Publié par blog813
ACTES SUD | Disparition de Paul Auster
Communiqué de presse |
C’est avec une immense et profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de Paul Auster, survenu ce mardi 30 avril, des suites d'un cancer.
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Paul Auster n’est pas, dans le catalogue d’Actes Sud, un auteur parmi d’autres. Sa rencontre avec nos éditions – à l’époque presque aussi inconnues qu’il l’était lui-même dans son propre pays – date d’un voyage d’Hubert Nyssen à New York, au milieu des années quatre-vingts.
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Bertrand Py |
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Paul Auster |
Né en 1947 à Newark dans le New Jersey, Paul Auster étudie de 1965 à 1970 les littératures française, anglaise et italienne à Columbia University, où il obtient un Master of Arts. Il publie à cette époque des articles consacrés essentiellement au cinéma dans le Columbia Review Magazine, et commence l’écriture de poèmes et de scénarios pour films muets qui deviendront ultérieurement Le Livre des illusions.
Paul Auster a été élu membre de l’American Academy of Arts and Letters et nommé Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres.
Il a vécu la majeure partie de sa vie à Brooklyn avec sa femme, la romancière et essayiste Siri Hustvedt.
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“Pour faire ce que tu fais, il te faut marcher. Marcher, c’est ce qui attire les mots à toi, ce qui te permet d’entendre les rythmes des mots à mesure que tu les écris dans ta tête. Un pied en avant, puis l’autre, le double battement de tambour de ton cœur. Deux yeux, deux oreilles, deux bras, deux jambes, deux pieds. Ceci, puis cela. Cela, puis ceci. Écrire commence dans le corps, c’est la musique du corps, et même si les mots ont un sens, s’ils peuvent parfois en avoir un, c’est dans la musique des mots que commence ce sens. Tu t’assieds à ton bureau pour noter les mots, mais dans ta tête tu es encore en train de marcher, toujours en train de marcher, et ce que tu entends, c’est le rythme de ton cœur, le battement de ton cœur. Mandelstam : « Je me demande combien de paires de sandales Dante a usées en travaillant sur la Commedia. » L’écriture comme forme inférieure de danse.” Paul Auster Chronique d'hiver (trad. Pierre Furlan)
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“Paul Auster est décidément un génie.”
“Paul Auster est notre Shéhérazade. L’un des conteurs les plus imaginatifs à nous garder éveillés tard dans la nuit, à l’orée de nos propres songes, que ses récits alimentent.”
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Lettre à Paul Auster
Et ce dont j’aime à me souvenir, Paul, ce sont, notamment, ces heures, transatlantiques, passées au téléphone avec toi, sous la sévère férule du décalage horaire, nos oreilles, sur le combiné, échauffées par le “combat”, à peser au trébuchet tel ou tel point de traduction, afin de tenter de fomenter une solution qui non seulement nous satisfasse tous deux mais qui paie son tribut au génie des deux langues — et ce, ligne à ligne, quasi mot après mot. Mais il y eut également des séances plus “frontales”, “en présentiel” (comme nous avons appris à dire depuis le / les confinement/s) qui se tinrent, souvent, dans le patio (fumeur) de l’hôtel d’Aubusson (33, rue Dauphine, 75006 Paris) où tu aimais, ces dernières années, à prendre tes quartiers quand, pour notre chance aussi bien que pour notre plaisir, tu venais à Paris afin d’apporter ton concours à la promotion de l’un ou l’autre de tes livres, et j’ai toujours eu le sentiment (sauf à divaguer complètement ?) que tu étais très attaché à ces modestes séances, à ces “coulisses”, à cette expérimentation organique et minutieuse du passage d’une langue à une autre. Ce dont, je crois, je me rendis mieux compte alors, c’est que le romancier puissant, accompli, célébré urbi & orbi, que tu étais, avait, aux origines, été un amateur passionné de cette langue première et ultime qu’est la poésie (en v.o. et en v.f.) et que tu l’étais resté : n’avais-tu pas commencé par traduire, du français vers l’anglais, des poètes français et non des moindres… ? Pire encore (pour moi, dans la position que j’occupais), n’étais-tu pas, de surcroît, de ce genre d’écrivain redoutable : parfaitement bilingue, attentif aux moindres inflexions d’une “simple” ponctuation ?
Marie-Catherine Vacher Éditrice de Paul Auster
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Bibliographie
- Vol. 1 : Cité de verre, 1987 ; Moon Palace, 1990 ; Babel no 68. Je pensais que mon père était Dieu, 2001 ; Babel no 556. Baumgartner, 2024.
Dans la collection “Thesaurus” : Œuvres romanesques, t. I, 1996. Œuvres romanesques et autres textes, t. II, 1999. Œuvres romanesques, t. III, 2011. |
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