Vendredi 21 janvier : Régis Messac, aux origines des littératures policières ...
On sait que Régis Messac fut un historien fondamental et un grand critique du genre policier, mais aussi un auteur de science-fiction, un militant pacifiste, et un résistant, mort en déportation après avoir été interné au Struthof.
Mais connaissez-vous Le « detective novel » et l’influence de la pensée scientifique ? Les Romans de l’homme-singe ? Les Premières utopies ?
Ce sont trois œuvres de Régis Messac (1893-1945), professeur de lettres, journaliste, militant syndicaliste, pacifiste et libertaire, qui fut aussi, entre 1929 et 1939, le premier historien et critique du genre policier, et de la science-fiction.
Il s’engagea dans la Résistance dès 1941. Arrêté à Coutances en 1943, condamné à un an de prison, il fut « rejugé » par les nazis, puis déporté. Enfermé au Struthof jusqu’en 1944, puis à Gross-Rosen, il mourut dans le camp de Dora ou de Bergen-Belsen début 1945.
Le « detective novel »…, réédité en 2011, fut sa thèse de doctorat. Sur les origines du polar et la définition du genre, elle demeure une somme irremplaçable.
Dans son œuvre multiforme, il y a aussi des romans de SF et des feuilletons policiers. Les éditions de la Grange Batelière ont entrepris de rééditer ces derniers. Le deuxième volume, La Taupe d’or, (1934), préfacé par François Hoff, vient de paraître. A cette occasion, l’éditeur présentera le roman à la Tache Noire le 21 janvier, avec Olivier Messac et Les Évadés de Dartmoor, la société strasbourgeoise d’« études holmésiennes et autres ».
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Journaliste et critique, Olivier Messac crée en 1986 les Éditions ex nihilo et se fait simultanément éditeur. Au début des années 2000, il entame l’inventaire de l’œuvre de son grand-père, l’écrivain Régis Messac, premier exégète de la littérature policière, auteur d’une thèse sur l’origine du roman policier : le « Detective Novel » et l'influence de la pensée scientifique, mort en déportation. En 2005, avec le concours de quelques amis, Olivier Messac fonde une association destinée à relever l’impressionnante œuvre littéraire et journalistique de Régis Messac. Pour en analyser ses travaux dans le domaine du roman policier, il fait appel à des personnalités du monde de la recherche parmi les meilleurs spécialistes du sujet : Gérard Durozoi, Claude Amoz, François Guérif, Jean-Luc Buard, François Hoff… Avec Natacha Vas Deyres il publie en 2010 Régis Messac, l’écrivain journaliste, auteur à qui il consacrera bientôt une importante biographie.
https://www.editionslagrangebateliere.fr/
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Inscription obligatoire (pass sanitaire demandé) : https://my.weezevent.com/table-ronde-i-regis-messac-aux-origines-des-litteratures-policieres
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#6mois ferme l'abonnement polar...
Avis aux amateurs, il est toujours temps de souscrire à la 7e saison de notre formule d'abonnement #polar subtilement dénommée #6moisferme
Vous connaissez le principe : tous les mois, les souscripteurs recevront un polar d'une valeur moyenne de 15e et soigneusement sélectionné par nos soins... Notre objectif étant de vous faire découvrir de nouveaux éditeurs ou de nouveaux auteurs que nous avons aimé, qui sortent un peu des sentiers battus et qui n'ont pas forcément bénéficié de campagnes de promotion médiatiques... L'occasion de s'ouvrir à de nouveaux horizons et de voyager pendant 6 mois au coeur du noir... En janvier, nos abonnés auront le plaisir de retirer à la librairie "La taupe d'or" de Régis Messac (voir plus haut)...
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Bibliothèques Idéales, c'est reparti...
Du 17 au 23 janvier se tiendra la session d'hiver des Bibliothèques Idéales à laquelle nous aurons à nouveau le plaisir de participer. Outre la rencontre dédiée à Régis Messac, la Librairie La Tache Noire sera présente à la Cité de la Musique et de la Danse pour animer la rencontre avec Edwy Plenel autour de son dernier ouvrage : "A gauche de l'impossible"...
