Ma ZAD, Pouy génère toujours des commentaires !
Et si la ZAD n’était qu’une toile de fond ? un décor ?
A l’évidence la question peut se poser quand, dans l’espace de quelques mois, deux romans ont choisi la ZAD comme décor d’histoires particulièrement différentes.
En octobre dernier, Pascal Dessaint, écrivain bien occupé à fouiller la vie de gens, passagers en perdition de métiers et lieux bannis, publiait Un homme doit mourir. L’histoire se déroulant dans le Sud-Ouest, dans les Landes, il invente un lieu où se retrouvent, le moment de drames, des vies qui n’auraient jamais eu à se croiser. Ce pourrait être une rue, un quartier, un village, non, c’est une ZAD mue dans la contestation d’un projet d’enfouissement de matières toxiques. On ne peut aimer que son roman s’autorise plusieurs voix.
En janvier, vient de paraitre, en Série Noire, Ma ZAD, un nouveau roman de Jean Bernard Pouy : Camille, un quarantenaire sans envie, va se trouver mêlée, plus par dépit que par conviction, à la vie d’une autre ZAD . Il s’agit-là d’un projet de construction d’une plate-forme multimodale, à Zavenghem. Sommes-nous dans la région de Dunkerque ? Alors que la Bretagne habille le roman ? En tout cas, comme dans le roman de Pascal Dessaint, où le téléphone rendra compte des allers et non-retours de Boris, Camille roulera des kilomètres allant et revenant à la recherche de son temps perdu.
Il n’est pas anodin que ces deux écrivains revendiquant leur appartenance au roman noir - un roman au plus près d’un monde qui bouge et se révolte - se soient saisis d’un tel sujet : l’existence de ZAD .
Ce que nous pouvons entendre, au travers de ces deux romans, serait qu’aucune Zad n’existe d’elle-même ? Qu’elle ne serait que la réaction éruptive, provoquée par l’arrivée, dans un lieu donné, d’un corps étranger qui le contaminerait… provoquant des chamboulements au-delà même des combats politiques qu’elle suscite ?
Ces romans nous invitent à comprendre, avant même de répondre à ces questions. Au travers des cheminements de quelques personnages, judicieusement décrits, alors… et l’émotion et la raison s’inviteraient à la table de nos négociations intimes, nourrissant nos avis de citoyens.
Mais au fait, n’est-ce pas l’espace de liberté et d’intelligence que nous a toujours offert la littérature ?
P.P.
Pascal Polisset
L'actualité du Roman Noir : Ma Zad
06/03/2018 | Jean-Bernard Pouy : Ma zad- Série Noire- 194 pages- décembre 2017- 18 € Quarantenaire sans histoire, le voilà confronté à une interpellation policière et à l'incendie de sa gr...
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