Le panier de Jeanne
Voilà un panier qui commence l'air de rien, puis qui glisse vers la recette homicide. Pas de champignons vénéneux, pas de belles amanites rouges, mais du ravioli qui tue et de la bolognaise à la chair humaine. Estomacs fragiles s'abstenir.
Missing : New York
Don Winslow traduit par Philippe Loubat-Delranc
Le Seuil 2015
par Julien Vedrenne
Don Winslow revient au thriller procédurier avec une intrigue dure et un roman qui est aussi le premier volet d'une nouvelle série. Cette enquête de Franck Decker se lit d'une traite, va à l'essentiel non sans oublier quelques détours existentiels, mais est cependant écrite tel un roman étudié en "creative writing" avec passages obligés et donc attendus, et personnages légèrement trop caricaturaux. C'est bien dommage car il y a matière. Et l'auteur ne s'y est pas trompé lui qui privilégie et de loin son personnage principal au détriment des secondaires. L'accroche est bonne et surtout d'actualité. La disparition d'une petite fille métis qui jouait avec Magique, son cheval (l'objet est d'importance car il ne sera pas révélé aux médias). Les premières pages sont d'exception dans un pur roman policier procédurier avec méthode et statistiques. Le compte à rebours commence pour Frank Decker, détruit par l'incrédulité et le désespoir de la maman et aussi dans son couple. La première sait que la police ferait le maximum dans le cas où la fillette disparue serait blanche. Sa femme, avocate, observe son couple se déliter et en veut cruellement à son flic de mari de ne pas communiquer (avec l'évidente rengaine du flic qui se demande s'il doit alors dire la vérité de ses journées horrifiques de flic entier et intègre). Malgré de gros moyens, l'affaire n'est pas résolue alors qu'une seconde vient percuter la première (là, c'est une fillette blanche dont le corps sera rapidement découvert).
[…] lire la chronique complète et les autres sur le site K-libre
L’Homme de la Montagne
de Joyce Maynard traduite par Françoise Adelstain
Éditions Philippe Rey 2014
par Pierre Faverolle
La découverte de ce roman, je le dois à Richard, dit le « Concierge Masqué ». Je n’aurais jamais eu idée de le lire, pour deux raisons. La première est que ce roman est sorti au rayon littérature blanche, la deuxième est que la quatrième de couverture ma parait bien peu aguicheuse. Tout cela m’amène à une conclusion : Le clivage entre littérature blanche et littérature noire est d’un ridicule risible, ce qui est important, c’est qu’un roman soit bon … ou pas. Mon conseil est donc simple : Ne lisez pas le résumé en quatrième de couverture, achetez ce roman et dégustez.
Dans les années 70, Rachel Toricelli est une jeune adolescente de 13 ans. Les vacances estivales approchent et elle va être obligée de passer ses vacances dans la maison familiale, avec sa sœur Patty, âgée de 11 ans. Elle préférerait passer son temps avec ses copines, qui se targuent d’avoir leur règles et d’être décidées à avoir leur première expérience sexuelle. Au lieu de cela, elle va passer ses journées dans la montagne boisée qui s’élève juste derrière la maison.
Quand le corps d’une première jeune fille est retrouvé dans les bois, cela va pigmenter des vacances qui auraient pu paraître bien mornes. En plus, c’est le père de Rachel et Patty qui va être chargé de l’enquête. Alors, outre les jeux auxquels peuvent s’adonner deux jeunes enfants laissés libres à elles-mêmes par une mère absente (ou du moins un peu déprimée), elles vont se faire des scénarios et essayer d’aider leur père, comme lui les aide en leur donnant des règles de vie.
[…] lire la chronique complète et les autres sur son blog « Black Novel »
La fractale des raviolis
Pierre Raufast
Alma, 2014.
par Yann Lespoux
Trompée par son mari, une femme décide de s’en débarrasser. Pour cela, rien de bien compliqué : des raviolis faits maison, de la digitale pourpre, et le tour est joué. Sauf, bien entendu, si le hasard s’en mêle et qu’un pauvre enfant se trouve sur le point d’être convié à partager le repas destiné à l’époux volage. Et puis tout s’arrête. Car à ce moment-là la narratrice prête à assassiner son mari se souvient de sa jeunesse. Dès lors, les récits s’enchaînent, s’imbriquent, oscillant entre réalité et fiction jusqu’à ce final qui nous ramènera au début.
Ce roman fractal fait donc se succéder les histoires : prostitution, élimination de rats-taupes envahissant, trafic d’art, robotiques… les thèmes s’accumulent, se répondent, s’emboîtent sous forme de contes tour à tour tragiques ou comiques mais toujours enlevés. C’est là la réussite de Pierre Raufast : transformer son lecteur en sultan des Mille et une nuits suspendu aux lèvres de Shéhérazade et entrainé sans y prendre garde dans cette suite de récits enchâssés.
[…] lire la chronique complète et les autres sur son blog « Black Novel »
Cannibal Tour
Anouk Langaney
Albiana nera 2014
par Jeanne
Prenez une poussière d’île volcanique. Construisez un paysage idyllique : récif de corail, mer turquoise, poissons, palmiers et gentils autochtones qui ne parlent plus leur langue d’origine, s’étant complètement francisés.
Sur cette île loin de tout, quelques fonctionnaires incarnent la république : profs du collège, gendarmes. Un ou deux fous de pêche se sont installés dans une anse, tentant d’attirer de riches pêcheurs au gros. Mais voilà. Au paradis, quand il n’y a rien à faire, on s’ennuie à mourir. Et quand on a fait des études supérieures de commerce, là-bas en métropole, on est plein d’idées. C’est le cas du fils du chef : Sou-Ra-Djohagalanda’r dit (par commodité) Sou-Ra’n. Depuis plusieurs années, il rumine tous les plans possibles pour amener sur son île la grande manne moderne : le tou-ris-te, celui par qui la fortune arrive. Quel qu’en soit le prix ? Pratiquement. Sou-Ra’n a réussi à faire transformer le bar-pmu en maison de la tribu, et son père, le vieux chef Djola est prié de quitter son jogging informe pour se balader en pagne de cuir et verroterie sur la tête dès qu’apparait ce qui peut s’apparenter à un touriste. Car des palmiers, il y en a partout. De l’eau turquoise, des vagues émeraude, on en trouve ailleurs. Qu’est-ce qui peut faire la différence à Kahya-Ré ?
[…] lire la chronique complète et les autres sur le blog de Jeanne