Programme complet : https://bibliotheques-ideales.strasbourg.eu/
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Edwy Plenel n’y va pas par quatre chemins et pointe les raisons qui donnent un débat public très dégradé. Les renoncements de la gauche, le poids du présidentialisme, les digues qui ont cédé face aux idéologies mortifères représentées par Zemmour : autant de combats pour le fondateur de Médiapart qui fait de la « vérité des faits » une arme essentielle pour lutter contre « la guerre du tous contre tous ».
Il nous offre, à Strasbourg, un plaidoyer contre les raccourcis qui, faisant miroiter des succès électoraux immédiats, épousent la culture politique dominante, celle-là même qu’une gauche émancipatrice devrait mettre en cause : verticalité du pouvoir, césarisme présidentiel, intolérance au pluralisme, absence de culture démocratique, mépris des mobilisations populaires, rejet des causes communes de l’égalité, incompréhension des nouvelles luttes écologistes, antiracistes et féministes.
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Réservation obligatoire : https://my.weezevent.com/edwy-plenel-quand-on-resiste-on-gagne-toujours?fbclid=IwAR0_vISJUWg320QNpUxj7p6zqe9DJ9sELilA4qokJ8za2C8xWKlBB8kAsNk
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Premiers coups de coeur de l'année...
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Valentine Imhof, Le blues des phalènes, Le Rouergue, 23€
Valentine Imhof aime surprendre et emmener le lecteur vers des horizons que peu ont osé explorer avant elle, et rarement avec autant d’allant. Ses personnages sont profonds, habités et s’emparent du lecteur au détour d’une phrase ou d’une page, sans crier gare, pour s’installer durablement dans nos coeurs et dans nos âmes.
Ouvrir un livre de Valentine Imhof est toujours une aventure. On a beau s’y engager en confiance, rien n’est joué d’avance. Il faut se laisser prendre par les mots, se laisser happer par les ambiances… C’est un risque à prendre, mais le lecteur comprendra vite que les personnages qu’il découvre vont l’accompagner longtemps et continuer à faire la route avec lui.
C’est une marque de fabrique. Un talent rare. C’est ce qui différencie l’auteur de l’écrivain.
Avec Le blues des phalènes, son troisième ouvrage publié aux Editions du Rouergue, Valentine Imhof délaisse les terres du polar (Par les rafales, Zippo) pour s’essayer avec brio au roman noir. Epopée, roman épique, grand roman américain… ? Le lecteur cherchera longtemps dans quelle catégorie déposer Le blues des phalènes. C’est l’effet que font les grands romans, les lectures salutaires, les textes qui marquent, les écrits qui durent...
Récit de vies, brisées, Le blues des phalènes nous emmène à la rencontre de quatre personnages ballottés par les événements, abimés par la vie, malmenés dans leurs tentatives de survie dans l’Amérique de la Grande Dépression.
Nous sommes en 1935, en 1933, ou en 1931 et découvrons au fil des pages les personnages de Milton, d’Arthur, de Pekka et de Nathan. A la naissance, tout les sépare, si ne n’est le désir fou qu’éprouve chacun d’entre eux de s’extraire de sa condition, de choisir librement son avenir, pour être enfin quelqu’un d’autre.
Ce qui les rassemble ? Avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. A Halifax, le 6 décembre 1917. Une explosion gigantesque ébranle la Nouvelle Ecosse et fait trembler l’Amérique. Une tragédie sans précédent qui donne à chacun de nos héros l’illusion de pouvoir repartir à zéro en essayant d’oublier sa vie d’avant…. Mais peut-on réellement échapper à la roue du destin ? Chacun l’apprendra à ses dépends, après avoir cru, pourtant, y parvenir…
Au-delà de ces récits de vie, d’un réalisme poignant, Le blues des phalènes est aussi un de ces grands romans américains au souffle épique. Un roman de l’Amérique d’en bas, celle qu’ont révélé
Jack London, Boxcar Bertha, John Steinbeck, Cormac Mc Carthy, Russel Banks, Howard Zinn ou Benjamin Whitmer… L’Amérique que dépeint Valentine Imhof, c’est celle des petits, des sans grades, celle sur laquelle s’est construite l’Amérique officielle, dans la violence, le bruit et la fureur… Valentine Imhof s’inscrit de plain pied dans cette tradition littéraire et lui rend justice en révélant ici ou là l’envers du décor : ce qui se cache derrière les visages de pierre de Mont Rushmore, le tribut payé à l’édification du Hoover Dam, les victimes du drame de Halifax, les humiliations faites aux freaks dans les zoos humains, les mauvais traitements infligés aux éleveurs navajos ou aux ouvriers agricoles de Salinas… Un condensé d’infamie sur fond de brutalité de classe et de tentation fasciste… Toute une époque...
