Ulster 1985. Jours. Nuits. Pluie. Bombe. Bombes. Émeutes.... Humour.
Savannah Genvrin des éditions Fayard, m'avait contacté. Fayard Noir, l'éditeur qui avait découvert Jean-François Vilar ! J'ai accepté un service de presse. Ce roman-là, m'a plutôt déplu (trop violent, à la limite du supportable). L'ami Pierre Faverolle m'a recommandé de ne pas jeter le bébé... Il m'a conseillé, parmi les dernières parutions Fayard Noir, une pépite : Adrian McKinty, Des promesses et des balles, traduction Pierre Reignier. Quatrième volet d'une série. Faisant totalement confiance à Pierre, j'ai donc demandé un SP que j'ai reçu très rapidement.
Fin de l'historique, venons-en au fait. Un véritable coup de ♥. Je me suis délecté!
À quelques kilomètres au nord de Belfast, Carrickfergus, vingt et un mille habitants, un poste de police, la RUC*[1], Sean Duffy, catholique, inspecteur principal travaillant avec le sergent McCrabban (Crabbie). On vient de leur adjoindre deux stagiaires. Lawson (un homme) et Fletcher (une femme), frais émoulus de l’école de police.
Le contexte : 1985, Thatcher, la Dame de fer, règne avec autorité. Grande époque de l’IRA. Situation très tendue : émeutes, bombes, attentats. Armes. Affrontements. En plus de la résolution des meurtres et autres homicides, la RUC donne la main pour le maintien de l’ordre.
L’action : McCrabban appelle Duffy pour lui demander de se rendre sur les lieux d’un double homicide, un couple d’un certain âge, les Kelly, chacun une balle dans le crâne, propre et net. On soupçonne le fils Mickaël que l’on commence à rechercher activement. Mais peu après, on découvre sa voiture au bord d’une falaise en bas de laquelle... Kelly junior. Un mot très court dans sa voiture. Parti faire des études à Oxford, il ne cessait de se heurter à son père, psychorigide. Il se serait suicidé après avoir eu une altercation avec son père. Mais le doute... les coups de feu trop nets sur les parents (du travail de pro, aucun geste défensif, exécutés en quelques secondes) puis, Anastasia, une jeune fille trouvée suicidée en bas d’une falaise avant de livrer des informations.
C’est une enquête au long cours que vont mener Duffy, Crabbie et Lawson (l’impétrante Fletcher renonce assez vite au métier). Ils passeront en bateau vers l’Écosse, Oxford, même Londres. Ils essaieront de faire parler des étudiants d’un club huppé, jusqu’au consulat américain, un agent dormant, un délégué syndical pugnace... Des femmes aussi Sarah, journaliste au Belfast Telegraph, rubrique pages féminines mais qui rêve du scoop. Kate, du MI5 qui voudrait l’embaucher.
Bref, une intrigue complexe sur fond de guerre civile. Mais surtout, Sean, le narrateur, emporte l’adhésion. Il m’a fallu attendre le chapitre 5 Un truc censément sympa auquel on ne me reprendra pas pour comprendre l’esprit du livre et du personnage. Dans ce chapitre, Duffy se rend à la maison paroissiale qui a organisé une sorte de speed dating. Beaucoup de femmes, peu d’hommes. Beaucoup d’entre elles l’approchent mais chaque fois qu’il leur dit qu’il est policier, elles tournent les talons. C’est là qu’il rencontrera Sarah Prentice, la journaliste. Extrait de leur premier dialogue :
Duffy : Il faut dire que le centre-ville de Carrick n’est pas l’endroit idéal pour de vrais potins de qualité. Non ?
Sarah : En effet. Quoique... Vous voyez le type à droite avec une moumoute qui ressemble à du porridge ?
— Eh ben ?
— Sa femme l’a quitté pour une femme. On ne voit pas beaucoup ça par chez nous.
— C’est vrai.
— Et vous voyez le vieux bonhomme moustachu là-bas ? Deux divorces, mais il est encore plein aux as. [..]
Je souris. Le type qu’elle désigne est un sosie du lugubre général Sternwood dans Le Grand Sommeil.
— Mais dites-moi, Sean... Pourquoi aucune femme ne voudrait-elle sortir avec un policier ?
— Ben... C’est un peu à cause des risques mortels du métier et tout ça. Difficile à accepter pour la plupart des gens
— Je ne vois pas pourquoi. N’y a-t-il pas un bon gros dédommagement si vous êtes tué ? Et une jolie pension de veuvage par-dessus le marché ? Et puis tout le monde en noir aux obsèques. Moi, le noir me va tellement bien ! Il met mes yeux en valeur.
Toute la suite du paragraphe a cette tonalité. Un bip va le prévenir qu’on a découvert le cadavre d’une jeune fille « suicidée » en bas d’une falaise et Sarah va l’accompagner. Scoop en vue ?
Que dire de Sean ? il regarde sous sa sa BMW s’il y a une bombe à chaque fois qu’il la prend et quand on lui crève ses pneus arrière : déconner avec la voiture d’un homme, ça, c’est pas pareil. Il a une collection de disques de Jazz époustouflante. Il sniffe parfois un peu de coke. Il aime le bon whisky : Deux bouteilles de whisky d’Islay 18 ans d’âge, apaisent la bête comme un whisky d’Islay 18 ans d’âge a l’habitude de le faire. Il est seul catholique au CUR au milieu de protestants mais se fait respecter. Quand des jeunots tracent des lettres insultantes sur sa porte, il va voir son voisin et elles seront masquées. Il n’a peur de rien.
Bref, humour plutôt noir et comme le dit le pitch du 4e de couverture « une nouvelle aventure du flic catholique le plus apprécié d’Irlande du Nord. »
La lecture de ce livre devrait être remboursée par la sécurité sociale. Je crois bien que je vais me procurer les trois premiers épisodes (publiés par Stock Cosmopolite puis publiés au livre de poche. Acte Sud a publié le 3e puis réédité en Babel sud).
[1] (Royal Ulster Constabulary) police protestante agissant pour le compte du Royaune Uni.