Le Panier de Jeanne
Marché du 16 avril 2015
Pas possible ce qu'on entend sur les salons ! Une brave dame m'annonçait, samedi passé : "Ah bon, il y a des Français qui écrivent du polar ? " Cette réflexion en forme de question m'a révolutionnée les sens... et donner l'envie de faire un panier franco-français. Et en plus, il y en a pour tous les âges. Car il faut former le bon goût dès le plus jeune âge !
Derrière les panneaux il y a des hommes
Joseph Incardona
Éd.Finitude, 2015
par Claude Le Nocher
[…] Dans son roman “Autoroute” (1977, Rivages/Noir n°165), Michel Lebrun nous montra déjà quel enfer pouvait devenir ces grands axes routiers. À sa manière, dans un style qui peut rappeler son titre “Trash Circus” (2012, Éd.Parigramme), Joseph Incardona nous invite à revisiter le sujet. Autour de ce qui, dans la fiction comme dans la vraie vie, attire un mélange de sentiments, l'enlèvement d'enfants. Avec sa dose de curiosité : “Pierre se faufile jusqu'au bar. Derrière lui, d'autres gens affluent. Les curieux. Ceux qui passent par là et ont su par la radio que c'est à l'aire des Lilas que se trouve le "spot". Au cœur de l'événement. Le centre du monde. Surfer sur le pli de la vague. L'attrait du morbide. Peut-être quelques bonnes âmes parmi eux. Des sincères, des généreux, des Mère Térésa. Ou alors ni l'un, ni l'autre. Une exception. Un exalté…”
Un polar métaphysique, dans le sens où il interroge sur les comportements humains, sur les réactions en lien ou sans rapport avec un drame ? Sans doute, oui. Si la tonalité du récit apparaît saccadée, c'est en partie pour extérioriser ce que chacun des protagonistes garde en soi-même. Ce qui se transformerait en hurlements, dans certains cas, si nous n'étions pas civilisés. Telle semble être l'ambition de l'auteur, montrer une noirceur intime. Nous connaissons le criminel, mais saurons-nous discerner son état d'esprit ? En suivant Pierre dans ses investigations, ou la gendarme Julie Martinez, plus quelques autres personnages, comprendrons-nous les tourments qui les agitent ? Tout cela dans un décor contradictoire, vivant et artificiel. Loin du simple cas de kidnapping, une intrigue singulière par sa narration, son écriture.
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Dix minutes à perdre
Jean-Christophe Tixier
Ed Syros 2015
par l’Oncle Paul
[…]Prenant exemple sur la morale du Laboureur et ses enfants, Tim et Léa vont essayer de trouver l'énigme sous les lambeaux de tapisserie, non pas en creusant et retournant la terre, mais en arrachant morceaux de papier après morceaux de papier, à la découverte de la moindre inscription, du moindre indice. Ils vont également mener leur enquête chez un particulier, ressentir quelques frayeurs, surtout Tim seul dans cette maison vide, être en proie à l'angoisse qui forge bien des idées propices à donner peur et à paniquer. Et ce plombier-chauffagiste patibulaire (mais presque comme aurait dit Coluche) qui tient des propos propres à donner la frousse.
Malgré tout, l'idée de pouvoir retrouver ces fameux lingots et d'en toucher la moitié, comme il est de mise lorsque l'on découvre un trésor, balaie toutes ces inquiétudes et ce malgré des visites impromptues. Et malgré lui le lecteur ressent cette angoisse à la lecture des péripéties mouvementées de ces deux gamins de treize ans et demi, bravant tous les dangers, par esprit d'aventure et de trésor caché quelque part, comme dans l'Ile au Trésor.
Jean-Christophe Tixier sait faire monter la pression, et même si l'on sait qu'au bout du compte et du conte, cela se terminera bien, logiquement, on ne peut qu'extrapoler les dangers encourus. Mais l'imagination de Tim, ses suppositions, ses analyses et déductions parfois hâtives, ne sont pas uniquement à attribuer à un gamin. Un adulte aussi dans de semblables circonstances pourrait se conduire comme lui, la curiosité étant légitime. A condition de posséder autant de courage.
Un bon petit roman agréable et plaisant à lire, même et surtout pour un adulte qui sort de la lecture de pavés, qui veut se changer les idées, qui veut autre chose que du sang, des larmes, de la sueur et du sexe...
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Grossir le Ciel
Franck Bouysse
La Manufacture de Livres 2015
par Marine
Dans un coin perdu des Cévennes, entre Alès et Mende, dans un lieu-dit appelé Les Doges, vivent Gus et Abel. 20 ans les séparent mais ils se sont liés d’amitié et se tiennent compagnie quand la solitude se fait trop pesante.
Gus est un homme simple, s’occupant passionnément de ses bêtes à la ferme. « Ni malheureux, ni heureux », mais profondément meurtri par un drame familial. Il se trouve inintéressant et vit presque en ermite dans sa ferme avec son fidèle compagnon : Mars, son chien.
Rien ne perturbe son quotidien. Jusqu’au jour où, alors qu’il s’apprêtait à tirer sur des grives, il entend un autre coup de feu provenant de la plantation d’Abel. Pensant que son ami l’avait devancé, il se prépare à tirer de nouveau. Mais …
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Antonia
Gildas Girodeau
Éditions au-delà du raisonnable 2015
Ah, Monsieur Gildas, merci, merci.
Il faut un sacré talent pour ranimer la mémoire du lecteur et redonner vie à des événements pas si anciens, mais déjà étouffés par le flot continu d’une actualité toujours plus profuse.
Mais Gildas Girodeau ne l’entend pas de cette oreille. Vous n’oublierez pas, il vous le rend impossible, la douloureuse situation de bien des jeunes Italiens. Ayant choisi la lutte politique certains ont sombré, sans le vouloir vraiment, dans la lutte armée.
Antonia fait partie de ceux-là. Surnommée « La Pistolera », athée, très engagée politiquement, son réseau étant démantelé par la police, elle est amenée à fuir l’Italie et les années de plomb. C’est une congrégation religieuse qui l’accueille, grâce à l’entremise d’un cousin, amour d’enfance, devenu éminence grise au Vatican, chargé de la diplomatie et engagé auprès de la théologie de la libération en Amérique du Sud .
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