Le blues des phalènes, c’est la fresque sanglante d’une Amérique magnifique mais terrifiante, l’Amérique vécue par quatre déclassés pourtant pétris d’espérance… C’est aussi un roman splendide qui fait définitivement entrer Valentine Imhof dans la cour des grands.
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Simone Buchholz, Béton rouge, L'Atalante, 19,90€
Dans la continuité de Nuit Bleue, Béton Rouge nous plonge directement dans les atmosphères portuaires de Hambourg, cette ville-mondeen pleine mutation où les cols blancs remplacent chaque jour un peu plus les bleus de chauffe et où les façades de verre remplacent les briques rouges des entrepôts portuaires...
Par un beau matin d’automne, c’est au pied d’une de ces nouvelles tours de verre que les salariés très affairés d’un grand groupe de presse découvrent une scène surréaliste : un homme dénudé, inconscient et visiblement torturé est exhibé sur le parvis, à la vue de tous dans une cage en fer… Les réactions sont étonnantes, certains étant plus enclins à participer à la curée qu’à porter secours à la victime…
Notre procureure préférée, Chastity Riley, en charge de la protection des victimes, est aussitôt mise sur l’affaire avec Ivo Stepanovic, inspecteur des Affaires spéciales, avec lequel elle va désormais être amenée à faire équipe. Le duo étonne, détonne, mais fonctionne admirablement bien dans une relation attraction/répulsion qui fera le bonheur des lecteurs… D’autres victimes encagées apparaissent… L’enquête est lancée et nous conduira cette fois en Bavière et au coeur des intrigues financières d’un bien étrange groupe de presse…
On ne vous en dit pas plus, la suite est à lire sans attendre…
Au-delà de l’intrigue, remarquablement bien ficelée, le lecteur retrouvera dans Béton Rouge tout ce qui fait de le charme des polars de Simone Buchholz : une écriture sans fioritures, des phrases courtes, un rythme saccadé qui colle parfaitement à l’ambiance des nuits interlopes de Sankt Pauli et des bars louches que fréquente Chastity à ses heures perdues…
Comme une impro punk-rock ou une voiture lancée à toute berzingue sur l’autoroute, la musique à fond...
On y retrouvera aussi toute la galerie de personnages attachants avec lesquels nous avions fait connaissance précédemment, mais l’ambiance a changé, un poil plus mélancolique. Même si la vie continue au Blaue Nacht, elle est devenue routinière et semble avoir perdu un peu de sa superbe. No future…
Dans ce contexte, l’arrivée d’Ivo Stepanovic change la donne et apporte beaucoup à la série. Le personnage est professionnel, efficace et troublant : « Cheveux grisonnants drus et courts, nez cassé plutôt deux fois qu’une, barbe foncée de trois jours, bien taillée mais très abondante, sourcils impressionnants, couleur des yeux indéfinissables, je dirais boue. (…) Sa poignée de main n’est pas loin d’être un étau. Un mec presque beau et on ne peut plus opaque ». Comme Chastity Riley, Ivo Stepanovic dissimule ses failles et ses blessures derrière un caractère bien trempé mais surtout destiné à le protéger… Une belle découverte qu’on ne demande, comme Chas, qu’à approfondir… mais avec prudence et circonspection...
On suivra donc le duo avec beaucoup de plaisir dans cette première enquête qui le conduira des rives de la Mer du Nord aux collines bavaroises, des arcanes d’un groupe de presse aux portes closes d’un internat rural… Avec Béton Rouge, Simone Buchholz dresse une nouvelle fois un portrait sans concession et réaliste d’une société allemande fracturée et en pleine mutation. E
Elle est de cette nouvelle génération d’auteurs qui redonne ses couleurs au polar d’Outre-Rhin et s’impose définitivement comme la reine du #krimi contemporain. Une autrice à suivre de très, très près !!!
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