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Publié par blog813

Danü Danquigny, Les Aigles endormis, Gallimard (Série Noire), janvier 2020, 216 pages, 18 euros.
 
Août 2017. Après vingt ans d’exil en France, Arben, dit Beni, revient en Albanie avec un seul objectif : régler ses comptes.

Une histoire de vengeance, classique pour un polar, mais pas seulement. Il s’agit d’un véritable roman noir dont la trame se déroule dans un pays passé de la terreur d’État au règne des mafias et des clans : « Nous passions de manière anarchique d’une époque à laquelle tout appartenait à l’État à une autre où rien n’appartenait à personne » (p.58). Dès lors, il n’y a plus de règles. « Ni la loi, ni la morale, ni la tradition » (p.136) n’empêcheront le pays de sombrer dans le chaos et le crime organisé de se livrer à ses exercices favoris : corruption, trafics en tous genres — drogue, armes, traite des femmes et des migrants —, malversations, trucages et montages financiers, spéculation immobilière…


Bien écrit et bien construit, avec une alternance de séquences passé-présent, ce récit est une plongée dans l’histoire de l’Albanie de ces cinquante dernières années. Il relate ainsi le parcours de quatre hommes qui illustrent, par leurs trajectoires et leurs choix respectifs, la destinée du pays : Beni, fils de professeurs, ouvrier et idéaliste ; Nestim, qui épouse la cause du régime en devenant militaire ; Loni et Alban, deux crapules qui ne demandent qu’à gravir les échelons de la voyoucratie.


Peu de polars situent le cœur de leur récit dans ce petit pays des Balkans. La Série noire s’était déjà aventurée sur ces terres avec la publication, en 2000, du roman de Virion Graçi « Au paradis des fous » (traduit de l’albanais par Christiane Montécot). Lorsqu’elle « s’est ouverte », l’Albanie n’était qu’« une chiure de mouche dans un recoin perdu à la frontière de deux mondes » (p. 52). Danü Danquigny nous raconte avec force une désillusion, celle du Pays des Aigles endormis, « doté d’une grande histoire, mais qui a obstinément oublié de l’écrire » (p. 80)


Ce premier roman prometteur est une belle réussite. Je l’ai lu avec grand plaisir et je vous invite à le découvrir !

Pierre


 

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