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Publié par blog813

Thomas a lu pour vous cet étonnant roman paru chez Jigal

Une ritournelle ne fait pas le printemps, Phillippe Georget, Jigal

 

Le polar, c’est parfois aussi le retour aux sources : un policier, un crime, une enquête. Ce que Georget exploite au long de sa tétralogie consacrée au lieutenant Gilles Sebag, de Perpignan, avec une faconde qui rappelle parfois le regretté Jan Thirion et son Franz Dieu – et pas que par le décor méridional.

 

Un polar d’enquête donc : lors de la sanch, la procession du Vendredi Saint à Perpignan, quelqu’un profite de l’anonymat procuré par la caparuxta, la cagoule rituelle, pour assassiner un des pénitents. Parallèlement, non loin de là, une bijouterie est cambriolée. Difficile de ne pas y voir un lien, même si celui est ténu.

La victime était un prof de piano du nom de Christian Aguilar, et l’enquête de Gille Sebag montre que celui-ci avait peut-être des relations particulières avec certain de ses élèves, sans pour autant parler de pédophilie.

 

Plus troublant encore, la maison d’Aguilar fut un temps celle de certain fou chantant, Charles Trenet en personne, certes né à Narbonne, mais qui passa une partie de sa jeunesse à Perpignan. Et où il entamait des chansons à usage restreint, limitées à ses proches, parlant ouvertement de son homosexualité.

 

Mais quel rapport avec deux crimes bien actuels ?

 

Georget mène son intrigue avec un ton décontracté, sans pour autant manquer de mordant, et une science de la narration pure assez impressionnante ; et si, conformément à la doxa actuelle, l’essentiel de l’action progresse en dialogues, ils sont vivants et crédibles (et sans chercher ce pittoresque vite lourdingue qui plomba un temps le polar dit « du sud »)

Alors qu’on attend une conclusion classique, puisque selon la tradition, la résolution tient dans un détail subtil, l’auteur a gardé son meilleur atout pour la fin : impossible d’en dire trop sans déflorer, mais la conclusion, polardesquement satisfaisante et en même temps totalement inattendue, change tout d’un coup la donne ; ce polar classique vire presque à l’expérimental et pourra servir de cas d’école lorsqu’on recensera les exercices de styles oulipiens, ou plus exactement oulipopiens.

 

On dit bravo…

 

Thomas Bauduret

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