Taxi de nuit
Je suis nouveau dans le métier de taxi. Lenny, un copain, me prévient et me fait une liste des quartiers de Chicago à éviter. Lenny, le polack, me raconte une histoire qui en vaut le coup.
Chicago - Buckhingam - Los Angeles et retour, les dollars sont les bienvenus. À Chicago, on paye d'avance. Pour certains, c'est le quartier d'à côté et d'autres, plus rare, Los Angeles.
Deux clients montent dans le taxi. Pour eux, Chicago est une horreur. Ils viennent d'Indianapolis, c'est pas mieux. Pour les taximen, beaucoup moins d'Américains, le monde entier prend des places.
En cette fin de soirée, du sang, des flics et plus tard une ambulance. Les flics me prennent pour le violent. Sur mes papiers, mon nom, Eddie Miles, puis ils me laissent partir.
Dans le Sun-Times, des mots qui me retournent : Trois taxis tués depuis le début de l'année. Une réunion est organisée. Pour la sécurité des taxis, c'est écrit en gros.
Mon ancienne vie est à 3000 kilomètres. On me vouvoie, on m'appelle monsieur. La liste s'allonge, deux autres sont abattus. Il y a mon ami, le Polack, écroulé dans sa voiture, lui qui m'avait branché pour ce travail. Entre nous, on se traite de tous les noms, le moindre dollar est le bienvenu. On est obligé de faire tout Chicago, même le pire de tous "Cabrini".
Les clients en racontent des histoires, tout Chicago y passe, l'agréable et le friqué, le pourri et la population noire. Pour un, je fais le tour d'un quartier pour qu'il retrouve sa voiture rouge. Une personne monte avec un bébé puis, à l'arrêt, se sauve.
Avec Betty, ma voisine, ce n'est que le dimanche matin. Un type veut aller dans un bar noir, chacun raconte son passé. Dans une rue, à 5 heures du matin, une fille de la rue, jeune et belle, se montre en spectacle, une camionnette s'arrête devant moi pour quelques dollars. Le lendemain, Relita est à l'hôpital, on l'a attaquée dans la rue, elle me demande d'être son ange.
La camionnette est repérée, je la suis, elle fait le tour des quartiers aux filles tous les jours, elle ne s'arrête jamais. Un soir, je me fais braquer, est-ce celui qui a tué Lenny ? Il sort un flingue, moi une gazeuse. Puis, c'est moi que les flics embarquent.
C'est le coup de feu de la semaine, on m'ouvre grand les portes. Dehors !
Je roule et roule encore et me refais l'histoire de Chicago. La ville s'agrandit, ils en ont marre des quartiers pourris. Demain, je vais aller voir Relita, avec elle, une femme inconnue, avec une culotte rose, c'est Sharon. On est le dimanche matin je rentre chez moi, Betty m'attend.
C'est Lenny, le "Polack" qui m'apprend le métier, les clients, le tout Chicago et les autres taxis. Lenny va se faire tuer. Je continue, je cherche, je dis oui, je dis non pour les dangereux. Une camionnette fait d'étranges promenades. La nuit, c'est aussi les filles. Leur Chicago, c'est autre chose. Avec le temps, ça change. La criminalité, non. On pense bien sûr à un film que nous avons tous vu et aimé.
Taxi de nuit. Jack Clark. Ed. Sonatine mai 2025.