Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par blog813

Les élections 2027 ? Z*** bien sûr !

Ça commence comme ça : 

« Je suis un bâtard en retraite. J’étais commercial, dans l’industrie. Un grand groupe. Mon job consistait à vendre très vite et très cher, afin d’augmenter nos marges et de gonfler notre trésorerie. Et c’est tout. » 

      Le narrateur s'appelle Jean-Marc, c'est un vieux garçon sans enfants. 

      Il vient juste de prendre sa retraite ; un Boomer plutôt vieille France.  « Je suis ce qu’on appelait autrefois un socialiste, et je qualifierais aujourd’hui d’orphelin politique. Pour être tout à fait précis, je suis d’obédience valsiste, ou cazeneuviste, ce que les politologues nomment centriste, je crois. Très à gauche sur les questions sociétales et économiques, ferme sur le régalien.» 

« Depuis quelque temps, j'ai rejoint un groupe de reclus d'une autre espèce : les retraités. La retraite est une sorte de cabane. Vous êtes toujours dans la société, on peut même considérer qu'elle vous protège, mais vous ne jouez plus. Vous regardez passer des mioches toniques et ambitieux ainsi que les loups qui leur courent après : des banquiers, des assureurs, des chefs de service. C'est la course pour ce crédit, cette maison, ce superbe monospace. Nous ? Il nous reste deux investissements conséquents à accomplir, de notre vivant, ce sera le placement en EHPAD et, un peu plus tard, la douloureuse des pompes funèbres. Le reste, tout est déjà payé. »

      Son seul, son vrai ami, un frère, s'appelle Bernard. Retraité lui aussi. Pour s'occuper, il s'est lancé dans le militantisme et a rejoint le rang des soutiens à Zemmour pour la campagne présidentielle de 2027. Jean-Marc pressent le pire : depuis l'école maternelle où ils se sont connus, il n'a cessé de soutenir son ami ; de lui sauver la mise. Zemmour ! Rien de pire ne pouvait lui arriver.

      Jean-Marc le convainc de venir assister à une "maraude", entendez par là une distribution de biens et de vivre auprès des défavorisés de Lyon (où se passe l'action). Effectivement, à bord d'une camionnette, conduite par un dénommé Kevin, qui n'a pas inventé la poudre, ils sillonnent les quartiers pour leur œuvre de bienfaisance, sauf qu'à un moment donné, ils tombent sur un groupe d'hommes blancs : « ... ces hommes portent de longues barbes. Banco. Alors que Kevin effectue la distribution, un des gars ouvre le tote bag, en exhume un sandwich beurre-rosette et, dégoûté, le laisse tomber dans le sac. S'ensuit une logorrhée russe, saupoudrée de quelques mots d'anglais, qui font comprendre à Kevin une chose démente, quasiment un impensé, de son point de vue : ces Blancs sont musulmans. Il est aussi sidéré que si Kylian Mbappé lui avouait être trapéziste. »

    La maraude s'achève au Bastion : 

« Kevin et les potes de son mouvement, [ont] appelé pompeusement Le Bastion, ont récupéré ce bâtiment laissé à l'abandon, ont réparé tout ce qui était vétuste, ont remis l'électricité et le squattent. Enfin, pas eux personnellement, mais tous les sans-abris de la ville. En réalité, pas tous, vous avez compris. Il est préférable de ne pas se pointer ici si on est afghan, tunisien ou, de manière générale, noir. Je lance le sujet :
         — Du coup, Kevin, vous faites du tri sélectif, c'est ça ?
         — Quoi ?
         — Vous aidez que les Blancs.
         — Y a des associations gauchistes, pour les autres. Personne n'aide les Français en France. Sauf nous.
»

    C'est le début d'une longue aventure. Bernard emmènera ensuite Jean-Marc, auprès de maires, à la pêche aux signatures pour Zemmour... 

    Bref, Jean-Marc infiltre le groupe ultra-nationaliste. Il est embauché par un gendarme qui lui demande d'espionner les gars du Bastion... Il va jouer double jeu sans y être préparé... Rien n'est simple, tout se complique. 

 

    Soyons franc, j'ai abandonné ce roman peu après avoir lu les trente premières pages... 

    Mais je laisse toujours une deuxième chance au livre. Je trouvais ça plutôt ennuyeux, ça pérorait... mais c'était sans compter sur le talent de Jacky Schwartzmann. J'ai repris le roman et bien m'en a pris car s'est déployée toute l'imagination de l'auteur. Après l'épisode de la quête infructueuse de signatures, ça démarre pour de bon. Jean-Marc, espion double-face, se trouve plongé dans les magouilles fachos pour lesquelles il ne ménage ni ses efforts ni son intelligence : vol de kalachnikovs, autre vol pour financer la campagne... 

 

    Après, la Petite fasciste, de Jérôme Leroy, nous pénétrons au cœur des mouvances d'extrême droite.

    Un roman fort et drôle (ce qui ne déçoit jamais). Un excès qui donne aussi à réfléchir.

Un vrai plaisir de lecture.

Boris le facteur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article