AnarHebdo à la présidence !
Reçu plusieurs messages et un service de presse des éditions La Mouette de Minerve, localisée à Brunoy dans le 91. Ils m'avaient envoyé un premier ouvrage que je n'avais pas apprécié, ce que je leur avais dit. Reçu, en retour, ce message plutôt drôle :
« Re: [Mouette De Minerve] Nous contacter - Nouvel envoi // Cher monsieur, Il y a méprise, nous ne sommes pas une maison d’édition mais une coopérative agricole, spécialisée dans la production de navets. Vous avez pu en goûter un ; désolés qu’il ne vous ait pas plu. Peut-être votre huile de cuisson n’était-elle pas assez chaude ? Je ne peux en tout cas expliquer comment il est arrivé sur votre table — une erreur d’aiguillage, certainement. Soyez assurés que cela ne se reproduira plus. Avec les remerciements de la Mouette, Mauricette »
Suite à ce deuxième message, et une réponse plus apaisée de ma part, j'en reçus un nouveau m'annonçant un envoi à venir :
« Re: [Mouette De Minerve] Nous contacter - Nouvel envoi // Monsieur, Nous croyons en tous nos romans, sinon nous ne les publierions pas... Pour répondre à votre question, vous avez, je crois, recensé Le *** de untel***, édité chez nous (il republiera chez nous un policier politique, et politiquement incorrect fin mai – sous pseudonyme, car il tient à sa tête) ; nous avons vraisemblablement dû en profiter pour y joindre notre navet. Très bonne soirée à vous, Mauricette »
Pour ne pas dévoiler le pseudonyme de l'auteur, j'ai ici recours aux ***.
Bref, je réceptionnais donc, en mai, un nouvel ouvrage envoyé par Mauricette (?). Je plaçais l'ouvrage dans ma pile à lire. Un peu plus tard, sur le Facebook d'un auteur de mes "amis" je trouvais une accroche qui m'incita à lire plus rapidement 2027 sanglantes élections de Joe Daxa, auteur ayant soi-disant publié au Fleuve Noir. Voilà pour l'historique.
Venons-en au livre. Décidément, les élections de 2027 sont très propices à tous les fantasmes. Après La Petite fasciste de Jérôme Leroy et Bastion de Jacky Schwartzmann, c'est au tour de Joe Daxa (?) de s'y coller avec une proposition tout à fait originale et peu réaliste. C'est, Rof, le rédacteur en chef d'Anar Hebdo, suivant les pas de Coluche (candidat en 1981), qu'on pousse dans l'arène politique. Bien sûr, Rof (avatar de Riss) est plus habile au dessin et aux éditoriaux de son canard qu'en discours de politique politicienne. Ajoutez à tout cela des gros bras de tous bords, les uns chargés de la sécurité des journalistes (comme c'est déjà le cas) d'autres ayant la furieuse envie de les dégommer. Ce roman parle de la réalité des membres de Charlie Hebdo (encore protégés par des professionnels de la sécurité ) que l'on reconnait au passage, sous pseudonymes, aussi bien que des grands anciens de Hara Kiri et du trauma de 2015.
Ça pétarade, un attentat est déjoué ; ça décanille, beaucoup de morts ; ça explose ; c'est écrit parfois au marteau-piqueur, mais c'est jubilatoire. Et le final comporte un twist absolument inattendu...
Un roman roboratif, ce qui ne fait pas de mal dans la période noire et sombre que nous traversons.
Un dialogue montrant que sous la grossièreté (un peu choquante ici peut-être, mais tout le roman n'est pas à l'avenant) peuvent de temps en temps se cacher des idées tout à fait défendables. Bonne lecture.
« — On pourrait créer une Madame Africanopéenne ? dis-je.
— Attention à ce petit jeu, Tristan ! me lance Meriem. Si tu veux distribuer des récompenses, il faut commencer plus bas : des investitures à la députation, des postes d'adjoint au maire... Au gouvernement, il faut des pointures ! Les Africanopéens, ils ont fait deux ou trois années d'études aux USA, souvent sans valider aucun diplôme américain. Je les aime bien, je les comprends, mais faut pas déconner ! Pour faire chier Onfray ou Zemmour, ils ou elles sont au top ! Ce sont des destructeurs efficaces, mais pas des constructeurs. Une fois qu'ils ou elles auront interdit Hergé, l'Anarhebdo et La Case de l'oncle Tom, après avoir déboulonné les statues de Colbert et de Napoléon, ils ou elles ne sauront plus quoi faire...
— Meriem, ton discours est très racisant et insultant pour nos amis convergents avec lesquels nous partageons nos luttes intersectionnelles ! explose Corinne.
— Corinne, je t'emmerde ! Moi, dans mes veines, coule du sang arabe, berbère, italien et séfarade, je n'ai aucune leçon à recevoir d'une petite pisseuse de blanche qui a fait de la politique parce qu'elle ne savait pas quoi faire de sa peau et qu'elle a été élevée dans un milieu d'artistes bobos de gauche. Tous vos éléments de langage, les « ils et elles » de Tristan, le terme de « racisés », la convergence des luttes, c'est moi qui ai inventé tous ces concepts alors que tu ne savais pas encore qu'on pouvait sucer un clito aussi bien qu'une bite ! » p. 86.
Boris, le Facteur 813