Chronique marseillaise de Michel Barouh
L'année prochaine marquera les 25 ans de la disparition de Jean-Claude Izzo, qui se voulait poète mais dont la renommée est due principalement à sa trilogie marseillaise. Le premier tome, *Total Khéops*, publié en 1995, a lancé la vague du « polar marseillais » qui avait trouvé ses racines un an plus tôt, avec les Chapacans. Ce roman, de Michele Corbou, publié dans la Série Noire sous la direction de Patrick Raynal était présenté comme, “La chronique noire, poétique et désenchantée d'une bande de petits voyous qui promènent leur oisiveté et leur malheur depuis les quartiers nord délabrés de la banlieue de Marseille jusqu'au quartier chaud du centre-ville.” La cité phocéenne devenait alors bien plus qu'un simple décor : elle s'imposait comme un véritable personnage de roman.
De nombreux auteurs choisirent Marseille comme toile de fond pour produire, avec des succès variés, des polars tentant d’en capturer la réalité complexe.
Vingt ans plus tard, « Le Soleil ne brille pas pour tout le monde » pourrait être classé parmi les ‘polars marseillais’ si cette catégorie n'était passée de mode.
Audrey Sabardeil, dans un style élégant, raconte une histoire émouvante dont l'intensité dramatique va croissant et tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Elle connaît Marseille, ses quartiers, ses habitants, ses codes, ses qualités, ses défauts. Elle a su lever le voile sur une partie de la ville dont elle a su prendre le pouls.
Stephane la quarantaine est résigné à vivre au jour le jour une vie misérable faite de petits boulots et ce n’est pas faute d’avoir cherché un emploi stable qui lui aurait permis de mener une vie décente. Les circonstances ne lui ont pas laissé le choix.
Kahina, jeune fille habitant dans une cité des quartiers Nord donne un coup de main occasionnel à Fredo. Elle a des projets plein la tête.
Stephane et Kahina vont se croiser dans le bar de Fredo. Dès lors vont s'enchaîner une série d'événements qui conduiront au drame.
Ce roman dont la lecture est agréable n’est pas qu'un simple polar. L'authenticité des personnages, les situations dans lesquelles ils évoluent, la description de lieux en cours de rénovation et ceux que les touristes n'ont pas l'habitude de fréquenter dressent un tableau assez représentatif de Marseille il y a une dizaine d'années loin des clichés habituels.
Ceux qui n’ont pas encore pu lire la nouvelle J'arrive découvriront avec Le soleil ne brille pas pour tout le monde une nouvelle venue dans le monde du polar
Steph, lui, n'attend plus rien et vivote. Ça lui va bien : la vie peut être une salope, alors il fait avec.
D'ailleurs, par cet été caniculaire, dégoter un intérim dans une pizzeria sur la Canebière, c'est le job idéal ! D'autant que le hasard remet bientôt sur sa route d'anciennes connaissances.
Mais sous le ciel implacable, dans la touffeur délétère de Marseille qui chavire, la tragédie n'est jamais loin, même pour les pauvres types ...
Marseille s'offre, telle qu'elle se vit, telle qu'elle se parle. Dans la violence sombre de ses rêves de Zenith brûlés en plein vol.
En réalité, dans "Le soleil ne brille pas pour tout le monde", le personnage principal, c'est Marseille. Sa face nord.