À l’ombre de la montagne
Chez nous, c’est la saint Barthélémy. Tout se fait, tout se défait. Le jour le plus important de l’année. Pour être bien vu, il faut avoir sa place réservée au cimetière.
Levasseur décide d’y vivre et d’y construire une bergerie.
Après son long “voyage “en Afrique, les rumeurs vont bon train. Ségurian, est le village des chasseurs. Les fusils, c’est le quart des habitants.
Il est tout seul, Levasseur, pour construire sa bergerie. Personne ne lèvera le petit doigt pour un coup de main. Elle est construite au mauvais endroit et tout le monde est d’accord.
Au bistro, chez Babeth, on refait le monde. Et les chiens sont plus que sauvages.
Dans le village, les Anfossso sont les patrons. Ils se sont fabriqués avec la montagne qui les entoure, ils ont le même caractère et la même odeur.
Qui va gagner ? les sangliers et les fusils ou les moutons et les abeilles ?
D’autres n’ont pas le courage. Ils envoient les plus jeunes au casse-pipe.
Monsieur le curé va voir Levasseur qui il est un peu perdu et accepte ce qu’il lui demande.
En ce 24 août, saint Barthélémy n’en fait qu’à sa tête.
Levasseur représente la malédiction, disent les villageois. Le voilà seul contre tous. Dans la vie de Levasseur, il y a les enfoirés de chasseurs, Jeanne et son ventre rond, Emmanuel, l’homme à la moto et aux clous, papa maman, le maire.
La vie se venge. Accuser c’est facile, agir c’est autre chose.
On ne mélange pas la vie et la mort, les moutons et les sangliers. Les hommes sont bien d’accord. C’est la province, celle trop près de la montagne. Elle a tout vu.
La Certitude des pierres, Jêrome Bonnetto, Ed. Inculte, novembre 2019