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Publié par blog813

Ma ZAD, Pouy génère toujours des commentaires !
Sorti le 11 janvier, le nouveau roman de Jean-Bernard Pouy constitue le quasi baptême du feu de la nouvelle éditrice de la Série Noire.
Nous avons reçu deux notes de lecture et de réflexion que nous vous livrons. Auxquelles s'ajoutera un article de Bernard Daguerre.
La première de Pascal Polisset :

Et si la ZAD n’était qu’une toile de fond ? un décor ?

A l’évidence la question peut se poser quand, dans l’espace de quelques mois, deux romans ont choisi la ZAD comme décor d’histoires particulièrement différentes.

En octobre dernier, Pascal Dessaint, écrivain bien occupé à fouiller la vie de gens, passagers en perdition de métiers et lieux bannis, publiait Un homme doit mourir. L’histoire se déroulant dans le Sud-Ouest, dans les Landes, il invente un lieu où se retrouvent, le moment de drames, des vies qui n’auraient jamais eu à se croiser. Ce pourrait être une rue, un quartier, un village, non, c’est une ZAD mue dans la contestation d’un projet d’enfouissement de matières toxiques. On ne peut aimer que son roman s’autorise plusieurs voix.

En janvier, vient de paraitre, en Série Noire, Ma ZAD, un nouveau roman de Jean Bernard Pouy : Camille, un quarantenaire sans envie, va se trouver mêlée, plus par dépit que par conviction, à la vie d’une autre ZAD . Il s’agit-là d’un projet de construction d’une plate-forme multimodale, à Zavenghem. Sommes-nous dans la région de Dunkerque ? Alors que la Bretagne habille le roman ? En tout cas, comme dans le roman de Pascal Dessaint, où le téléphone rendra compte des allers et non-retours de Boris, Camille roulera des kilomètres allant et revenant à la recherche de son temps perdu.

Il n’est pas anodin que ces deux écrivains revendiquant leur appartenance au roman noir - un roman au plus près d’un monde qui bouge et se révolte - se soient saisis d’un tel sujet : l’existence de ZAD .

Ce que nous pouvons entendre, au travers de ces deux romans, serait qu’aucune Zad n’existe d’elle-même ? Qu’elle ne serait que la réaction éruptive, provoquée par l’arrivée, dans un lieu donné, d’un corps étranger qui le contaminerait… provoquant des chamboulements au-delà même des combats politiques qu’elle suscite ?

Ces romans nous invitent à comprendre, avant même de répondre à ces questions. Au travers des cheminements de quelques personnages, judicieusement décrits, alors… et l’émotion et la raison s’inviteraient à la table de nos négociations intimes, nourrissant nos avis de citoyens.

Mais au fait, n’est-ce pas l’espace de liberté et d’intelligence que nous a toujours offert la littérature ?

P.P.

Pascal Polisset

La seconde est un billet dont Patrice Lebrun a le secret.
Pourtant que la campagne est belle.
 
  Défendre les salamandres, n’est pas de tout repos. Surtout, si on y ajoute la mainmise de groupes industriels et commerciaux, avec les CRS devant et les bulldozeurs derrière.
  La nature a du mal à se défendre.
  On est quelques dizaines à occuper le terrain. La case police me pose des questions, la case travail ne veut plus de moi.
  Pas question de mélanger les deux, dehors !!
  Pauline est barrée depuis deux ans. Le temps est venu de débrancher.
La Bretagne est loin des Açores, mais Saint Muscadet veille encore. La décision est prise, je deviens un vrai Zadiste.
  Débarque Claire, la bien nommée, 20 ans et tout dedans, les jolies cuisses en plus.
  Et comme ça ne suffit pas, ma ferme est incendiée. Sham 69 accompagnée de quelques manches de pioches font le vilain travail.
  La vengeance me brûle. C’est loin, mais c’est fait. La belle Claire me raconte sa vie, c’est mouvementée et bien proche de ce qui m’occupe.
  Le PDG des bétonneurs est victime d’une falaise assassine. La maison des gendarmes se fait plus présente.
  Les ZAD se déplacent, moi aussi. Je ne sais plus où aller. Aujourd’hui on ne me cherche pas encore. A défaut d’être dans une ZAD. Je suis dans la mienne. Je suis seul, les autres ne savent rien. Si je m’explique, je tombe. La fuite est au bout.
 
L’actualité va bientôt nous montrer qui des zadistes, qui des décideurs politiques va gagner le match. Il y a aussi le match nul.
  Qui dans ses réflexions, dans ses actions, aura eu raison ? Comment contenter, mécontenter chacun.
Jean-Bernard Pouy ne se sert que d’un personnage. Pourquoi multiplier les poings !!
 
Ma ZAD ; Jean-Bernard Pouy ; Gallimard, janvier 2018. Série noire.
 Notre ami Bernard Daguerre a aussi commenté ce roman.
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