Monsieur Fourniaud, c’est une attention très élégante pour toutes les personnes de l’ombre.

B.L.

 

L’Artiste, Antonin Varenne, La Manufacture des livres, sortie le 5 septembre 2019
 

[1] L’histoire se déroule en 2001 avant l’euro et à une époque où les  policiers n’avaient pas encore de grades militaires

[2] Profession que l’auteur a exercé lui-même

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