Putain de guerre
Il y a des morts pour la Patrie, les blessés jusqu'au dernier jour et ceux qui ont eu leurs pères fusillés pour la Patrie. Michou, le fils veut se venger. Les femmes aussi, veuves de soldats, insultent et frappent les traitresses. Sa mère y passe, une blessure à la tête et l'hôpital. Pour le quartier, ils sont des bolcheviks. Sa mère sait qui sont les officiers qui ont exécuté papa. Leur vie est merdeuse, c'est la faute à la Venin, la concierge, papa a été fusillé à Perles-Les-Hurlus.
Le mal en rajoute, la police frappe à la porte. On la traite de sale boche. Michou se retrouve aux Pupilles de la Nation. Il s'appellera Lhozier dit Le Môme et son nouveau frère sera Deveau. Tous d'avoir le crane rasé et passé au badigeon.
Le Môme est gaucher et comme élève il est bien au-dessus des autres classes. L'école est difficile. Dans tous les coins, le dirlo, les copains, les rutabagas, le lavage de chiottes. Ce sont tous des Orphelins de la Nation. Il devient un phénomène. Le dirlo lui pose des questions : mon père, lui, est mort assassiné . Je veux que le temps passe vite, je sais qui a donné les ordres pour fusiller mon père. Il y a une infirmière, Mme Panier, le plus grand de la bande a des poussées sous la ceinture. On vient le chercher, sa mère veut le voir. A l'école, Dieu est présent, tous les jours des prières et les chants d'église.
Des idées chez les garçons, si on allaient sur Les Hurlus. Ils sont quatre pour l'expédition, Aristide, Beurré, Devâme, Le Môme, en blouse noire et béret. Pour Verdun, c'est gare de l'Est. Dans le wagon, Mme Germaine et ses filles. Elles sont au plus près des hommes. Toutes d'aller dans un B.M.C. Nous, nous voulons aller voir les tombes de nos pères.
Les voilà partis vers le général Des Gringues. Le Môme le condamne. Les deux équipes, les putes et les ados veufs de leurs pères sont en troisième classe et ça se sent, et de se diriger vers la classe des officiers de haut rang.
Dans les conversations la guerre est une putain "putain de guerre ". A la gare de Châlons-sur-Marne, on se sépare. Les idées anarchistes font apparition, dans les phrases des quatre garçons et les champs de bataille racontent leurs histoires. Maintenant, c'est la marche à pied. En tête de ligne un capitaine qui est encore à la guerre. Ils arrivent sur la terre des Hurlus, des ossements par milliers. Qui sont ces soldats ? Les corbeaux sont encore là. Et le général, où est-il ? Et Pétain, Mangin, Clémenceau ? C'est Devâme qui tient l'arme.
Pour le môme, la mère Venin est la balance. On vide les placards, le pire arrive, les habitants se plaignent d'avoir mal. Des Gringues fait la une des journaux. Les réacs et les socialos s'en mêlent. Le boucher devient Le Brave, il descend les Champs Élysées.
Papa a été fusillé en 17. Il est accusé d'être un traître à la Nation. Moi, son fils je vais à l'école des orphelins de guerre. Maman se retrouve chez les folles. La Venin, la concierge, est une balance et elle prend feu. Ils sont quatre fils de fusillés. Ils veulent fusiller le donneur d'ordre, le général Des Gringues. Il n'est plus sur le champ de bataille. Les garçons s’en souviendront, à jamais . Des tonnes de squelettes, les uns sur les autres, le champ de bataille, c'est Les Hurlus.
Postface Stéfanie Delestré et Hervé Delouche.
Meckert va se servir de sa vie pour le Boucher des Hurlus. Il commence avec le "certif" et du travail 55 heures par semaine. Il fréquentera la bibliothèque de son quartier de Belleville. Une influence va le marquer : L.F. Céline, on s'en doute. Avec ce qu'il a vécu comme soldat, il écrit quelques pages et les envoie à Gallimard, ça plait à beaucoup d'écrivains, Meckert prend sa place. Il devient un" forçat de l'Underwood ". Les débuts sont à La Blanche suivront la Série Noire pendant 35 ans, avec comme un pseudo néo-américain. Le cinéma lui plait et il plait au cinéma. D'autres inconnus préfèrent les poings.
Le Boucher des Hurlus. Jean Meckert - Illustrations Saint Molotov.
Postface Stefanie Delestré et Hervé Delouche - Ed. Ronces 2024.