Deux Kasso c'est un de trop
Deux mots au téléphone, Besançon et Ehpad et voilà mon avenir qui part en vrille. C'est une obligation pour ma mère. A l'Ehpad elle déraille et les mots qu'elle utilise sont dignes d'une bande d'ados. Elle me prend pour Nagui et pour son médecin. Moi, je ramasse du fric plutôt bien. Pour l'État, je n'existe pas. Qu'est-ce que tu fais alors ? Je fais, Mathieu Kassovitz.
Beaucoup y croient, les portes sont grandes ouvertes. À Besançon, les vieux potes sont encore là. Sur Internet je ressemble à Kasso, dans la vie de tous les jours, idem. Il y en a qui savent qui je suis. Avec Zoé, entre nous, c'est vin blanc, Montaigne et Schopenhauer. Avec mes potes d'avant, on boit du haut de gamme à la morgue de l'hôpital, les conversations portent sur le coup d'état de Dealey Plaza, après Kennedy autour de Marco Lapoutre qui est au froid. Avançons encore. On me propose, à moi Kasso, de faire La Haine 2.
Voilà qu'arrive le grand jour ! Je dois mettre six millions d'euros dans ma poche. Muller doit en donner cinq et moi le reste sauf que !!
Maman est encore là, elle me raconte l'accident du bus. Muller en rajoute, un type en casquette blanche me tend la main, je la lui serre. Zoé en fait plus que moi. Elle a raison, il faut créer une entreprise.
Ressembler à Kasso est une chose, en profiter en est une autre. Le fric en aveugle beaucoup. Il est grand temps de s’appeler Jacky Toudic. Il y a un seul Lapoutre.
Kasso. Jacky Schwartzmann. ED. Seuil Noir, février 2021.