C'est la rentrée pour tout le monde, y compris pour le Goéland Masqué. L'association était présente au Forum des Associations de Penmarc'h le 2 septembre et les bénévoles se sont fait un plaisir de renseigner le public, d'accueillir les adhérents et les nouveaux venus, volontaires pour renforcer l'équipe de bénévoles. Merci à toutes et à tous et bienvenue à celles et ceux qui nous ont rejoints.
Une semaine plus tard, les bénévoles du Goéland Masqué, qui ont assuré la bonne organisation et l'ambiance du festival 2023, étaient à l'honneur lors du traditionnel pot de remerciements, chaleureux et festif.
Voilà pour le passé, passons au futur : c'est le moment de sortir vos agendas ! L'Assemblée Générale se tiendra le 21 octobre à 18h00 à la Maison pour Tous. Tous les adhérents sont conviés : votre présence est importante. N'oubliez pas de donner pouvoir à un autre adhérent si vous ne pouvez pas être là. Vous pouvez télécharger les formulaires de candidature au CA ainsi que les pouvoirs sur le site du Goéland .
Enfin, pour terminer en légèreté, rendez-vous samedi 25 novembre à 17h30 Chez Cathy, à Saint-Guénolé, pour un quiz polar diabolique qui vous permettra de gagner des livres... et surtout une bonne soirée.
A très bientôt donc !
Le Goéland Masqué
Christophe Siébert, Valentina, Au Diable Vauvert
Valentina, sous-titré "Un demi-siècle de merde" est le troisième épisode des Chroniques de Mertvecgorod, commencées en 2020 avec Images de la fin du monde et poursuivies en 2021 avec Feminicid. Christophe Siébert, lauréat du Prix Sade 2019 pour Métaphysique de la viande, fait partie de ces auteurs dits "underground", qu'on retrouve rarement dans les colonnes des blogs consacrés au roman noir. Et c'est tant mieux, vu que son travail se situe, justement, "à la marge". La République indépendante de Mertvecgorod est une cité-état imaginaire coincée entre Russie et Ukraine, indépendante depuis la dissolution de l'URSS. Sept millions d'habitants, quand même, dans cette mégapole qui se consacre au recyclage des déchets des pays industrialisés, trop heureux de se décharger à bon compte des restes honteux de leur mode de vie moderne. C'est dans cet univers que va se dérouler un drame : la disparition de Valentina, trans brutalement assassiné chez lui. L'écriture de Christophe Siébert, tour à tour lyrique, brutale et cruellement précise, nous conduit tout droit, sans ménagement, à un constat d'échec terrible.
Denise Mina, Conviction, traduit par Émilie Passerieux, Alibi éditions
Revoilà Denise Mina, l'auteure écossaise qu'on désespérait de voir revenir dans les rayons des librairies françaises. Avec Conviction, elle se lance dans le roman à suspense, voire le thriller, et réussit à ne pas y perdre son âme. Pour cette histoire riche en courses poursuites - de l'Écosse à l'île de Ré en passant par l'Italie -, elle a conservé son don pour les dialogues qui claquent et n'a pas renoncé à ses thématiques favorites : le sort des femmes et la question de l'identité, toutes deux au cœur de cette histoire passionnante. Qui est vraiment Anna Mac Donald, quel est son secret ? Sa vie bascule en un clin d'oeil dès les premières pages, la forçant à fuir mais aussi, au bout du compte, à assumer un passé terrible et à dénoncer les violences, les malversations et le harcèlement dont elle est victime. On ne lâche pas Conviction avant d'en avoir tiré la vérité, la vraie !
Lionel Destremau, Jusqu'à la corde, La Manufacture de livres
L'édition 2023 du Festival du Goéland Masqué a décerné son prix du premier roman à Lionel Destremau pour Gueules d'ombre. En cette rentrée, l'auteur nous offre son deuxième roman et confirme avec brio son talent et son originalité. Avec Jusqu'à la corde, il nous entraîne à nouveau dans un monde à la géographie et à la temporalité incertaines. Mais cette fois, les indices sont là, dès l'exergue qui cite le poème Strange Fruit, d'Abel Meeropol, qui sera chanté par Billie Holiday et constitue aujourd'hui un hymne contre le racisme. Tout commence par la découverte du corps d'un petit garçon noir. On trouve dans sa poche une petite boîte à musique. C'est le seul indice dont dispose l'inspecteur Filem Perry pour démarrer son enquête. Il ne sait pas encore que son investigation va le mener sur les traces d'une multitude de personnages aussi ambigus que passionnants, dans un monde dominé par les blancs. Les changements de perspective sont autant de visions relatives d'une réalité aussi changeante qu'effrayante, et Destremau réussit un coup de maître : on est moins surpris par le monde qu'il construit, puisqu'on a lu son premier roman. Mais c'est peut-être cela qui fait de Jusqu'à la corde une réussite éclatante et un roman véritablement novateur.
Luc Chomarat, Le Livre de la rentrée, La Manufacture de livres
Ca n'est pas nous qui le disons, mais le bandeau ! Luc Chomarat est un génie, certes, c'est surtout quelqu'un qui sait nous faire sourire et réfléchir tout en tirant à boulets rouges sur le petit monde de l'édition. Son Livre de la rentrée est un modèle du genre : on y retrouve son personnage récurrent, Delafeuille le bien nommé, éditeur parisien à la recherche désespérée du roman de la rentrée. S'il ne le trouve pas, sa situation sera bien compromise. Alors, un portrait de femme libre, comme le lui suggère sa hiérarchie ? Pourquoi pas, encore faut-il trouver l'auteur et le modèle. Un roman entièrement constitué de SMS, comme le lui propose le jeune Ben, sûr de son talent et de sa modernité ? Delafeuille va devoir trancher, et ça n'est pas sa spécialité. Il va se retrouver piégé dans une sorte de labyrinthe où l'auteur le plonge avec délices, jouant allègrement de modes narratifs variés, passant volontiers du réel à la fiction, perdant son lecteur pour mieux le retrouver. Et lui offrant, au final, un moment de lecture totalement réjouissant.
Magdalena Parys, Le Prince, traduit par Caroline Raszka-Dewez, Agullo
Magdalena Parys, romancière polonaise vivant à Berlin, publie depuis plusieurs années une série de thrillers politico-historiques passionnants. Déjà auteure de 188 mètres sous Berlin et de Le Magicien, tous deux parus chez Agullo, elle poursuit son chemin avec Le Prince, où elle nous livre une histoire incroyable et pourtant inspirée par des faits réels. Qui est donc le Prince du titre ? Celui de Machiavel ou celui, bien plus réel encore, qui, dans l'ombre du pouvoir, est en train de constituer une armée clandestine dans le but dans renverser l'ordre établi et d'instaurer un nouveau pouvoir "pur", inspiré par la vision de Gabriele d'Annunzio ? Imitant ainsi l'initiative prise après la guerre par une poignée d'anciens officiers de la Wehrmacht... Le roman commence par une scène d'horreur : le corps d'un prêtre crucifié est retrouvé dans la cathédrale de Berlin. Et ce n'est que le début. Cette fois encore, Magdalena Parys maîtrise parfaitement l'art du suspense, tout en jetant sur l'Allemagne contemporaine et l'histoire du monde un regard aussi lucide que noir.