Le drapeau rouge
C'est le jour du ravito, des caisses de mangeailles et de vodka et au bout d'un câble, un petit nouveau, avec un truc en plus, il est muet.
Ici, c'est la glace du fin fond de la Russie. On est quatre à se les geler, Grizzly, Roc, Piotr et le gamin. Grizzly est propre sur lui. Nous deux, nous sommes des militaires, le jeune aussi. Parfois un ours blanc, l'essentiel est le chemin qu'il prend. La météo est à multiplier par dix, le soleil 24 heures sur 24, ou le brouillard de la fin du monde, et les rivières qui se forment parce que la neige fond. Deux solutions, s'adapter ou mourir. La fin du monde, c'est tous les jours. Et si c'était le début du monde ?
Pour les animaux, c'est un catalogue. Roc fait le boucher, il aime ça. Avec Grizzly, ils en viennent aux mains, à cause d'un pater. Dans pas longtemps, la nuit polaire, on en profite les yeux dans le soleil. Demain la grande nuit, la moindre sortie et on marchera sur l'océan. On passe tous de la couleur bleue à la couleur rose. On s'entraide quand même sinon....... Si on a des besoins urgent, l'hélico viendra au printemps.
Ça manque de bonnes femmes ici ! gueule Roc. Il sort dans la glace, le pantalon sur les chevilles. On s'emmerde à Solak, il y a des aurores boréales et on se sent tout petit. Pendant les parties de cartes Roc raconte son Afrique, le gamin n'apprécie pas et frôle la cata. Dans la nuit impossible, j'entends crier, je sors au pied du drapeau, un pater est occupé, le gamin nous raconte.
Ils sont quatre aux confins du monde, leur mission garder le drapeau. Celui qui s'en approcherait, saurait où il est... Les quatre sont dans la grande nuit, celle qui dure six mois. Un scientifique, un alcoolique violent, moi Piotr qui raconte et le gamin descendu du ciel.
Solak. Caroline Hinault. ED. Rouergue Noir, mai 2021. Prix du Polar Michel Lebrun 2021.