Trophée 813 du roman francophone / 2022
Ah la belle contrainte ! Lire cinq très bons romans francophones avant l’automne. D’ailleurs, qui dit cinq ? Vous en avez sans doute déjà lu certains, chers amis des littératures policières, car ils sont bons, excellents même, parfois déjà multi-primés. Et après tout, c’est votre sélection, effectuée en parfaite connaissance.
Veni, vidi, legere ! ensuite, je vote. Et le choix sera autrement cornélien que le prochain passage aux urnes, car contrairement aux élections législatives qui nous attendent, tous ces titres sont excellents.
Voici pour vous une sélection de billets qui vous rafraichiront la mémoire si le besoin s’en faisait sentir.
Quel bel été vous attend !
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La République des faibles
Gwenaël BULTEAU
La Manufacture des livres 2021
Je lis rarement de polars de cette époque, 1898, peu en sont proposés et dans un sens cela a été une aubaine pour moi car l'antisémitisme ultra tendu, le procès Esterhazy, l'affaire Dreyfus, le "J'accuse" de Zola dans l'Aurore, tout cela m'a été remis en tête de manière presque fracassante.
L'histoire, tirant sur le thriller avec un meurtre d'enfant particulier, est le fil rouge pour poser tout le contexte à la fois historique et sociétale en ce Lyon du temps passé. Outre la condition féminine, évoquée ici abruptement tout comme elle était vécue à cette heure, celle des enfants est également transposée, le tout m'ayant donné des sueurs froides dans le dos. Chacun hésitant entre cette République que l'on conteste mais dont on apprécie tout de même les avancées, et les courants extrémistes qui font valoir leur violence pour se faire entendre.[…]
La suite et les autres chroniques sont à lire sur le blog Sagweste in Librio
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Solak
Caroline HINAULT
Le Rouergue 2021
Un drapeau et une poignée de baraquements dans l’étendue arctique : c’est là, sur la base militaire de Solak, que cohabitent péniblement le climatologue Grizzly et deux engagés au passé trouble, Roq et Piotr. L’arrivée d’un jeune soldat stressé, difficile à cerner et muet, juste avant que ne commence la grande nuit de l’hiver arctique, vient bousculer le précaire équilibre du petit groupe. La tension devient si explosive que le drame semble inéluctable.
La couverture plante le décor, les premiers mots nous y jettent. Nous voilà brutalement livrés aux conditions extrêmes d’un territoire sauvage et glacé, bientôt prisonniers de la nuit âpre et sans fin de l’hiver polaire où tout est danger, au physique comme au moral. Car, tandis que blizzards, crevasses et ours risquent à tout instant de ne faire des hommes qu’une bouchée, l’ennui et la promiscuité du confinement ont de quoi ébranler les nerfs les plus solides. Alors, quand s’éloigne le dernier hélicoptère ravitailleur avant l’embâcle et la nuit polaire, c’est comme un couvercle d’angoisse et de tension qui s’abat sur le lecteur et les exilés de Solak. […]
La suite et les autres chroniques sont à lire sur le blog Les lectures de Cannetille
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Leur âme au diable
Marin LEDUN
Gallimard – Série Noire 2021
Alors voilà, il est sorti en ce début de mois de mars, ce roman noir où se côtoient fiction (un peu pour la mise en scène) et problème sociétal bien réel : lanceurs d’alerte pour les gentils et fieffés menteurs pour les méchants.
Ce thriller regorge de tabac à chaque page, 600 pages qui piquent les yeux, sentent la cigarette et l’alcool. Ne dit-on pas que l’argent n’a pas d’odeur ? Ici l’argent sent la nicotine.
D’aucuns disent que fumer c’est la liberté … c’est du moins ce que les vendeurs tentent de faire croire aux consommateurs et le tabac n’est pas une exception car tous les produits de consommations, surtout ceux qui sont superflus, sont soumis au même traitement.
L’auteur nous introduit donc dans le monde enchanté des communicants, des falsificateurs de preuves scientifiques, des lobbystes. […]
La suite et les autres chroniques sont à lire sur le blog Collectif Polar – Chronique de nuit
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Traverser la nuit
Hervé LE CORRE
Rivages / Noir 2021
Trois destins qui se croisent dans les rues de Bordeaux : Louise, la trentaine, harcelée et tabassée par son ex, vit seule avec son fils de 8 ans avec alcool et dope pour tenter de cauteriser ses plaies. Parrallèlement, un tueur en série fait rage et s'en prend spécialement aux femmes : ancien militaire, monsieur tout le monde sous des abords terrifiant, mû par une rage destructrice.
Le commandant Jourdan, flic désabusé en quête de lumière dans la grisaille de son quotidien, se charge de l'enquête. Ces trois trajectoires irrémédiablement liées sont également trois manières comme une autre de traverser sa propre nuit...
"Le Corre a déjà une oeuvre. Il ne serait pas mauvais que le découvrent tous ceux qui aiment la littérature, même quand elle n'est pas policière" : ces quelques mots disseminés à la fin de l'entrée consacrée à Hervé le Corre, c'est le grand Pierre Lemaitre qui les écrit dans son excellent "dictionnaire amoureux du polar" paru chez Plon. […]
La suite et les autres chroniques sont à lire sur le blog Baz’art
http://www.baz-art.org/archives/2021/04/08/38898883.html
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La Patience de l’immortelle
Michèle PEDINIELLI
L’Aube noire 2021 :
C’est suite à un article paru dans Le Monde des Livres que j’ai découvert cette auteure. Bien m’en a pris.
A la suite de Ghjulia (dite Diou), nous arrivons en Corse en plein mois de janvier suite au décès de Letizia, la nièce de l’ancien compagnon de Diou. Accrochez-vous, les liens de famille sont assez étendus et il faut suivre.
J’ai retrouvé avec plaisir les routes sinueuses vomitives ; les senteurs de la garrigue ; les villages perchés ; le bord de mer désertés.
J’ai aimé l’humour de Diou et son regard sur l’île de Beauté, sur les chasseurs.
J’ai cherché avec elle qui avait pu tuer cette jeune mère en pleine ascension professionnelle.
Je connaissais déjà l’arnaque à l’Europe des terres agricoles ; je ne connaissais pas celle concernant les oliviers.
J’ai aimé le poker communiste qu’elle pratique avec Barto, l’ancien maire, sur la banquette du café de Ange.
La résolution de l’enquête m’a laissé pantoise. […]
La suite et les autres chroniques sont à lire sur le blog Mot à Mots
Une sélection de billets par Jeanne Desaubry et Pierre Faverolle