La machine à décérébrer
Y a t’il une différence entre télé-réalité et hooligans ? Qu'est-ce qui différencie l'envers du décor de la télé people et la violence dans un stade
? L'image des beaux représentants des émissions de 20 heures, sapés, maquillés, sourires en porcelaine, et dans leur vocabulaire trois mots : le fric, le rêve et son grand ami
l'ego. Moi, je suis friqué et tu rêves. Le fond de commerce, la vulgarité, des rêves de millions pour des résultats à deux balles. Beaucoup de candidats mais peu d'élus. Et dans celui des
casseurs de supporters : moi je suis violent, donc tu as peur.
Démontage en règle de la télé-réalité : miroir mon beau miroir, dis moi que je suis un blaireau, une pouffiasse, un inculte, une mal baisée. Pendant ce temps oublie ton enfoiré de patron, et
ta fille que ses copains appellent MST, ton salaire de merde et tes vacances dans le tiers monde profond. Entre société informatisée et combat de boxe, voici
Gazoil Prod, "Gazoil un peu tous les jours, cancer toujours". La famille ou tout du moins ce qu'il en reste est mise de côté, voire définitivement. Dans une société qui part en couilles est-il
nécessaire de se comporter comme un trou du cul ? Sont-ils plus à plaindre ou à blâmer?
Mais de quoi parle t'il ? Du roman Trash Circus d’Incardona. Fréderic Haltier, cadre vicieux, père absent, la queue à la place du
cerveau, le paquet de farine dans le vide-poche de la Porsche et la carte bleue comme carte de visite, "fabriquant de PQ visuel," cynique, tous les défauts, jeune con, demain vieux
con.
Joseph Incardona, et le joli tableau des fabricants d’un 19-21 télévisuel, ce n'est pas une charge, c'est une somme de vices, de corruption. Et Barracuda met les pieds dans le plat ; la
vilenie, la trahison font bon ménage.
Vous voulez tout savoir des "bras-longs", des dictateurs du petit écran, pour qui le temps est compté, si vite oubliés sitôt remplacés, même eux ont des doutes.
Trash Circus. Qui est sur la piste? Qui est le spectateur? Qui est l'acteur? Le miroir est brisé, après tout, c'est lui l'arme du crime.
Jim Thompson avait "inventé" les fornicateurs de tout poils, les incestueux, les alcooliques… Avec Incardona le spectacle continue.
Bon Dimanche sous vos applaudissements.
Trash Circus; Joseph Incardona; Ed. Parigramme Noir 7.5.
Patrice Lebrun, février 2012