CINÉ - Une ville, Marseille, une histoire noire...

De guerre lasse ( France, 2014, 1h 34, d'Olivier Panchot avec Jalil Lespert, Tchéky Karyo, Hiam Abbass, Sabrina Ouazani, Mhamed Areski)

Un bon petit polar comme on peut les aimer, une histoire bien noire enchâssée dans un territoire, celui de la ville de Marseille.
Il y avait depuis longtemps une identité marseillaise sur le roman noir, il faudra désormais compter aussi sur le cinéma.

Alex débarque dans sa ville, avec toute l'apparence d'un passager clandestin, résolu à renouer avec les fils d'une histoire personnelle plutôt complexe. La première force du film tient de là: la progression du récit se fait tout entière dans un enchaînement de scènes violentes où Alex révèle son savoir faire d'ancien soldat des forces françaises d'Afghanistan. Effaçant les traces de son appartenance à la Légion, il renoue des contacts avec les gens qu'il a connus jadis, relations amicales, amoureuses et (ou) familiales. On est aussi dans le conflit entre les bandes, corses ou maghrébines, qui luttent pour l'exclusivité du marché de la drogue sur la ville, à coups de trahisons, coups fourrés et liquidations sommaires.

On n'entrera pas dans le détail, dire plutôt le plaisir à déguster les charmes vénéneux d' un film d'action réussi. Le sentiment tragique de la vie se mesure à l'épaisseur du conflit familial né de la fin de la guerre d'Algérie et de cette Méditerranée des deux rives, si belle et si prégnante.

Réussite aussi de la vision de la géographie d'une ville, présence fluide mais jetée comme de violents aplats sur un tableau noir, même si, vers la fin, le rythme de l'histoire faiblit.

Plus qu'à James Grady ( pour le cadre familial) auquel on l'a vite rapproché , j'ai pensé à des œuvres noires, plus anciennes, comme celles de José Giovanni. Et la musique d'Eric Neveux rythme et amplifie le tragique et la vengeance, ressorts traditionnels du film de genre, ici bien acérés.

BD

#Critique Ciné Polar, #Le cinoche de Bernard Daguerre