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Publié par blog813

Impressions du festival du film policier de Reims 2021
Bernard Daguerre a regardé pour nous, il nous en rend compte.
 
Voici un compte rendu du festival du film policier de Reims.  Il était projeté en ligne, j’ai donc pu voir certains films, sur les 9 au total en compétition.  À noter l’intérêt des films iraniens, dans l’attente d’une autre pépite (ancienne, années 70) du cinéma iranien, miraculeusement sauvée du néant : l’Échiquier du vent (1976).
 
Amitiés
Bernard

The slaugtherhouse (d’Abbas Amini, Iran 2020, 1h42)

 

Les premières images du film font monter l’angoisse, elles montrent une série de crocs de bouchers, filmés en ligne (Slaugterhouse signifie abattoir dans la langue de Shakespeare and co.). À peine a-t-on le temps de se demander si le pire est ainsi annoncé qu’on entre dans le vif du sujet. Le gardien de l’abattoir, affolé, appelle, en pleine nuit son fils, Amir, à l’aide. Grave problème, 3 hommes retrouvés morts de froid dans un entrepôt frigorifique ; le patron de l’entreprise n’est manifestement pas clair sur cette affaire, mais il oblige les deux autres à déplacer les cadavres et à les enterrer à la hâte ; il s’agirait selon lui, de clandestins syriens. L’histoire se concentre  sur Amir, migrant à Calais expulsé de France après avoir fait deux ans de prison pour violence sur les forces de l’ordre (il a cassé un bras à un policier). Il se lie avec le patron, devient son homme de main. Le film se fait alors social, démonte le mécanisme de différentes occupations mafieuses :  trafic d’animaux à sélectionner et à abattre le plus vite possible, trafic clandestin de devises dans une bourse de l’ombre, assez extraordinaire, avec des « traders » aussi tendus que leurs collègues new-yorkais, encore en pleine nuit, dans un entrepôt coupe-gorge, où les hommes sont à deux doigts de l’affrontement physique et où on emmène un vieil homme qui vient de faire une crise cardiaque. Mais la famille de l’un des disparus se manifeste, campe devant la maison de la famille où sont enterrés les morts, Asra la fille est la plus déterminée.

    Le film multiplie avec aisance des scènes fortes :  fuite dans le lacis de ruelles, la nuit, du héros avec Asra, avec les flics invisibles ; mise à mort des bêtes dans les abattoirs, l’attente des animaux encore vivants à côté, le dépeçage industriel. Et la recherche des bêtes (chèvres et moutons sur pied) à acheter, la rencontre avec des mafieux sur des bateaux qui sillonnent la frontière avec l’Irak voisin, les vaches qui se jouent des frontières liquides et traversent le fleuve. On voit l’habileté du réalisateur qui s’attarde tour à tour à faire les portraits de l’industriel véreux (qui est pressuré par les banques), du père d’Amir qui avait mis toutes ses économies dans l’évasion migrante de son fils, de la famille, d’Asra... Et aussi la chaîne de l’argent clandestin comme dans Casino (1995), le film de Scorcese, qui passe ici de mains en mains, féminines et masculines. Bref un film assez réussi.

La loi de Téhéran (de Saeed Roustaee, Iran, 2019, 2h 14’)

Samad fait partie d’une brigade anti-drogue de la police de Téhéran ; première scène, emblématique du genre, une course poursuite qui se termine par une sorte de match nul dramatique et cruel. Puis c’est une rafle, dantesque, dans les milieux des drogués, lesquels ont élu domicile dans d’immenses terrains vagues, où ils se logent dans des tronçons d’énormes tuyaux, salle de shoot et chambre à coucher…Le coup de filet ramène des centaines d’entre eux parqués dans de gigantesques cellules collectives, hommes d’un côté, maigres, haves, parfois pères et fils, d’où émerge soudain une silhouette qui reste habillée malgré les consignes et qui se révèle être une femme, envoyée alors à l’étage des femmes, encadrée par les auxiliaires féminines, toutes de noir vêtues…puis c’est la traque d’un commandant en chef de la vente du crack, finalement coincé mais qui se débat jusqu’au bout avec ses armes : il faut voir cette scène où, planqué  dans les toilettes de l’immense salle de garde, il négocie avec ses contacts…Il sait jouer des conflits de pouvoir entre les policiers pour essayer de tirer son épingle du jeu. Outre cette dimension sociétale, qui donne d’ailleurs à l’œuvre son titre original, « 6, 5 », soit en millions le nombre d’iraniens toxicos (sur une population de 84 millions environ.), on y voit le fonctionnement de la justice avec de longues séquences autour d’un magistrat instructeur tout puissant. C’est encore un plaidoyer contre la peine de mort, avec les dernières heures du trafiquant, la préparation du matériel d’exécution, et l’émouvante rencontre avec sa famille, notamment son neveu, jeune gymnaste accompli et gracieux, comme une projection vers l’avenir… sans parler de la corruption…

Deliver us from devil (de Hong Won-Chan, Corée du Sud, 2020, 1H48)

  In-Nam, ancien des services secrets, devenu tueur à gages, accepte une dernière mission, liquider un chef yakuza japonais dont il se sort très bien. Mais voilà que son ancienne  amie disparaît en Thaïlande où elle était établie, et sa fille est kidnappée. Avant de mourir, elle lance un sos à notre héros qui accepte de partir à la recherche de la petite fille, dont on comprendra qu’elle a été kidnappée par des trafiquants d'organes. Alors notre homme jusque-là une espèce de Jack Palance pour les nuls, hautes pommettes et visage inexpressif, s’anime et s’humanise, toutes proportions gardées. Il ira jusqu’au bout de sa mission, malgré les fortes bagarres, la vengeance poursuivie par le frère de celui qu’il a exécuté, un vrai boucher. On a un aperçu aussi des ateliers clandestins gérés par la mafia thaïlandaise (ici ateliers de confection de ballons). Décevant, même si le réalisateur fut le scénariste (entre autres) de l’excellent The murderer (2011). 

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